Help.

hortensiane

Help. 

Je me souviens de la première fois qu'il est apparu. Il m'a regardé tendrement. Il a pris ma main, et m'a emmené avec lui.

Mes membres me brûlaient. J'avais l'impression qu'on marquait ma peau au fer rouge. J'avais mal, quelque chose me tiraillait, et je me sentais déchirée. Je n'étais pas heureuse. Je n'en avait pas le droit.

Lorsque l'on est seul, on s'accroche à la première personne qui s'approche un peu trop près de nous. Alors je l'ai suivi.

Il a plongé ses yeux dans les miens, il a murmuré quelque chose. Je n'ai pas écouté, j'étais captivée par sa respiration. Nos doigts s'entortillèrent.  Il reparla. "Ne te perds pas." J'ai fermé les yeux et hoché de la tête.

Il serra ma main dans la sienne et me tira vers je-ne-sais où. On a marché longtemps. Au bout d'un instant, il s'arrêta. Je balayais l'endroit des yeux, il n'y avait rien, nous marchions sur un sol invisible. C'est là que je me rendais compte que nous n'étions nulle part. Perdus au fin fond de rien, un coin isolée de mon esprit. Je reporte mon intention vers lui, il ne me lâche pas. Il me fait signe de m'assoir en face de lui.

Je relevais la tête, un million d'étoiles dorées se formèrent sur nos têtes.

"Tends les bras. Ne sombre pas." Je m'exécutais. Il remonta mes manches, et mon monde s'est écroulé. Cette atmosphère paisible qui régnait autour de nous disparu. J'avais les bras en sang, des dizaines de lames étaient enfoncés dans ma peau déchiquetée. J'étais effrayée, écœurée par moi-même. Cette vision représentait la réalité. Alors il s'approcha de moi et les retira, une par une.

Une larme perla ma joue, je ravalai ma peine. Il me regarda encore une fois. Ses yeux étaient magnifiques. Il me sourit, puis disparut.

L'instant d'après, je me retrouvais seule dans mon lit.

Il ne quitta plus mon esprit. Ses mots tournaient sans arrêt dans ma tête. Ce garçon était une invitation à la vie. J'émergeais de l'abysse. Les traces de la punition qu'elle m'avait attribuée ne s'étaient pas envolées, mais le poids de mon existence avait diminué.

Je sentais que c'est toujours la même heure s'étendant sur toute la journée. Je me pressais tous les soirs de retourner au lit. Il venait les nuits où je m'endormais en pleurant, il retirait les lames des châtiments de la vie et souriait pour dire "C'est effacé. Recommence à chercher." Il disparaissait et je me réveillais épanouie.

Le temps passait et les lames étaient moins nombreuses, enfoncées moins profondément. Le sang ne coulait plus autant. Ses visites devenaient rares.

La dernière fois, mes bras n'étaient pas souillés. Il ne restait plus que les cicatrices des combats remportés. Fièrement marquées, à peine visibles. C'était ma victoire, mais aussi sa perte. Il a sourit, j'ai revu ses yeux magnifiques une dernière fois et a disparu à jamais.

J'ai trouvé ma voie grâce à lui. Je me suis accrochée à lui, je l'ai aimé.

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