Praslea - Katapult Summer Boat

jacques-sullivan

Report de la soirée Katapult du vendredi 27 juin 2014

Dans la nuit du vendredi au samedi, je m'étais échoué sur la pelouse du port de l'Arsenal, à déclamer ma dernière nouvelle à des amis, nu sous mon trench, après une soirée passée à boire de la bière dans un bar de Belleville puis à danser à l'OPA sur de la musique alternant entre ignominie et sympathie, tout en sirotant un black russian, mon expresso nocturne. Je reçois alors un texto d'une jeune femme me sommant de la rejoindre à la péniche Katapult, amarrée près de Jussieu. Il était 5h du matin. Intrigué par l'invitation, je la rejoins.

 

Arrivé sur le pont de Sully j'ai une chance sur deux pour trouver la bonne direction : la gauche ou la droite. Mon cœur porte à gauche, je décide pourtant de virer à droite. Je me rends vite compte de mon erreur. Les soirées à droite ne sont pas bien brillantes, la gauche est plus subversive, comme toujours. Je reviens donc sur mes pas, prend cette fois-ci par la gauche de l'Institut du monde Arabe, me retrouve en compagnie de gens étranges, buveurs de bières fortes en canette de 50cl, amis des chiens et autres animaux à poil ras. Un boum boum répétitif assez proche m'indique que je suis sur la bonne voie. A 5h30 bien tassées, je finis par présenter ma sobriété de façade à l'agent de sécu et au physio se tenant sur la passerelle, barrant l'accès à la péniche. Après une introduction rapide, j'en viens aux faits :

-        Ça se termine à quelle heure ? 

-        Sept heures.

-        Cool. C'est combien l'entrée ?

-        Les caisses sont fermées… 

Ils me scrutent. Ayant remis mes habits sous mon trench, je suis plutôt présentable. Haleine fraîche, merci les amis des marins.

-        Bon, vous pouvez rentrer, bonne soirée.

-        Merci, vous aussi ! 

Toujours être sympathique avec la sécurité, c'est une histoire de bon sens et de savoir vivre, mais aussi un peu de karma.

 

Cette entrée me rappelle le Rex il y a quelques années, quand on se mettait à l'envers, ou à l'endroit d'ailleurs, qui pourrait dire, et qu'on prenait un taxi à 4h du matin pour y arriver à la demie. Les portes s'ouvraient alors sans la moindre question ni passage par la caisse. Les pupilles non scrutées, ils savaient.

Ici aussi ils savent. La sécu est là pour notre sécurité, rien d'autre. La règle de la liberté est ici respectée, « fais ce qui te plaît, tant que tu n'ennuies pas autrui ».

 

Je pénètre donc la péniche. De suite, une jeune fille très jolie mais les yeux perdus me tombent dessus. Si j'étais son ami, je prendrais soin d'elle… Mais je cherche quelqu'un. Je me dirige vers le bar, mon rendez-vous est là, commande deux bières. On est sensé s'expliquer, mais elle me demande de l'embrasser de suite, les paroles sont remises à plus tard. Nous allons sur le pont découvert. C'est très agréable, il fait beau, chaud, et la population n'est pas celle d'une fête post-bac. J'entends la musique qui monte depuis les escaliers menant à la soute, elle a l'air bonne. Je reconnais plein de visages, le tout Paris techno est là. On discute… Mais j'en ai assez, « allons danser ». Sur le chemin, je lui dis que je la retrouve en bas, j'ai quelques bonjours à passer. En vérité, j'en profite pour aller voir une autre jeune fille qui n'a jamais répondu à un texto envoyé il y a deux semaines.

-        Je peux avoir un peu de ta bière ? 

-        J'attends toujours ta réponse à mon texto… 

A ça, elle ne répond rien. Je descend ma bière d'une traite et conclus en annonçant qu'elle en aura seulement après m'avoir répondu, pas avant.

 

Sur ce, je pars danser. Je retrouve ma belle tant bien que mal sur le dancefloor, autour de nous les yeux sont embués de substance, de fatigue et d'alcool, mais les corps sont en mode automatique et continuent à danser, à remuer dira-t-on. L'office est orchestré par Praslea. Un Roumain, ambiance minimal house. Ils sont très à la mode à Paris depuis quelques années. Personne n'en veut dans les métros, mais on les requière derrière les DJ Booth. Je n'aime pas l'exercice de description musicale, trop subjectif. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il m'a fait suer tout l'alcool dont j'étais imbibé. Et puis, dans ce genre de soirée, ce qui compte, à partir du moment où la musique est passable, c'est l'ambiance. Et pour le coup, c'est comme dans le cochon, tout est bon dans le Summer Boat de Katapult. Partis à la fermeture, direction chez Mademoiselle, on ne s'est pas couché de suite…

 

Alors, quand il vous faut célébrer votre bien être dans la danse ou bien exorciser votre mal être dans la musique, n'hésitez pas. Je crois que la péniche sera là tous les vendredi de cet été.

 

 

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