Fuite en avant

little-wing

Je cours sans m’arrêter une seule fois. Mes talons cognent le bitume, la plante de mes pieds me fait mal, le choc se répercute dans tout le corps, faisant claquer mes mâchoires. Un pas. Mon corps est pendant un instant, tout entier dans les airs, une jambe devant tandis que l’autre est pliée derrière. La bouche légèrement ouverte, on peut voir les dents. Un bras devant, l’autre derrière.

 

Puis le corps retombe. La bouche se ferme. Les muscles vibrent sous le choc brutal du retour sur la terre ferme. Changement entre les membres : ceux qui étaient devant sont à l’arrière et vice versa. Mes cheveux suivent le mouvement et retombent lourdement sur mes épaules. Je donne une autre impulsion à la jambe qui touche terre puis je retourne dans les airs, les mains fendant l’air devant moi. Talon qui cogne, plante des pieds, jambe qui se plie, l’autre tendue, bouche ouverte, cheveux qui volent, un bras devant, un bras derrière.

 

Inspire. Expire.

 

Je cours. Loin de tout, loin de moi. Je ne pense plus, je cours. J’expire et inspire. Je me purifie. Plus aucune pensée parasite. J’ai oublié jusqu’à mon existence. C’est une fuite en avant. Une fuite pour retrouver l’espoir. Se vider de la mauvaise énergie accumulée dans la journée pour se recharger en oxygène. Se recharger pour se sentir de nouveau capable d’affronter. Affronter quoi, je ne sais pas, mais c’est se battre quand même.

 

C’est ce que je fais en écrivant. Une fuite en avant, je me vide du mauvais pour tenter de me remplir de bon. Pour oublier. Pour me réinventer. Pour me créer tout simplement.

 

Créer quelqu’un que je ne suis pas mais que j’aimerais être. C’est le genre de rêve qui fait souffrir car destiné à ne jamais se réaliser. Alors je cours.

 

« Je veux juste oublier qui je ne suis pas. »

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