Grincer l'acier

joss-cat

S'il faut-il aller plus loin, affronter des bourrasques

Et croiser la peine dans des rues bousculées,

Couvertes de corbeaux et de pieds sous des masques,

Allons trouver chimères et fous de la cité


Dans le cœur de Paris, des visages fêlés

S'oublient et s'abîment en pensées taciturnes,

Cohabitent zélés avec un verre amoché,

 A moitié plein de tout et de nectar nocturne


Tout près du grand bassin, accoudés au métro

Résistent des clochards assoiffés d'imprévus,

Qui contre un peu d'amour bazarderaient châteaux Et matelas en soie qu'ils n'ont jamais reçus


Le brouillard s'alourdit dans les heures distendues,

Frissons sur le parcours des longs réverbères,

Dans le vide du vent sur la froide avenue,

Des sirènes hurlent leurs feux aux fenêtres grimacières


Drame de macadam, soir suie, noyé de plumes,

Meurt un oiseau marin dans un flash d'overdose,

L'ombre mordorée qui trouble le bitume

Pleure en écho son fils, sous les portes closes


Les larmes ont triomphé que faisions-nous là,

Les mains dans les poches à regarder passer

La douleur, le fracas, tout comme au cinéma ?

Mais mon cauchemar freine enfin,

J'entends Grincer l'acier... 


Braumann (Sacem)

Signaler ce texte