Glossolalie

eukaryot

Petite volaille, pépie crache craquete roucoule s'active s'accapare se concentre se carapate à l'arrivée du capo à la crête aujourd'hui verte rayée sur une chemise en lin. Sur un autre plateau, une autre galaxie, elles sont belles et s'activent, sourient. A les regarder...

Elles ne seront jamais autre chose que des comètes perdues dans leurs propre coin de ciel. Les frôler du bout des doigts, c'est geler à jamais leur chevelure, et les imaginer tiennes, c'est les envoyer s'éteindre au fond du néant qui s'agite dans chaque oeil.

Des droits et des devoirs, le droit de fermer ta gueule et le devoir de baisser les yeux.

Il flotte certes dans l'air une odeur sortie d'une cuisine préemballée, petit tupperware de détente au milieu des avalanches. C'est joli, quand ça sort du micro-onde, une blanquette de veau et ses petites patates. La blanquette, le repas terminé, réintègre son petit bureau, d'où elle ne sortira que le soir venu; les patates, elles, suivront un autre chemin.

Ils prennent le matin une place de parking sans se demander si une coccinelle ne s'y est pas garé bien avant eux. Elle a la courtoisie, elle, de ne pas le faire remarquer.

Il me rôde autour depuis vraiment trop longtemps. Je l'entrevois, au détour d'une pensée, derrière l'hésitation d'un geste, ou un soupir trop prononcé. Il les attrape ,un à un. L'un des prochains sera moi, et c'est mon instinct de proie qui ne le trouve que trop séduisant. Il va falloir faire face, montrer les crocs, hérisser le poil, se rendre intouchable, venimeux, imbouffable. Mais il est déjà un peu tard, déjà, mon oeil se fait morne, se ferme à moitié, déjà les doigts hésitent et j'ai un mal fou à les convaincre, à les rattraper. Déjà, ma colonne vertébrale s'affaisse, se noue, spirale, s'adapte.

J'ouvre une page internet, pensant y trouver un refuge. Il est trop tard, il m'a devancé. L'ennui est un prédateur qui ne se lasse jamais.

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