G.G
Christian
Franck est scotché. Le travail, abattu par son équipe sur les éléments saisis dans le Labo de Julien Portal, est vraiment extraordinaire
— Inspecteur, nous avons répertorié tous les financeurs de cette Startup ainsi que les mouvements de fonds depuis sa création.
— Qu'est-ce que cela donne ?
— Nous les avons classés par ordre d'importance financière. A la création nous avons un financement bancaire classique, adossé à l'hypothèque de la maison de Portal. Ensuite il y a divers investisseurs publics ou assimilés. Pour les investisseurs privés, au nombre de dix, nous trouvons en premier un groupe Agroalimentaire Italien, il figure également comme client.
Franck détaille le superbe tableau réalisé, très clair avec des codes couleurs et surlignage des sommes significatives.
Le premier des investisseurs privés, effectivement le groupe Italien, affiche une participation aussi importante que la banque.
Il le retrouve aussi parmi les premiers clients du Labo avec des factures mensuelles depuis la création, il s'aperçoit aussi que les factures ne sont plus adressées à ce groupe depuis 6 mois.
— Hé les gars vous m'avez mis des abréviations pour ce groupe italien ça donne quoi en clair ?
— Holding Italia Alimantare G.G, c'est ainsi qu'il est référencé dans leur compta.
GG, GG, le rapprochement avec les lettres inscrites sur les sacs des disques durs découverts par la "scientifique" fait soudain son chemin devant les yeux de l'Inspecteur.
— Si vous pouviez me trouver plus d'information sur cette entreprise, ça pourrait bigrement nous être utile, avant que je ne retourne voir l'associé Remy Saval.
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Franck retourne à son bureau, il relie des éléments disparates affichés sur le tableau magnétique accroché au mur.
- Au départ l'accident du transporteur des porcelets destiné au Labo de génétique de Portal.
- Six mois plus tard, les randonneurs dévorés au Portalas.
- Dans la semaine suivante son adjoint, Quentin, massacré par un monstre et Laetitia, la nièce de Georges traumatisée à vie.
- Dans la foulée le Monstre fusillé par l'oncle de Quentin, retrouvé vidé de ses entrailles
- Dernièrement le fondateur du Labo de génétique Julien Portal brulé vif dans sa voiture.
C'est maintenant acquis, suite aux analyses ADN poussés, les porcelets et les monstres sanguinaires ne font qu'un.
Le plus troublant dans ces analyses vient de la présence importante d'ADN humain, indiquant de façon certaine que ce sont des animaux modifiés génétiquement.
Dans quel but ? Cela reste encore à découvrir.
L'autre fait troublant provient du groupe international associé à Portal et Saval, il a cessé de payer ses factures au labo depuis l'accident de la camionnette des porcelets. Les initiales du groupe G.G se retrouvent sur les emballages des disques durs planqués par le généticien Portal au coffre de sa banque.
Cela fait un paquet de question à poser à Rémy Saval, visiblement celui-ci n'est pas beaucoup entré dans les détails lors de son dernier entretien avec Franck.
L'inspecteur compte bien se rendre à Aix pour l'interroger mais sans le prévenir, il ne souhaite pas lui laisser le temps de préparer ses réponses.
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Le lendemain matin à 9h à l'ouverture des bureaux du Labo, Franck et ses collègues poussent la porte.
— Bonjour Inspecteur Louvrier, nous souhaiterions parler à Remy Saval.
— Il n'est pas encore arrivé, le drame de M.Portal l'a beaucoup affecté, comme nous tous d'ailleurs. Il n'est plus aussi ponctuel qu'auparavant, je vais l'appeler sur son portable.
— Non c'est inutile nous l'attendrons, j'espère qu'il viendra.
Tenez, indique la personne de l'accueil, c'est sa voiture, elle arrive sur le parking.
Rémy Saval, en avançant vers le Labo marque un temps d'arrêt à la vue des véhicules de Police et finalement franchit la porte des bureaux.
— Bonjour, Messieurs, vous auriez du annoncer votre visite je vous aurais fait préparer un café, votre enquête avance-t-elle sur le meurtrier de Julien ?
— C'est bien pour cela que nous sommes ici M.Saval. Il y a un certain nombres de points que vous avez omis de nous préciser, si nous pouvions approfondir dans votre bureau.
— Suivez-moi !
Le visage de Rémy Saval prit soudain un air beaucoup moins enjoué.
— Que puis-je pour vous ?
— Il y a environ 6 mois la Holding Italia Alimantare G.G, un des plus important associé dans votre capital, a cessé de payer les factures que votre labo lui adressait, pourquoi ?
