Histoire d'une mite - i
Laure Cassus
Mais qu'est ce qu'on va faire de toi ?
La voix venait du pantalon et elle semblait très en colère. Elle s'adressait à une personne qui se tenait debout, les pieds en dedans, un peu vouté, adoptant une attitude soumise bien que placé beaucoup trop près du dominant, à quelque 2.5 m maximum. C'était évidemment une situation extrêmement dangereuse relativement à la taille de ces êtres. Moins de 2 fois sa propre hauteur en distance de respect, c'était très difficile à réussir, la petite mite fut passablement admirative de l'aplomb de celui qui se faisait engueuler.
Au chaud sous la fesse gauche du proprio toujours avec ses bambins affamés contre lui, la mite écoutait la conversation avec intérêt car il sentait qu'il serait amené à vivre une expérience similaire prochainement. Il demeurait dans un certain flou quant à sa posture dans la confrontation. Ce n'était pas encore bien clair dans sa tête s'il tiendrait plutôt le rôle du dominant, ou plutôt un autre (rôle). C'était le tout début des affres de l'autorité parentale, une valeur généalogique obligatoire qu'il n'avait jamais travaillée jusqu'à présent, étant d'origine solitaire jusqu'à sa rencontre avec la mite. A bien y réfléchir, elle n'avait jamais essayé de forcer ce talent chez lui, en étant précisément pourvue pour deux, et il se dit que c'était peut-être un peu déloyal de sa part, mais bon, il était encore temps de s'y essayer à travers les mômes. Qui tombaient bien finalement. Du coup il tendit mieux l'oreille et l'oeil.
Le jeune garçon, très grand et situé beaucoup plus haut que l'autre, (la mite n'en revenait pas), se mit à parler à la vitesse d'une machine à coudre non contrôlée, en débitant une suite de mots très ronds et beaux, bien qu'on n'y comprit rien. Le ton du discours était tellement tremblant qu'on aurait pu le voir sorti de la bouche plissée d'un vieux de 90 ans, n'ayant plus d'avenir, plus d'énergie, une dépendance infinie à l'autre, s'ajoutant à une peur absolue de mourir devant la non maitrise des fautes amoncelées sur presque une décennie de décennies d'existence.
C'était vraiment pathétique.
La mite se dit que jamais il ne ferait subir une chose pareille à ses garçons, et quant aux filles c'est sûr qu'elles le baladeraient dès leur naissance avec leur yeux baissés et leur moue de dérangement chronique.
Finalement le jeune sortit de la pièce et son père étala ses jambes de contentement, faisant basculer son cul plus en profondeur dans le fauteuil. Il en advint que la grosse mite glissa et se retrouva contre le pantalon, ce qui la réveilla. Elle avait les crocs et s'engagea dans un découpage intempestif et pas très minutieux du pantalon de lin. Puis elle attaqua un tissu imprimé de palmiers qui était peut-être une doublure mais qui se trouvait être un calebut délavé. Ce n'était vraiment pas le moment pour elle de se poser des questions de pudeur mal placée, elle qui avait le sexe écartelé du passage de ses 15 rejetons, et des inflammations veineuses dignes d'un conditionnement en barquette de boudins noirs antillais.
Elle appela son compagnon qui lui répondit qu'il ne pouvait toujours pas s'occuper d'elle, étant coincé avec les gosses. Les gosses profitèrent du rétablissement de la communication entre leurs deux parents pour participer à hauteur de quelques aigus hyper haut perchés, d'autant plus hauts qu'ils étaient plus affamés. Or certains tenaient de leur mère.
La vibration cumulée en résonance produisit une onde sur la soie du fauteuil qui partit rebondir contre un clou et revint avec un effet de marée contre le pantalon qui vibra et fit ressentir une décharge d'électricité statique au propriétaire du cul allongé.
Il se leva d'un coup croyant être stimulé par son destin et culpabilisant vaguement d'avoir castré son fils alors que lui-même venait de s'octroyer 15 minutes de glande sur un fauteuil de famille.
Il sortit en prenant soin de claquer un peu la porte derrière lui de sorte qu'il réactiva dans les murs de la chambre du fils un sentiment de honte, celui d'être encore chez ses parents à son âge alors qu'il n'avait plus 90 ans depuis longtemps, précisément depuis l'instant où il avait réussi à sortir du regard de son paternel.
Il alluma une cigarette pour faire chier sa mère qui le couvrait en toute situation virile, et parce que c'était sa façon d'être un homme, de se faire reprendre sans arrêt par une femme, pour l'instant par sa mère. Celle-là il la connaissait bien, il l'avait vue à poil plus d'une fois et passé son enfance la tête dans sa foufoune au prétexte d'avoir besoin d'un câlin de jambes. Or la femme qui se laisse sentir le sexe à la moindre contrariété n'a pas fini d'en découdre avec les problèmes de virilité comparée de son homme.
Sur le fauteuil, la mite faisait son possible pour refermer ses plaies avant l'arrivée de son compagnon, qui pourtant avait vu l'origine du monde à 6 reprises déjà.
Pour détourner l'attention de ce point focal qui la faisait hurler de douleur basse, elle demanda un cocktail et fit croire qu'elle fêtait son accouchement comme on fête un nouveau contrat. Et pourtant c'en était un bien sûr.
La petite mite accourra avec un jus de soie rose et lui massa gentiment les ailes pour qu'elle n'oublie pas quelle mite libre et vigoureuse elle était à ses yeux. Hum c'est délicieux dit-elle ! Ou as-tu trouvé cette petite soierie fraiche et délicate ? j'adore… C'est un ingrédient de ma fabrication, une petite touche personnelle que je tenais à te faire découvrir et c'est de surcroit un bon reconstituant de l'énergie primordiale, je crois que tu en as besoin.
Je vais très bien tu sais.
Nous aussi dit-il à propos des petits. Ils dorment en paix pour certains et entre des fils de soie pour d'autres. J'ai récupéré les chutes de fil de lin que tu as découpé , de façon à couvrir les bambins pendant leur première sieste sur le fauteuil.
C'est bien mon chéri, faut qu'ils prennent goût au sommeil, très bonne idée.
Et il l'embrassa sur le front.
ah nan mais t barrée toi hein, c trop fort cette série et super poupoune en plus je m'y samuse à chaque fois parfois plus qu'à d'autres mais c'est très régulé, ah voilà étalonné en fait c'est fluide et ça se suit naturellement, franchement tu mérites plus de lectures, twitte tes textes sur tweeter façon bouteille à la mer ça marche ! bises et c'est baudhuin le patice dont je te parle , dessin en cours....
· Il y a plus de 8 ans ·Christophe Paris
:) bah je sais plus quoi dire devant cette éloge !
· Il y a plus de 8 ans ·le tweet pourquoi pas un texte à la mer.
merci mon canard
Laure Cassus