GRENZE

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Présentation

 Dans un futur proche, au sein d’une Europe fédérale gangrénée par la corruption financière, en  proie avec des crises économiques à répétition et des hommes politiques soumis à la loi des marchés, quelques magistrats intègres ont décidés de ne pas céder face à « l’entité financière ». A l’aide d’une unité de police européenne basée à Annecy loin des cercles de pouvoirs des capitales européennes, ils tentent de lutter contre des financiers qui n’hésitent plus à faire éliminer physiquement ceux qui leur résistent. Le contexte international avec le risque imminent de déclenchement de guerre nucléaire entre les occidentaux et la Chine accroit l’intensité dramatique de la situation. De plus, l’Europe est confrontée quasi quotidiennement à de graves troubles sociaux. C’est dans ce contexte difficile, qu’évoluent deux enquêteurs de cette unité de police appelée PAK (Police anti-Korruptions) qui dépend d’Interpole. Ils peuvent intervenir dans toute l’Europe. Marc est un Capitaine de police français de quarante  ans, marié avec deux enfants, à la vie parfaitement équilibré et il fait équipe avec un lieutenant de police Suisse de trente ans Philippe, à la vie dissolue, masochiste assumé dans sa perversion mais confirmé dans sa fonction par le fait qu’il détient le plus haut taux de résolution d’affaires criminelles. Ces deux policiers au caractère trempé, mais menant une vie totalement antinomique, vont agir avec détermination pour contrer la puissance de l’argent.

Synopsis

 Dans un futur proche, au lendemain de l’effondrement de la zone Euro, l’Europe se fédéralise sous l’impulsion des financiers pour tenter de mettre fin aux graves troubles sociaux et à la crise récurrente qu’elle endure. C’est une Europe dominée par les pays anglo-saxons avec L’Allemagne en leadership qui est mise en place par les consortiums de la haute finance. Derrière de pâles politiciens, véritable hommes de pailles des grands argentiers de la planète, ce sont bien ces derniers qui régentes les affaires politiques et économiques de la vie européenne. L’arrogance et le cynisme de ces hommes d’argent outrepasse les frontières de la décence et ils s’arrogent le droit suprême de supprimer physiquement tout individu qui prétend vouloir les arrêter dans l’instauration de cette nauséabonde tyrannie monétaire.

Néanmoins une poignée de députés européens se dresse contre ce nouvel absolutisme. Ils sont parvenus à imposer la création d’une nouvelle cour de justice européenne, spécialisée dans la lutte contre la corruption et le crime résultants des sociétés financières. Une unité de police spécialement constituée d’hommes intègres, a été alléguée aux magistrats chargés de ce combat contre l’entité financière. La PAK (Police Anti-Korruptions en allemand) est constituée d’éléments issus de touts les pays d’Europe. Elle possède la faculté d’opérer et d’intervenir sur tout le continent européen, de Paris à Moscou et ses agents disposent d’un mandat permanant leur conférant les pleins pouvoirs.

La situation internationale ne facilite pas les investigations des agents de la PAK sur le terrain. Les Etats-Unis et la Chine sont au bord de l’affrontement militaire, et le risque de guerre nucléaire total augmente de jours en jours. Cela a pour conséquence directe, une tension accrue au quotidien pour les policiers de la PAK qui évoluent en un environnement hostile et périlleux.

Le siège de la PAK est basé à Bohn en Allemagne et placé sous la tutelle directe de la cour de justice de lutte contre les crimes financiers établie à Edimbourg en Grande-Bretagne. Chaque pays européen à son unité de la PAK. Annecy abrite l’unité de la PAK opérant depuis la France.

 Marc Lemoine incorpore la PAK française dès le premier jour de sa mise en service sur le sol hexagonal. Il a effectué l’essentiel de sa carrière à la PJ parisienne où il a obtenu le grade de capitaine, accession qu’il conserve en incorporant la PAK. C’est un brillant policier de quarante ans, à l’intelligence aigüe et d’une grande probité. Son épouse Julie est institutrice et ils ont le bonheur d’avoir deux filles de sept et neuf ans. Marc mène une vie pleinement équilibrée auprès de sa famille et y puise toutes les forces nécessaires pour affronter la dureté de la vie policière.

