Hervé, si vous êtes inscrit à un site de rencontres votre vie ne vous appartient déjà plus !
Christian
Hervé, en revenant de sa nuit à la Ferme des serveurs, est impatient de consulter sa messagerie sur l'ordinateur de son appartement. Olivier, un collègue de gardiennage, lui a conseillé de s'inscrire sur le mythique site de rencontres. Depuis son divorce, avec son nouveau job de nuit, il pensait disposer de plus de temps pour rencontrer une nouvelle nana, en fait il s'est très vite aperçu qu'en invitant une fille sympa à boire un verre dans un pub, à 21h il était rapidement obligé de la quitter pour endosser sa tenue de vigile. Il avait certes un peu de temps dans la journée, mais ne disposait plus de ses nuits, il était coincé pour faire des rencontres et surtout concrétiser !
Aussi avait-il sauté à pied joint sur l'idée de son collègue. il s'était inscrit sur le site de rencontres en ligne. Premier critère bien sûr, trouver une fille qui vive la nuit, comme lui, et surtout qu'il puisse rencontrer de jour. Ensuite les autres critères, il verrait bien au fil des conversations.
Il ne croyait pas trop à ce genre de méthode, mais puisque son copain l'avait testée et ne s'en portait pas trop mal. Il se ventait de voir une nouvelle femme chaque week-end.
Il se surprit donc à espérer comme un jeune puceau qui va rencontrer celle qui va lui ouvrir son cœur et plus si affinité corporelle.
Hervé avait donc lancé son message dans l'océan ce site où des dizaines de milliers de femmes et d'hommes étaient en quête de rencontres amoureuses, pour le moins : "homme divorcé sans enfant recherche femme douce et aimante pour partager ses journées mais pas ses nuits, celles-ci étant déjà accaparées par le travail".
Il était de retour dans son petit appartement loué en centre ville et sobrement meublé. Son divorce ne lui avait rien laissé, pour ainsi dire. Tout était au nom de sa femme. Du coup il avait perdu le peu qu'il possédait, et en plus son ancien job de commercial , après une dépression sévère.
Hervé est, ce soir, un peu moins triste que d'habitude, il espère que son collègue ne lui pas trop raconté de bobard, déjà qu'il n'est pas trop à l'aise avec l'ordi.
Après s'être servi un verre de rosé, Hervé ouvre sa messagerie. D'habitude il n'a pas trop de message de copains ou de la famille, comme il met deux ou trois jours à répondre, à cause de son job de gardien, la plupart ont cessé de lui en envoyer.
Ce soir, il pense encore ouvrir des messages publicitaires, mais, surpris, 3 courriels en provenance du site.
Un du service administration lui précisant que son message a été lu par 48 abonnées. Il n'en revient pas, 48 femmes ont pris la peine de lire son message, cela lui regonfle le moral.
Un deuxième lui annonce que Ludvanga, une jeune Slave, est à la recherche d'un mari pour vivre en France. Au moins cela a le mérite d'être clair, pense-t-il. Mais le mariage ce n'est plus son truc !
Le troisième provient de Noémie, 35 ans, infirmière de nuit dans un hôpital de sa ville. Elle voudrait en savoir un peu plus sur lui, elle est dispo pour chatter tout de suite.
Trop content d'avoir enfin une femme avec qui échanger, il clique pour se rendre sur le site et après s'être identifié, il se connecte au chat privé.
— Hello, Bonjour Noémie, si tu veux échanger je suis là !
15 à 20 secondes à peine après avoir lancé son message, il est surpris qu'elle lui réponde aussi vite.
— Bonjour Hervé, j'attendais ta réponse, tu es rentré du travail comme moi ?
— Oui, effectivement je viens d'ouvrir mon ordi. Je suis surpris que tu t'intéresse à moi.
— Je vois que tu es divorcé, comme tu l'annonces dans ton profil, moi aussi, déjà ça rapproche, tu ne crois pas ?
— Oui c'est une façon de voir, perso ça ne me laisse pas de bons souvenirs.
— Tu sais moi aussi, il m'a largué ! A cause de mon job d'infirmière de nuit et en plus il a obtenu la garde de notre fils. Soit disant, d'après le juge, mon job est incompatible avec le rôle d'une vraie mère, alors que je suis infirmière en pédiatrie, un comble.
— Punaise, ça doit être dur pour toi ?
— Merci Hervé ! C'est bien que tu me comprennes, dans ma famille, on me dit que l'ai bien cherché que je n'avais qu'à me mettre en indisponibilité pour élever mon fils.
— Tu gères comment aujourd'hui ?
— Un peu comme toi, non ? J'en suis réduite à m'inscrire sur ce site, en-dehors de mon travail c'est difficile de rencontrer quelqu'un qui puisse me comprendre.
— Tu as trouvé du monde pour t'écouter ici ?
— Oui, mais ensuite tout le monde s'enfuit, personne n' a envie de rencontrer une mauvaise mère !
— N'importe quoi ! On ne peut pas juger quelqu'un à priori sans l'avoir rencontrer.
Hervé en prononçant cette phrase ne savait pas alors ce qui l'attendait.
— C'est bien la première fois que l'on me dit ça, j'aimerai bien te rencontrer, je sais que ça ne se fait pas trop de demander une rencontre après un premier contact !
— Perso je n'y vois pas d'inconvénient, à quoi sert un site de rencontres, si on se parle que par écran interposé.
— Tu es trop chou ! Choisi la Date et l'heure de toute façon on a à peu près les mêmes emploi du temps non ?
— Demain 14h30, square Napoléon, tu connais ? On habite la même ville d'après ton profil.
— Pour moi c'est parfait ! Comment te reconnaîtrais-je, Hervé ?
— J'aurai Paris Turf sous le bras à l'entrée du Square ! Je fais parfois des paris sur des courses au PMU du quartier.
— J'espère que j'ai misée sur le bon cheval, ça te va comme entrée en matière !
— Oui, oui !
— Alors, à demain tu es vraiment trop chou !
Hervé vient de plier son ordi portable. Il est encore estomaquer par cet échange, il n'en espérait pas temps, son collègue avait décidément raison.
Le lendemain à l'heure prévue, Hervé, son journal sous le bras, arrive un peu en avance il ne veut pas se mettre en retard. Il a complètement oublié dans l'excitation, de lui demander comment elle serait habillée, en robe, en jupe ou en jean. De toute façon c'est elle qui va l'aborder.
Tout à coup deux mains viennent se poser sur ses yeux. Par pur réflexe défensif, il les saisit assez fermement et se retourne en laissant tomber son Pari Turf.
— Je crois bien que j'ai misé sur le bon cheval lui déclare tout de GO, Noémie, les poignés enserrés par Hervé.
Il en reste coi ! Surpris par cette femme, une grande brune qui plonge ses grands yeux verts dans les siens.
— On se fait la bise !
Ne sachant quoi répondre, les deux mains toujours sur les poignées de Noémie, celle-ci s'approche de son visage et vient déposer un baiser sur ses lèvres. Le contact est électrique, ses mains viennent de lui saisir son visage et sa langue vient de s'engouffrer dans sa bouche. Le cœur d'Hervé s'accélère, il retrouve des sentiments qui remontent à l'adolescence, il s'abandonne au plaisir de ce baiser suave et s'écroule littéralement dans les bras de Noémie. Elle peine à le retenir, une voiture arrive, elle le dépose sur la banquette arrière et prend place à coté du chauffeur.
— Je ne pensais pas qu'il serait aussi lourd, démarre vite !
Pas de nom ! Pas de nom ! :o))
· Il y a plus de 6 ans ·Hervé Lénervé