Gamètes 1972

wikprod

Marc, j'ai reçu ça ce matin, qu'en penses-tu, on publie ou pas ?

Cher Magazine,

Voici plusieurs mois que je te suis fidèle et que je lis avec une gourmandise de petite libertine toutes les histoires coquines et cochonnes que tu publies chaque mois. Moi et mon copain sommes toujours très excités par ces dernières, et fantasmons souvent en les lisant, pendant que je pétris son sexe bien dur. Aussi, il m'est parut nécessaire de, à mon tour, te raconter l'aventure qui m'est arrivée l'été dernier.

J'étais en vacances au camping de Tralala les Flots, dans le Périgord. Nous y allons toutes les années avec ma famille et j'y ai pris mes habitudes. Ainsi j'aime ainsi prendre des bains de soleil nue derrière les cuisines du camping, où l'odeur des saucisses, des frites et des steaks biens gras m'excite au plus haut point (mes parents travaillent dans une chaîne de fast-food célèbre et ils m'ont faite sur la friteuse). Souvent, alors, ma main comme pris d'une vie propre, se glisse vers mon palais des plaisirs et se met à jouer follement dans ma caverne déjà humide, qu'elle explore avec application, comme dans Boulder Dash, ce vieux jeu-vidéo sur Master System.

Bref, ce jour-là, alors que j'étais occupée à me caresser en écoutant Iggy Azaela à l'arrière des cuisines - mes tétons tout durs et tout pointés sous leur fine pellicule de crème solaire - j'ai senti un regard, un regard posé sur moi, sur mon corps nu et gorgé de plaisir comme un fruit bien mûr. Ce regard provenait de la palissade de bois qui m'entourait, et à travers un œil dans le bois, je voyais une pupille dilatée qui me dévorait du regard. Ce voyeurisme passif et bien incommode ne m'a au contraire pas du tout dérangé, mais n'a fait qu'augmenter mon plaisir et ma jouissance. En effet, qui était cet inconnu de l'autre côté du mur ? Nimbé de mystère  il ne pouvait être que fantasme, un fantasme pervers jouissant lui aussi de mes ébats solitaires. Sous mes doigts fébriles, je sentais en effet déjà palpiter les muscles de mon périnée, qui convulsaient, battaient et enserraient mes doigts comme le petit cœur atteint de ratées d'un bébé chiot en train de mourir. J'ai alors bien écarté les jambes face à l'œil dans le mur, et lui ai dévoilé toute mon intimité, en l'occurrence ma vulve bien humide et brillante comme des tranches de papaye pendant que je palpais et malaxais mes petits seins dodus et rougis par la friction de l'autre main et que j'imaginais l'autre touchant lui aussi de concert son sexe, dur et turgescent, lance de chair brûlante que je m'imaginais chevaucher comme une rocket, ou puits de stupre chaud et accueillant où je pourrais mourir et renaître si l'inconnu en était une.

J'en suis là de ma jouissance face à cet œil sans visage, quand j'entends une voix, une voix d'homme; chaude et ronde, roulante comme une mer agitée, avec un léger accent brésilien.

- Oui, Continue, Ouvre Toi à Moi… Plus !

Et je vois une bouche, un peu plus bas dans le bois, je vois une bouche à travers la palissade, des lèvres pleines qu'une longue langue rouge lèche lentement, et je sens son souffle et la chaleur de son souffle et la moiteur de son haleine humecter l'intérieur de mes cuisses comme la rosée du matin. Et je me sens fondre, fondre comme une motte de beurre près d'un four à pain. Mon vagin palpite, un peu plus et je jurerais qu'il se met à parler, tout mon corps n'est qu'une boule de plaisirs, une boule de flammes, huileux et lourd où la sueur coule comme la crème, où mon sang dans mes veines n'est que lave en fusion, magma primordial.

- Donne-toi, donne-toi plus ! Quel est ton Nom, quel est ton Nom ? Où veux-tu aller, où veux-tu aller ?

Et là, cher Magazine, je pense au Taj Mahal, je pense à Babylone, je pense à Gizeh, Babel et au Shambhala, je pense aux palais d'Ishtar et je pense à la Citée Interdite, je pense à Tenochtitlan, je pense à Sodome et Gomorrhe et aux ruines mythiques de l'Atlantide et je les vois, cher Magazine, je les vois.

Je vois courir sous moi les berges brumeuses du Danube où l'or des Nibelungen attends depuis des éons, je sens les soies riches et voluptueuses de l'Alhambra sous mes doigts gourds et poisseux, je goûte aux larmes amères de Jeanne d'Arc alors qu'elle brûle pour son Dieu et son Sexe, je lèche la peau de Cléopâtre et sens les coups de reins rageurs de Marc Antoine alors qu'il ne bande que mou devant la majesté de la Déesse Nue, je traverse les alpes à dos d'éléphants en ruts et écrase un nabot à cheval, je mange les cheveux des Dieux et ai des visions au plus profond de l'Amazonie, je meurs milles et une fois à Auschwitz, à Dien Bien Phu, dans les arènes de Rome et dans des rues sans noms parmi la lie et les rats et les chiens et la haine et les larmes, je vogue dans les galères, les caravelles, les paquebots et les galions, je suis l'esclave et je suis le fouet, je jouis, je nais, j'encule et j'avale, je marche, je nage, je vole, je cours, mange, pleure, baise, viole et tue, je vole comme un aigle et rampe comme un virus, je suis la Stratosphère et le Néant, je suis la Bête et je suis le Dieu et je, je, je…

Je suis l'Humain.

et

Je suis le Cosmos.

Je suis la Création.

Vous êtes le Monde de Mes Désirs.

Et je vois l'Œil, mon Œil dans la palissade et je vois la Bouche, ma Bouche qui me parle et qui me dit Je, Je, Je.

Je suis une Femme, un Enfant, un Homme, je suis un être et je suis au centre de l'univers. Je suis le Cosmos et j'ai tout créé et modelé selon Mes Désirs, je suis le Vide et le Plein, je suis le Premier et le Dernier Homme et dans ma main droite roulent les Ovules de la Création et sur ma main gauche coule le Sperme du Temps.

Je.

Je.

Je.

Je Jouis donc Je Suis.

Et voilà tout cher Magazine, voilà ma petite histoire qui sent bien le sexe du camping de Tralala les Flots de cyprine. Mais les meilleures choses ont une fin et bien sûr, le lendemain avec mes parents on a quitté le camping, mais moi et ma petite chatte on se souviendra toujours de cet après-midi passé à l'arrière des cuisines qui sentent la graisse et la saucisse, et, souvent seule dans ma chambre ou dans une cabine d'essayage de H&M, je me lustre le rubis en pensant à Dieu, au cosmos et à la toute puissance de mon être.

Bisous humides,

Samantha 18 ans, compte Facebook Samantha_la_goulue_du69

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