Fragments
Marie Leroy
Peu lui importe
Ce que je pense,
Ce que j’écris ;
Seuls comptent l’agencement de mes phrases
Et la beauté des mots que j’emploie.
Je l’accuse
Quelquefois
D’être superficiel…
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Le regard altéré qu’ils portent sur moi,
Leurs exigences que je ne peux assouvir
M’obsèdent, m’écrasent et me paralysent.
Je me sens disparaître.
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Une femme seule
Et sans enfant
Est-elle à plaindre
Ou à blâmer ?
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Comment pourrais-je
Me soumettre
A une force invisible
Et impalpable ?
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Je cherche, dans ma mémoire,
Celle qui me protégeait, me chérissait,
Et je ne vois qu’une étrangère
Qui m’a abandonnée.
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Je me crois cernée par des gens qui me jugent sans me connaître.
Mais peut-être me trompé-je ?
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Je me réjouis que certains de mes rêves d’autrefois ne se soient pas réalisés.
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J’aime la solitude plus qu’aucun être humain.
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Je me révolte secrètement
Contre la quête perpétuelle
De l’amour conjugal ;
Et cependant,
Je ne puis aimer qu’avec passion
Et impétuosité.
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J’ai toujours cru en l’existence d’un Dieu, sans souhaiter intégrer aucune communauté religieuse : je veux vivre une foi façonnée par moi-même, et malléable selon mes réflexions.
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Lorsque je souffre de son absence,
Je laisse m’envahir des pensées amères,
D’anciennes douleurs dont elle était responsable,
Et ressurgir ma rancune à son égard.
C’est une façon singulière
D’apaiser mon chagrin.
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Voilà près d’un an que je ne suis pas parvenue à terminer un texte. Je sens le vide se répandre en moi, comme si l’essence de mon âme s’évaporait.
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Je pense parfois qu’aucune relation humaine n’est pleinement authentique, qu’aucun de mes semblables ne me voit telle que je suis.
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Il s’est écoulé moins de deux ans depuis notre rupture ; pourtant, je me reconnais si peu dans la jeune femme naïve que j’étais alors, que les souvenirs de notre relation semblent jaillir d’une autre vie.
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Pourquoi suis-je si sensible à la moquerie,
Aux critiques et aux sarcasmes,
Alors que les louanges et les compliments
Me laissent presque indifférente ?
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Alors que mes journées s’enchaînent paisiblement, mes nuits sont quelquefois hantées par des rêves étranges, violents et répétitifs. Je m’éveille de ces songes, incapable d’en décrire précisément les intrigues, mais encore pleine de la fureur qui m’habitait, submergée par des angoisses et une colère dont j’ignore la cause.
Je m’interroge sur le sens de ces rêves, si éloignés du cours de mon existence, et n’ose imaginer l’ampleur des tourments que dissimule mon esprit.
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Je nourris, depuis mon enfance,
L’espérance secrète
De devenir quelqu’un d’autre.
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J’ai parfois l’impression de mener plusieurs vies, et qu’aucune d’elles ne me satisfait pleinement.
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Je trouve toujours, dans la littérature, une forme d’apaisement qu’aucune parole humaine ne saurait m’apporter.
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Chantage,
Culpabilisation,
Jugements,
Sont les ruses de certains Hommes pour garder une emprise sur leurs semblables.
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A mesure que s’écoulent les jours,
Ecrasée par mes tourments
Et le regard de mes proches,
Je sens l’oisiveté
Et l’indolence
Se répandre en moi.
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Je retrouve, chaque fois que je pénètre dans la demeure familiale, la même atmosphère inexplicablement triste et mélancolique qui m’intriguait tant, enfant, sans que je pusse alors exprimer mes sensations.
Je comprends aujourd’hui les sentiments qui m’animaient ; et les questionnements inextinguibles qui me hantaient se résolvent avec une limpidité déconcertante : il faut quelquefois des épreuves douloureuses pour que notre esprit s’éclaire.
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Il me semble parfois que l’on ne peut être libre que dans la plus complète solitude.
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La littérature nous unit plus encore que les sentiments humains.
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J’espère un jour parvenir à écrire sur mon enfance. Il me semble l’avoir vécue d’une manière singulière, très tôt en proie à des inquiétudes et des questionnements de grande ampleur. Je pense parfois n’avoir jamais été réellement une enfant… L’insouciance m’est inconnue, et, aujourd’hui encore, lorsque je la rencontre, je l’abhorre autant que je l’envie.
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Quelle force impalpable me maintient en vie,
Tandis que je rêve de disparaître ?
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Tout, autour de moi,
N’est qu’ambivalence,
Contradiction et paradoxe ;
Et cependant,
Je me vois à jamais prisonnière
D’une seule âme
Et d’un seul corps.
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Je crains la médiocrité plus que le néant.
Assez Sombre mais délicieusement écrit !
· Il y a plus de 12 ans ·Laurent H