Fragilité

Tu es si fragile que je crains de te briser, 
Femme-fleur des orages, 
Clepsydre du plaisir, 
Mais je t'aime assez pour mettre tes corolles à l'abri du vent.
Comme un bourgeon je veux garder ton sourire fleurissant, 
Comme le soleil pour l'éternité.
Loin de ta voix, je ne peux que suivre les chemins du sable et du gel,
M'enferrer sur l'épingle de l'angoisse.
Je souhaiterai faner en ce monde qui m'effraie. Ce monde,
Qui n'a pas ton regard, tes courbes, ta géographie de cristal.
Dans mes rêves, tu tiendrais pour peu dans ma paume fidèle, 
Et marcherais dans le sillon de ma ligne de coeur en me répétant,
Inlassablement, même à bout de ton souffle chaud,
Les mêmes mots.
Mais quand tu ouvres tes paupières pour fleurir de nouveau,
La fragilité change de sens et je suis dans tes yeux, dans ton souffle, 
L'éclat le plus meurtri.
Aujourd'hui encore, tu ne chercheras pas à me revoir,
Alors je te regarderai dans mes rêves jusqu'au prochain matin,
J'enverrai des graines à travers le ciel pour le recouvrir de magnifiques fleurs pour toi.
C'est de cette sorte que je plonge chaque jour dans la solitude, car trop aimer use l'amour,
Tout comme le Soleil s'use à réchauffer les coeurs damnés.