Hawa

Marie Guzman

«  L'étreinte poétique comme l'étreinte de chair tant qu'elle dure défend toute échappée sur la misère du monde »  André Breton   
 Je baignais dans l'eau rouge du soleil couchant, sur un morceau de terre entre Gambie et Sénégal, les termitières croisées la vielle me rappelaient des monuments officiels de ma terre natale. Il me semblait pourtant que le berceau qui m'avait porté était ici. Tout paraissait exaltant comme des retrouvailles avec un être cher, un ami d'enfance ou le goût des groseilles dans le jardin français de grand-mère. Entre deux cultures le temps était plus beau.  
Je ne pouvais rien dire sans que mes yeux se mouillent. Mon ventre avait tressailli pendant le survol du Sahara, d'où venait cette émotion ? Pourquoi ma naissance parut soudain si préfabriquée ?  Ma naissance, celle de ma sortie organique m'avait créé blanche. Or je surgis ma couleur pâle en rémission. Je marchais dans la rue et le soleil de la saison sèche avait grillé nos derniers espoirs de températures clémentes. Après ce choc climatique qui semblait affecter les autres compagnons de voyage bien plus que moi, je me rendis dans ma chambre d'hôtel. Je ne bronzais pas je devenais noire de peau. Mes bras dans la douche commencèrent par se teinter et la mousse blanche se détachait de plus en plus de ma couleur moka.  
Mon vernis se pâmait maintenant entre les doigts chocolat de mes pieds. Je me sentais si belle je ne pouvais plus faire machine arrière ; ma peau aux allures de voyages ambrés et mon esprit de blanche se mariaient dans la plus parfaite harmonie,  cependant dix mille questions restaient à quai et je devrai y répondre sans doute très bientôt.  
Le lendemain je tentais une incursion dans le petit parc aux oiseaux grand comme un village juste à côté du campement des vacanciers,  on me prit pour une autochtone alors que j'étais arrivée comme une touriste. Le gardien s'adressa à moi en ouolof curieusement je lui répondis tout naturellement de la même manière. Je pus alors prendre rendez-vous pour une visite le jour d'après. A midi le groupe d'amis avec lequel j'étais venue passa devant moi sans me reconnaître. Et cela me rendit heureuse, je ne voulais plus être celle dont la naissance était connue en France le 29 février  1984, la terre ocrée de Gambie m'avait prise. Je disparus en tant que Célia et me rebaptisais Hawa.   
extrait en cours d'écriture ...
  
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