Il fait la connaissance de son équipier, Philippe de la Mole un inspecteur âgé de trente ans provenant de la police fédérale Suisse et exerçant sa fonction au sein de la PAK avec le grade de lieutenant de police. Philippe est un authentique marquis, titre hérité de son père français qui avait choisi l’exil fiscal helvète à l’arrivée des socialistes en 1981. Il s’était marié sur le tard à une jeune Suissesse de vingt ans sa cadette. Il a dilapidé toute la fortune familiale avec sa jeune épouse et lorsqu’ils se sont tués au volant d’une Maserati lancé à toute vitesse sur l’autoroute du soleil, ces cocaïnomanes notoires n’ont laissé que des dettes en héritage à leur fils unique. De son enfance chahutée et destructrice Philippe a développé une déviance sexuelle totalement assumée. Il s’adonne avec joie dans le masochisme, ce qui ne n’entrave nullement son amour pour les arts et la littérature. Il cultive avec malice un look atypique de dandy affriolé de cuir. Sa vie borderline  ne contrarie en rien ses grandes capacités professionnelles, il est même un des meilleurs enquêteurs de la police fédérale Suisse.

Marc et Philippe sont sous la responsabilité directe du commandant Gustav Fröbe, un allemand obtus, cassant et arrogant. Heureusement le chef de la PAK d’Annecy, le commissaire de police Andrew Carson est un Londonien avenant, plein d’humour et très protecteur envers les hommes de terrain. C’est un amateur d’histoire très érudit, conservant avec ferveur les reliques de son lointain parent, le lieutenant Carson incorporé à l’artillerie anglaise qui a tant fait de mal à la cavalerie française  chargeant dans la plaine de Waterloo. Il en conserve religieusement la lance d’un lancier français venu mourir dans les bras de son aïeul.

A peine ont eu t-ils le temps de prendre possession de leur bureau, que Marc et son équipier sont expédiés dans le département des Alpes-Maritimes, afin de mener une enquête sur le meurtre de Gérard Bacarelli.  Ce journaliste du quotidien Nice-Matin était lancé sur les pas d’un puissant financier américain, John Bratton un des riches résidants du Cap d’Antibes.

Le Cap d’Antibes, Saint-Jean-Cap-Ferrat, le Cap-Martin ainsi que Monaco, Deauville, Annecy, Megève, Courchevel et Paris sont devenus de véritables forteresses dorées pour les fortunes établies en France. Ces ilots de suretés préservent ses habitants des émeutes et de l’insécurité qui règnent continuellement dans les villes françaises, et semblablement dans les autres cités des pays du sud de l’Europe.

Marc et Philippe débarquent dans une région dévastée par les graves émeutes qui ont suivis l’effondrement de la zone Euro. C’est le même visage de désolation s’offrant à eux, qu’ils soient en région parisienne, à Grenoble, à Naples, Madrid ou sur cette côte d’azur, conséquence directe des violents affrontements amorcé avec le soulèvement des « révoltés », lorsque ceux-ci ont succédés aux « indignés ».

Les deux agents de la PAK se présentent au commissariat de police de la ville d’Antibes d’où ils discernent  aussitôt leur environnement dans lequel ils vont être confrontés dans l’exercice de leur fonction. Ils évaluent à trente pour cent les effectifs de la police antiboise totalement corrompue. Soixante pour cent ont une posture teintée d’attente passive et prudente, se contentant d’expédier les affaires courantes sans se positionner distinctement pour ou contre la corruption ouvertement affichée par leurs collègues véreux. Marc et Philippe auront la possibilité d’obtenir le soutient sans faille des dix pour cent restant, flics intègres et volontaires malgré les entraves qu’ils subissent de la part de leurs collègues et de Florence Rinaldi commissaire principal du commissariat de la ville d’Antibes. Agée de cinquante ans, authentique niçoise et femme de tête elle a la possibilité de s’appuyer sur un puissant réseau d’influences s’étendant au-delà des limites territoriales de la France.

Dire que l’accueil réservé aux agents de la PAK, de la part de Florence Rinaldi était glacial, est un doux euphémisme. Cette dame de fer, véritable furie teintée de mépris et de suffisance a littéralement déversé un flot d’injures sur les deux hommes et les services de la PAK. S’ils n’avaient pas en leur possession ce précieux sésame, le mandat européen délivré par le tribunal d’Edimbourg, ils se seraient vus expulsés violement et manu tari  de la région PACA dès lors arrivée à l’aéroport de Nice.