Franck a visé juste, sa question fait l'effet d'un uppercut sur l'associé de feu Julien Portal.
— Les porcelets, Ils étaient destinés à ce groupe ? Je me trompe ? Questionne à nouveau Franck.
— Non, vous avez raison, mais comment l'avez vous appris ? Personne au labo ne le savait !
— C'est notre job M.Saval ne vous inquiétez pas pour ça !
— Quand l'affaire des sangliers géants a éclaté, vous et votre associé n'avez fait aucun rapprochement, avec vos porcelets.
— Pas que je me souvienne.
— Je crois que je vais vous rafraichir la mémoire M.Saval. Il a été publié dans la presse locale, que l'ADN retrouvé sur les horribles scènes de massacres s'apparentait à des sangliers géants du Caucase. Vous ne pouviez l'ignorer puisque c'est exactement le même ADN des porcelets devant vous être livrés.
— Pour ma part je n'avais pas fait le rapprochement mais Julien l'avait fait. Suite à l'accident de la camionnette nous nous étions rendu sur place et n'avions retrouvé aucun des porcelets. Nous pensions que des porcelets de quelques jours qui doivent être nourris au seins de la truie ou par biberons ne pouvaient pas survivre plus de 48h en étant livrés à eux-mêmes. Si effectivement vous m'indiquez que l'ADN de ces monstres sanguinaires est celui des porcelets, c'est un mystère.
— Pourquoi de puis cette date la Holding Italia Alimantare GG ne paient plus vos factures, ces porcelets génétiquement modifiés lui étaient destinés ?
— Oui ! Julien Portal devait confirmé à cette Holding par examen et dissection qu'ils correspondaient parfaitement aux modifications génétiques envisagées.
— Ne pouvant fournir le matériel demandé, ils ont cessé de payer !
— Oui et cela mettait en péril notre labo tourné essentiellement vers la recherche, heureusement grâce mes relations personnelles nous avons pu décrocher un marché avec l'Occitane, des test de traçabilité génétique les mettant à l'abri de toute contrefaçon.
— Vous venez de m'indiquer que personne dans votre personnel n'était informé du transfert de ces porcelets à destination de la Holding, pourquoi cette discrétion ?
— Elle avait été exigé par le Groupe G.G lui-même !
— Est-ce du au caractère spécifique des modifications qui ont donné ces bêtes énormes, entre autres.
— Je pense ! Nous devions produire des porcs avec un taux de croissance rapide et une masse corporelle importante. Ce marché des animaux génétiquement modifiés est très concurrentiel même si ils ne sont pas autorisés dans tous les pays.
— Le matériel génétique humain, présent en grande quantité dans les analyses, cela devait aussi rester confidentiel je suppose ?
— Pour moi il n'y avait pas de présence ADN humaine dans les échantillons, maintenant la finalisation des séquences étaient du ressort de Julien. I était le vrai chef d'orchestre de la génétique, il était le seul à posséder la clé du code génétique global implanté dans les ovules des truies qui ont mis au monde les porcelets.
— A votre avis n'est-ce pas votre Holding qui aurait eu intérêt a récupérer les disques durs contenant a priori les recherches de votre associé.
— Mais dans ce cas pourquoi avoir attendu six mois ? De plus Julien devait rendre des comptes !
— Vous dites que Julien Portal se doutait que les massacres causés par les sangliers géants avaient pour origine les porcelets, peut-être en a-t-il averti cette Holding ! Après tout c'était peut-être une preuve que ses travaux avaient aboutis.
— Oui mais comment à ce moment là pouvait-il être certain que c'était bien les mêmes animaux ?
— Peut-être a-t-il effectué des recherches sur place, il y passait pas mal de curieux.
— Non ce n'est pas son genre, il n'allait pas se faire remarquer, mais je me souviens qu'il a cherché des informations auprès d'une vielle connaissance de lycée, aujourd'hui journaliste à Vaucluse matin, qui apparemment suivait l'affaire.
— Je crois savoir de qui vous parlez. Merci M.Saval, si vous aviez été plus précis dès le début nous aurions gagné beaucoup de temps. Bien entendu vous restez à disposition de nos services, vous ne devez pas quitter la région.
Une fois dehors, Franck précise à ses collègues :
— Vous mettez le Labo sur écoute, tel et email ( voyez avec l'opérateur internet) ainsi que pour Rémy Saval. De mon côté je vais convoquer ce journaliste, j'aimerai savoir ce qu'il pu donner comme information à Julien Portal.