Garder pour soi

aile68

Garder pour soi le secret d'une vie, alterner joie et mystère, quand il est de bon ton de se cacher pour pleurer, quand l'alchimie entre rêve et réalité révèle qu'on était fait pour s'aimer, quand l'enfant curieux est puni pour avoir épier l'insondable, l'innommable. Trouver l'orthographe d'un  mot difficile, défendre une langue, un pays, qui comprend les phrases que j'écris, emmener loin le lecteur, le séduire peut-être. S'endormir pendant la rédaction d'un texte, retourner se coucher et laisser tourner l'heure, les secrets, je n'ai plus envie de bouger, de me mêler aux autres, me mettre dans un coin et regarder les autres comment ils gagnent la confiance de leurs frères. Prendre modèle sur ceux qui n'ont plus ni foi ni loi, non je ne veux pas mourir dans un coin d'hiver, un coin de campagne esseulé, l'heure est aux rires, à la joie pastorale d'une innocente ballade fantomatique, sandwich au jambon dans le sac à dos, paquet de chips dans la poche intérieure, gourde en plastique remplie de grenadine pour la journée. C'était bien les sorties de fin d'année que l'on faisait, c'est peut-être ça le secret de la vie, attendre les vacances, et s'en aller, faire d'un coupon de tissu une peau de chagrin ou une ode à la gaieté, qui comprend ce que je tente de dire. Eluder les points d'interrogation, les questions sans réponses, repenser à la belle gueule d'un jeune qui se prend pour un bad boy pour être le caïd de la classe.

Collège, lycée, la vie passe d'examens en examens, choisir l'alternance ou les grandes études, un meilleur avenir, bâtir sur le roc l'objet de son existence, chasser les parasites, les mauvaises ondes, se réveiller avec sa musique préférée, aller jusqu'à la boîte aux lettres en se demandant si c'est le grand jour aujourd'hui, choisir son pain comme on choisit son destin, avec soin, tout l'or du monde ne vaut rien face à la vie avec un grand V. L'amour, l'amitié dépendent de tant de facteurs! La joie, l'attirance, la sympathie, les rires, la confiance, tout ce que l'on recherche chez l'autre et qu'on n'ose demander. Répondre aux questions entièrement ou en partie, ne plus trouver ses mots, bégayer, balbutier, et puis taper du pied, et décider de les sortir enfin ces mots qu'on n'osait dire.

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