Les deux hommes en revanche ont été favorablement reçus par le capitaine de police André Novelli. Fréjussien jovial et intègre, c’est lui qui a informé le tribunal européen du décès suspect de Gérard Baccarelli.  Ce journaliste de Nice-Matin souhaitait démontrer et dénoncer la corruption massive des services des impôts de la ville d’Antibes. La majeure partie des agents du fisc de ce service ont perçus d’énormes sommes d’argent à titre personnel. Cet argent sale a été versé sur des comptes ouvert à Hong-Kong.  Ces employés des services des impôts doivent fermer les yeux sur la présence au Cap d’Antibes  de John Bratton qui dépasse la période légale des cent quatre vingt jours. Ce financier propriétaire d’un des plus important hedge fund de Wall-Street est venu s’installer aux Cap d’Antibes afin de marcher sur les pas du héros de son roman préféré, « Tendre est la nuit » de Fitzgerald son auteur fétiche. Il maintient sa résidence fiscale aux USA, et par conséquent ne verse aucune dîme à la France qui l’accueille. Les employés du fisc enterrent toutes les demandes d’informations qui émanaient de la trésorerie générale des Alpes-Maritimes. Bratton use également de son influence pour soustraire ses amis russes et anglo-saxons de l’impôt sur le revenu qu’ils auraient  dû s’acquitter, étant donné qu’eux aussi dépassent les cent quatre vingt jours autorisés. Malheur aux agents vertueux et incorruptibles ; ils sont mutés directement dans les départements de la région parisienne, emportant dans leurs bagages de sérieuses menaces de mort. L’assassinat de Gérard Baccarelli lors de son footing matinal sur le bord de mer, est le septième d’une liste de quinze homicides perpétré de ce mode opératoire : une voiture folle fonce délibérément sur des passants pris au hasard dans des quartiers bourgeois relativement calmes de la ville de Nice ou d’Antibes. Au volant du véhicule, un jeune homme de type maghrébin hurle des propos décousus à connotations religieuses. Tout porte à croire à l’œuvre d’un déséquilibré isolé, voulant attiser les tensions déjà existantes entres les communautés européennes et musulmanes de la région. Mais le capitaine Novelli enquêtant sur ce dossier, a finalement perçu le crime ciblé parmi cette odieuse série de forfaits sanglants. Malheureusement, son supérieur hiérarchique Florence Rinaldi a instantanément dessaisi Novelli de cette affaire et bloqué toutes ses tentatives d’investigations de sa part. En ces temps de dissensions internationales, il lui a été impossible d’obtenir des informations bancaires de la ville de Hong-Kong. Il n’a pu accéder aux services de vidéosurveillances de la ville d’Antibes, ce qui aurait permit l’arrestation du conducteur de l’automobile tueuse, ce dernier accomplissant ces délits à visage découvert. Il doit probablement être assuré de son impunité.

