Fou vous dites?

sabsab

Fou vous dites?

Sournoise et vile, elle trouve une faille dans les esprits les plus sains et s'y introduit secrètement, à notre insu. Puis elle s'installe, s'infiltre dans nos pensées, les contamine petit à petit, les ronge comme le ver dans la pomme. Lorsqu'elle a fait son nid, il est déjà trop tard. Sa force est telle que rien ne l'arrête, elle emprisonne notre raison et avilie nos sentiments. Elle prend des formes diverses, tantôt mystique, tantôt cruelle. Elle inspire les artistes et détruit des vies. On croit souvent qu'elle nous a épargné alors qu'elle est souvent cachée, tapie dans l'ombre des recoins les plus sombres de notre carcasse. Elle agit vite, frappe de tout son vice et engloutit d'une traite les restes de notre sagesse. Elle s'allie à nos peurs les plus folles, obscurcit nos facultés. C'est le bourreau de notre âme.Parfois j'ai l'impression qu'elle rode autour de moi comme un loup affamé. Elle renifle en cherchant la brèche. j'entends ses pas me suivre, son rire fourbe au creux de mon oreille, je sens son souffle nauséabond caresser ma nuque. Je palpe sa présence. L'entendre et la sentir c'est déjà le signe qu'elle est là..la folie...Personne n'a jamais aussi bien écrit "la folie" que Guy de Maupassant. Sans doute parce qu' il en était lui même prisonnié. Il en est mort, le fou, et ses nouvelles témoignent avec génie de l'existence de cette créature invisible, appelée "folie" ou le "horla"..Outre le "Horla", de nombreuses petites nouvelles invitent à voyager au cœur de la démence, à la frontière du fantastique. C'est aussi et surtout le sentiment de peur, d'effroi que Maupassant décrit avec brio. La peur se dégage des pages et vous colle à la peau après lecture comme une mauvaise odeur. L'écriture est fluide, les descriptions criantes de réalisme. On sent la brume ramper autour de nous dans la nouvelle "sur l'eau"...on ressent l'effroi grandissant et incontrôlé du narrateur dans "un conte de noël' et on s'incline devant le talent d'un homme qui a perdu la raison.
  • La folie dont nous sommes atteints, nous weloveworders, nous pousse à écrire sans cesse pour nous libérer du mal qui nous afflige. Un peu comme ces épileptiques qui autrefois s'adonnaient à la danse de Saint Guy (de Maupassant ?) avec l'espoir de guérir.

    · Il y a plus de 11 ans ·
    027 orig

    Chris Toffans

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