Frankenstein ou Le Prométhée moderne, Mary Wollstonecraft Godwin Shelley - Dr Victor Frankenstein
[Nero] Black Word
Ce fut durant le mois de novembre, lors d'une sinistre nuit
Alors que tambourinait aux fenêtres une lugubre pluie
Quand se mit à sonner une heure du matin
Que le miracle s'accomplit... et prit fin
Sous une bougie à la lumière vacillante
Je disposais à portée de main mes instruments
Prêt à transmettre une étincelle
Donnant vie à cette forme encore inerte
Tout à coup, la créature réagit
Je vis ses yeux jaunes ternes s'entrouvrir
Elle respira profondément
Et ses membres bougèrent convulsivement
Comment pourrais-je exprimer mon émotion
Face à la catastrophe que fut ma création
Un être repoussant devenant le coup de sort
Le prix de tant de soins et d'efforts
Ses membres étaient pourtant bien proportionnés
Et je m'étais efforcé de donner à ses traits une certaine beauté
Une chevelure longue et soyeuse
Des dents d'une blancheur nacrée
Soulignant l'horreur de ses yeux vitreux
Se confondant aux orbites dans lesquelles ils étaient encastrés
Translucide sous sa peau jaunie
Apparaissait une musculature à vif
Exhibant ainsi son lacis
Entremêlé avec ses canalisations sanguines
De la beauté ! Grand Dieu !
Il y en avait si peu !
Deux années s'étaient écoulées
À mener un travail acharné
Afin qu'une vie soit insufflée
Au sein d'un corps inanimé
Compromettant sérieusement ma santé
Sans qu'aucune modération ne vienne me tempérer
À présent que mon œuvre est achevée
Face au résultat tant espéré
De tout attrait, mon rêve s'est vu dépouillé
Alors que le dégoût vint m'écœurer
Réfugié dans ma chambre à coucher
Le corps parcourut par le tumulte
Laissa place à la lassitude
Avant de tomber dans mon lit pour oublier
Un rêve radieux vint m'apaiser
Avant de se décomposer
Me poussant dans l'instant à me réveiller
Avant de faire face à la réalité
Une sueur froide me parcourait
Pendant que mes dents tremblaient
En regardant le misérable entrer
Le monstre que j'avais créé
Son regard, si l'on peut le nommer ainsi
Se braqua sur moi et me fit pâlir
Et les lèvres noirâtres de son visage ratatiné
Laissèrent échapper des sons inarticulés
Sa main se tendit vers moi, comme pour m'agripper
Mais je me sauvais, fuyant par l'escalier
À l'extérieur de ma demeure
J'espérais fais disparaître les heures
Parcourus jusqu'au cœur d'agitation
En guettant la moindre apparition
La moindre ombre, le moindre bruit
De ce cadavre malveillant
Auquel j'avais si malencontreusement
Donné la vie
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Frankenstein ou le mythe de la création revisité !
· Il y a environ un an ·https://youtu.be/eqdCvOvCsN4
dechainons-nous
Quand on se prend pour Dieu ...
· Il y a environ un an ·Tout est dit dans ce texte/poème, bravo!
Christophe Hulé
Merci infiniment. =)
· Il y a environ un an ·[Nero] Black Word