Les deux agents de la PAK ne tergiversent guère. Embarquant Novelli avec eux,  ils effectuent une descente brutale au sein du service de vidéosurveillance de la ville d’Antibes. Armé de leur mandat européen, ils saisissent les images de l’assassinat de Baccarelli. Heureusement pour Marc et Philippe, bénéficiant d’une négligence toute méditerranéenne, personne n’a pensé à détruire ces images compromettantes. André Novelli, homme de terrain depuis de nombreuses années à la PJ de Nice, puis d’Antibes identifie aisément Rachid Fami comme meurtrier de Baccarelli. Fami est un petit dealer des quartiers de l’Ariane à Nice. Bien que plusieurs fois condamné pour infraction sur la législation des stupéfiants, il n’avait jusqu’à présent pas le profil d’un tueur, et surtout pas celui d’intégriste islamique. Novelli considère le basculement de Fami dans l’assassinat comme un pallier avec un gros intérêt financier en contre partie. Il a commis ses forfaits sur contrat et maquillé ses meurtres en les diluants dans l’atmosphère d’affrontement intercommunautaire. La commissaire Rinaldi renâcle à monter une extraction de Fami du quartier de l’Ariane. Il est nécessaire de faire appel à l’armée pour y parvenir. Tancée par le district de Bohn, elle s’y résout ! Alors que l’opération s’est déroulée sans incidents majeurs, Fami est exécuté par un motard de la police alors qu’il descendait du fourgon cellulaire venant de s’arrêter devant le commissariat de police d’Antibes. Il est abattu à bout portant sous prétexte d’une tentative d’évasion. Marc est incapable de conserver son calme et sa colère explose à la figure de Florence Rinaldi !  Il saisit parfaitement l’entremise du commissaire derrière ce geste létal. John Bratton n’a aucune limite financière ! L’arrosage numéraire des agents de police de la ville d’Antibes doit être substantiel. Une visite chez John Bratton s’impose, les agents de la PAK et André Novelli se rendent au luxueux domicile du milliardaire américain. Les gardes armés, malgré le mandat européen ne les autorisent pas à pénétrer dans l’imposante villa des maitres des lieux ; Bratton les reçoit sur le perron avec morve et arrogance. Il ne répond pratiquement à aucunes des questions qui lui sont posées et prends rapidement congé des agents de police. Avant la fermeture de la porte d’entrée, ils entrevoient nettement  dans le majestueux hall d’entrée Vladimir Erchov. Ce moscovite de trente-cinq ans est un oligarque russe de la pire espèce. Il s’est taillé un empire financier en pratiquant le racket, le kidnapping et le meurtre à grande échelle. La cruauté et le vice  ne le quittent jamais. Ces affaires sulfureuses sont surveillées de près par la justice internationale, mais il a échappé pour le moment à toutes les tentatives  d’inculpations après l’abandon de celles-ci fautes de preuves tangibles. L’homme pratique la corruption avec dextérité. Marc appréhende la situation : pour incriminer Bratton et les agents du fisc de la ville d’Antibes, les agents de la PAK devront prouver la collusion entre Fami, Bratton et Erchov. L’aide du capitaine Novelli est une nouvelle fois précieuse. Il confirme le lien entre Florence Rinaldi et  Erchov. Il n’était pas rare de les apercevoir ensemble lors des soirées mondaines de la côte d’azur. Marc décide de lancer les investigations en direction de Fami et ses possibles liens avec Erchov.

La situation entre la Chine et les Etats-Unis s’aggrave d’heure en heure. La tension dans les rues est à son paroxysme et cela ne facilite pas le travail des agents de la PAK. Ils doivent s’adapter et accepter l’usage de méthodes brutales. Ils ne peuvent demeurer trop longtemps dans des rues en quasi insurrections. Ne sentant guère en sécurité à l’hôtel où ils étaient logés, Marc et Philippe aidé de Novelli sont parvenus à louer une petite maison de ville dans le vieil Antibes. Marc est exaspéré pas le comportement de son jeune collègue. C’est une source d’énervement en plus, de savoir chez quelle dominatrice professionnelle il doit aller chercher Philippe. Il doit composer avec l’humeur maussade du Suisse, car malgré l’acceptation de ses déviances sexuelles Philippe a parfois de la difficulté à les gérer lorsque le petit matin surgit. Il a été saisi de doutes alors que les deux hommes ont accompli une rapide escapade le temps d’un week-end à Annecy. Marc et sa délicieuse épouse l’ont remarquablement bien reçu. L’affirmation de sa déviance sexuelle a été sérieusement ébranlée au contact de cette famille aimante et de ce doux foyer qui la compose.

Lors du retour à Antibes, des menaces de mort leur sont proférées au sein même du commissariat d’Antibes. Quelle n’est pas leur sentiment de révolte et de dégout lorsqu’ils apprennent la mort d’André Novelli. Il a été victime d’une « balle perdue »  alors qu’il conduisait sa voiture en direction de son domicile. Cela conforte Marc qu’ils doivent agir vite. Malgré le bouillonnement des villes de la côte d’azur, ils réussissent à interpeller Samir Fami, le frère de Rachid Fami barman d’une boîte de nuit sur le port de Nice, établissement qui malgré la situation qui se dégrade continue à faire le plein de clients. A croire que le sentiment de débauche augmente avec les situations jugées désespérées chez les êtres esseulés et en marges de la société. Il ne reste plus qu’à un homme sans famille de se rapprocher des naufragés de la cité, s’il souhaite ne pas mourir isolé…

