Forêt

-cassiopee-

Elle passait ses doigts dans l'épaisseur de sa chevelure endormie, lentement, amoureusement, prononçant du bout de ses doigts les mots qui lui brûlaient la gorge depuis si longtemps. Frappés par le soleil de mars, ses cheveux étaient chauds sur le dessus, mais en pénétrant dans la chevelure comme dans une forêt profonde, on y trouvait une fraîcheur inattendue, bienveillante, qui apaisait les brûlures de la semaine.

Il y avait beaucoup de douceur dans ces gestes répétitifs et qui semblaient toujours nouveaux, toujours vierges. Une redécouverte de cette tête que ces doigts avaient déjà parcourue mille fois et qui n'étaient jamais lassés du chemin. Et lorsqu'il fallait s'arrêter au col de la chemise, ne pas glisser le long de ce dos chaud, ne pas caresser cette peau qu'elle désirait, un frisson, une tension parcouraient toute sa main, son bras, son corps, et les doigts remontaient, dociles, frustrés, le long du crâne avant de replonger encore et encore.

Combien d'heures avait-elle pu passer ainsi, à regarder ses yeux clos et sa bouche assoupie, ses traits apaisés par le sommeil, à parcourir d'une main amoureuse la forêt de ses cheveux noirs ?

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