For the first time in Birmingham, por favor: Nefastos Superfardos de Marruecos
Jo Allan
En allant vers le nord on se dirige parfois plein sud.
Fragment #1 Dans le trailer [http://vimeo.com/91314949] ça dit une expo explosée. Enfin pas vraiment, ça dit exploded documentary, non-linéraire et puis rock aussi. L'important c'est que les fragments jetés restent dans la tête.
Dans la salle à Birmingham, 12 juillet 2014 et dehors la pluie prête à tomber, c'est joliment explosé. Comme un vieux hangar dans Fazeley Street. Pas un événement organisé par une maison de disque et sponsorisé par Carlsberg. Ça me plaît comme ambiance. Et puis c'est pas tous les jours qu'on peut bouger en rythme sud-américain dans les rues d'Angleterre. Un mois que j'étais revenue d'un voyage au Chili et en Argentine, où on s'était arrêtés avec Q., C. et E., à laisser le tango improvisé nous retenir des heures sur un trottoir. Il y avait eu aussi début juillet la soirée Tropicalism à Coventry, avec La Kulebra, Amapola et Hoopdriver. Déjà ça avait sauté pas mal, duré plus longtemps que prévu et tant mieux. Où est-ce que t'as vu qu'on danse correctement avec une montre ?
Fragment #2 Non ce n'est pas un concert modèle déposé. C'est une recherche, un projet en mouvement. Il y a des écrans de partout qui montrent des bouts de documentaire, des photos et des articles sur une table, un concert qui va venir mais on vient pas pour voir du rock, même pas pour en écouter seulement. Mais pour circuler entre des sons, des images, une carte du monde et c'est nous qui le créons, notre concert, hier-maintenant-tout-à-l'heure, comme on veut.
D'habitude l'ambiance typique rock au pays des Sex Pistols, ça se pense en quelle langue ? Non mais honnêtement, je veux dire. Je suis à Birmingham et je reçois une invitation Lost Rock Bands of South America. Lost ? Bah bien trouvé.
Fragment #3 Il n'y a pas d'un côté des stars et de l'autre des spectateurs. Les musiciens sont dans la salle en train de se balader au milieu de l'expo. On les voit se marrer en voyant leur tête sur les écrans.
Tout ça c'était parti du projet de deux copains, je vous dis tout, je les connais, pas de secret là-dedans : Santiago Oyarzabal et Michael Lightborne ; deux membres d'Amapola, groupe cité plus haut. Santiago était fan d'un groupe argentin qui s'appelait Nefastos Superfardos de Marruecos. En 1993 le groupe s'était séparé. Depuis, silence radio. Silence tous supports, d'ailleurs. Mais le rock ce n'est pas qu'un groupe, c'est un public, un public resté comme souvent en suspens. Alors Santiago et Michael sont allés retrouver les membres du groupe, les interviewer. Je ne sais pas s'ils sont revenus avec des réponses. Mais les questions, elles sont toutes là : un guitariste souvent raide, personne ou presque qui se rappelle si oui ou non ils répétaient avant les concerts, les complicités et les influences, les rivalités aussi – « on voulait pas tous la même chose ». Littéralement, ici, le public forme le groupe. Le reforme.
Je n'ai évidemment pas la moindre idée de ce qu'ils vont jouer. C'est la première fois que je les entends, leur voix sur écran, leur rire depuis la chaise à côté. Et à un moment, là pile en face de moi.
Fragment #4 Le groupe n'a pas joué ensemble depuis 20 ans. Ses membres habitent aux quatre coins du globe. Enfin au moins deux : Amérique latine et Europe. C'est la première fois que trois d'entre eux se retrouvent pour jouer. Il y a Alejo Rodríguez, venu de Vaison-La-Romaine, Pancho Recci de Therwill, et Quique Nacif de Vienne. France-Suisse-Autriche, trio argentin en UK. Mouvements.
Rien à voir avec un Zénith. On est à tout casser vingt-cinq là-dedans. Du coup ils s'amusent et moi j'apprécie l'intimisme. C'est un ancien groupe de potes qui se retrouvent, mais on dérange pas. Comme dans le garage de ton cousin quand il te joue sa dernière compo, pack de bière à portée de main. Contre-culture qui n'a pas besoin de l'approbation du dehors, même si c'est dehors que la partie se joue.
Combien de temps ça a duré ? Les gars rigolent, ils disent « vous inquiétez pas, même si on joue tout le répertoire ça durera pas plus d'une demi-heure ! » Mais en fait ça dure encore dedans, parce qu'en une soirée c'est la vie la mort d'un groupe en accéléré, une renaissance sur scène mais de scène il n'y a pas, alors la mort encore ? – Non. Le mouvement.
Fragment #5 Dernier morceau. Un clin d'œil. Reprennent I will survive version ukulélé. Et l'humour comme toujours survit au fragment.
j'aime bcp ce terme de fragment, les sens que"on peut y trouver voir imaginer...
· Il y a environ 10 ans ·je kiffe aussi bcp le mélange linguistique, un style que j'emprunte parfois et qui a toute da place ici...
merci pr cet interlude britanico-hispanique ;-)
wic
Ravie que cet interlude vous ait plu, et merci beaucoup pour ce commentaire! Fragments et mélanges: de vraies passions en effet :-)
· Il y a environ 10 ans ·Jo Allan