Ils rapatrient Samir Fami dans la petite maison d’Antibes, car ils ne veulent pas exposer leur captif aux représailles des policiers antibois. Ils pensent aussi, vu la situation extérieur qu’ils subiront le sort de Novelli. Ils n’ont plus donné signe de vie depuis leur retour à Antibes. Samir sentant que les agents de la PAK useront de violences envers lui, il se résout à balancer l’essentiel des dernières activités criminelles de son frère. Erchov a commandité l’élimination de Baccarelli en chargeant Rachid Fami de cette besogne. Il a soigneusement planifié la série de meurtres sauvages afin de laisser croire que cela n’était que l’œuvre d’un illuminé endoctriné par un groupuscule islamique et y inclure l’élimination de Baccarelli. Ils pénètrent en force dans la résidence d’Erchov en hésitant pas à éliminer les gardes armés qui l’entourent en permanence.  Erchov est rapatrié à la maison d’Antibes. Marc est confronté à une grave crise de conscience. Il n’a que peu de temps pour faire avouer le russe de sa culpabilité dans les assassinats perpétré par Rachid Fami et qu’il confesse que c’est bien John Bratton se révélant être  le principal commanditaire de l’affaire. Aussitôt que le financier américain apprendra la disparition d’Erchov, il flairera le danger et s’envolera immédiatement pour New-York. Marc va devoir user de méthodes d’un autre temps. L’usage de la force sur un suspect le révulse. Avoir recours à la torture est totalement contraire à son éthique. Mais il s’est très bien qu’Erchov est un gros morceau. Philippe finit par le convaincre de l’urgence de la situation. Il est même ravi de lui faire partager ses diverses expériences de souffrances corporelles. Marc refuse d’assister au calvaire du moscovite. Au bout de deux heures de supplice, le russe compromet John Bratton. Il capitule face à Philippe. Ce dernier est fier de lui-même et c’est jovialement qu’il annonce les aveux d’Erchov. Marc ne peut s’empêcher de lui asséner un puissant uppercut tout en vociférant que ce sera bien la dernière fois qu’il recourra à de telles méthodes, quitte à laisser s’enfuir un coupable dans la nature. La nausée lui saute à la figure mais il n’a guère le temps de s’apitoyer sur sa ses états d’âmes. Marc prévient Bohn de l’obtention des aveux du russe. Le siège de la PAK leur intime l’ordre d’appréhender immédiatement Bratton et de rentrer par la route afin de ne pas se faire intercepter par la police française à l’aéroport, l’américain ayant de puissants appuis dans les Alpes-Maritimes.

Mais ces prochaines heures risquent d’être éprouvantes pour les deux agents de la PAK. Au lendemain de l’arrestation d’Erchov, la situation internationale s’aggrave et les belligérants américains et chinois ont multiplié les accrochages militaires. Les missiles nucléaires des deux pays sont activés, la guerre atomique peut être déclenchée dans les prochaines vingt quatre heures si les deux ennemis ne se ressaisissent pas. L’humanité n’a peut-être plus que quelques heures à vivre…

Les rues sont livrées à l’anarchie. Il est très difficile de se mouvoir. Bien qu’armés, ils ne pourraient résister aux pilleurs de la pire espèce ivres de fureur et qui se sont emparés des rues des villes de la côte d’azur. Une atmosphère de fin du monde pénètre dans les moindres artères de la cité d’Antibes. Ils n’arrivent que vers seize heures devant les parcs du Cap d’Antibes. Il ne reste plus personne pour garder les entrées mais l’hystérie qui s’est emparée des centres villes n’a pas encore atteint ces quartiers privilégiés. Le portail de la villa de Bratton est grand ouvert. Les gardes se sont enfuis de la propriété, l’argent devenu probablement sans valeur, il n’y avait aucune raison de rester là à attendre  la fin du monde. Mais le fier new-yorkais c’est fait piéger. Il a trop attendu. Il n’y a plus personne pour faire fonctionner l’aéroport ni décoller son jet privé. Tout son argent, à ce moment précis ne lui est plus d’aucune utilité. Toute sa virilité, offerte à coup de dollars se consume dans cette tragédie humaine. Il se retrouve livré à lui-même, pathétique Midas bientôt métamorphosé en poussières d’atomes…

Marc et Philippe sont confrontés à un nouveau dilemme. Ils n’arrivent plus à entrer en communication avec Bohn et la communication est coupée avec le tribunal d’Edimbourg. Doivent-ils stopper leur mission et rentrer à Annecy, Marc désirant le cas échéant s’éteindre auprès de sa famille ou miser sur l’éventualité d’une prise de conscience  des USA et de Chine ? Il faiblit et alors qu’il allait proposer le renoncement à son collègue, la sonnerie de son portable retentit. Ils sont stupéfié d’entendre Gustave Fröbe leur intimé l’ordre de ramener coute que coute et contre vent et marée, Bratton à Annecy pour l’inculper de meurtre et de corruption active. Force est la loi. Si les deux agents de la PAK se consumeront dans le bouquet atomique final, et bien ils auront accompli leur mission jusqu’au bout, car ils auront avec eux le criminel qu’ils s’étaient promis de mettre hors d’état de nuire. Pathétique ? Drolatique ? Tragique ? Non, ultime acte de la comédie humaine !

