HAS BEEN

Isabelle Revenu

Un vrai temps de mai en plein mois de mars ...

 

J'aurais pu être décorateur d'intérieur. De mon intérieur psychique. Mettre des fleurs partout dans des paniers d'osier tressé. Revêtir mes pensées abruptes de couleurs flamboyantes et tape-à-l'oeil.


Ouais, j'aurais pu ...


A l'examen d'introspection j'ai échoué lamentablement.

Lacunes, oublis ... J'avais pourtant révisé mon curriculum, tout ce que j'avais accompli ad vitam. 

 

En sortant de Centrale, la queue entre les jambes, j'ai inversé le robinet de la tendance.

J'ai repris ma liberté et mon billet pour un autre part. Un territoire minuscule bordé de cachettes minables et de culs de basse-fosse au fond desquels même mon Renard ne s'y sentirait pas en sécurité.

 

Je suis devenu marin manchot, intendant à bord d'un vaisseau qui prend l'eau, cependant que je prends des vessies pour des lanternes.  Suis seul quartier-maître à babord.

Je le décore à ma manière, avec tendresse et application. Les papiers peints à carreaux sont coupants aux hublots de ma carrée. 

Je sens souvent le chou rance et l'errance est infinie.

Parfois le soleil aux tropiques m'apostrophe et attise ma curiosité. Et si je le retapissais de toile émeri ? De filets de noix de coco ? De perlouzes de Tahiti ?

Et moi, de sieste langoureuse aux ardences du temps, de beignets de poulpe et de racines de poivre ?

 

Je ne sais si je me poserai un beau matin sur un sol solide, lisse et assuré. J'aime tant l'océan et ses conquêtes. Ses transparences aussi. 

 

Accoster oui ... mais où ?

 

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