Marc a une pensée pour Fröbe. Il est bien de génétiquement germain ! Marc se remémore ses lectures adolescentes sur la seconde guerre mondiale. Il se souvient de l’absurdité de la situation lorsque les feldgendarmes aux derniers jours de la guerre, dans un Berlin sur le point de tomber aux mains des russes, continuaient à mener à bien leurs missions et contrôlaient civils et militaire dans ce réduit infernal.

 Cette fois-ci la cause est noble…

Les agents de PAK interpellent aisément John Bratton, qui se terrait dans sa cave avec une kalachnikov dont il n’a su se servir.

Ils réalisent l’exploit se traverser Grasse à la tombée de la nuit. La ville est dévastée et jonchées de cadavres. Des tirs d’armes automatiques retentissent régulièrement ainsi que des cris d’horreurs. Marc et son collègue n’y peuvent rien, ils doivent néanmoins faire encore usage de leurs armes pour franchir les barrages que des jeunes livrés à eux-mêmes érigent à travers la ville. La traversée des villages en direction de Castellane est plus calme, les habitants de la campagne ont fait le choix d’attendre l’apocalypse en famille. Castellane est déserte, mais Marc prends la sage décision de camper sur les hauteurs, ne voulant prendre aucuns risques durant cette longue nuit. Bratton solidement attaché dans le coffre du 4X4 qu’ils ont dérobé à l’une des barricades de Grasse, les deux héros ne peuvent lutter longtemps contre le sommeil. Ils sont épuisés et s’endorment rapidement.

Ils ont l’heureuse surprise de constater qu’ils sont encore en vie lorsque l’aurore surgit.  Les USA et la Chine ont renoncé à l’affrontement final. Bien que l’état de guerre soit encore en vigueur, les bâtiments de guerre des marines chinoises et américaines  se sont éloignés de plusieurs miles. Les hommes politiques vont pouvoir reprendre sereinement de sages tractations diplomatiques.

Les agents de la PAK et Bratton arrive en fin de matinée à Grenoble. Ils parcourent une ville ravagée par les heurts de la nuit. Mais le calme est revenu, les policiers et les militaires ont repris leurs services. Des accrochages ont encore lieux en périphérie ; ils parviennent sans encombre majeurs à Annecy en fin de soirée. John Bratton s’envole  avec le premier avion pour le tribunal de justice d’Edimbourg.

Marc et Philippe, fiers et heureux de leur exploit sont littéralement happé par un effarement qui vient de leur sauter à la gorge.

Fröbe, dans sa rigidité toute germanique leur a subrepticement lâché un stoïque : C’est bien ! Puis a replongé son nez dans ses dossiers.

Ils aperçoivent le commissaire Carson hilare et il les invite à pénétrer dans son bureau. Il est beaucoup plus prolixe que Gustave Fröbe. Il leur explique alors  qu’il revenait hier  de son domicile avec sa lance du lancier français, car bien entendu il n’était pas question de périr sans le trophée de son parent, il croisa Fröbe en train de prendre la fuite de manière pitoyable. Armé de sa lance il menaça Fröbe et lui ordonna de reprendre sa place au commissariat. Il lui décréta l’ordre de confirmation de la mission des deux agents à Antibes et toujours sous la menace de la lance, ils passèrent les heures critiques de la nuit à attendre leur retour. Pour Carson fier sujet britannique, il n’était tout simplement pas possible de fuir, après les valeureux exploits de son aïeul à Waterloo.

Dans les jours qui suivent, ils sont avisés de l’inculpation de Bratton. Ils reçoivent les félicitations officielles du district de Bohn. Une nouvelle guerre froide prend forme entre la Chine et les pays occidentaux.

Les effroyables épreuves que Marc et Philippe ont partagés, soude une amitié naissante, nonobstant leur univers personnel totalement opposé. Spontanément, les hommes de la PAK d’Annecy surnomment ce duo improbable  « Grenze » ! Antinomique en langue allemande…

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