Hitoire des Hommes

Le dernier poilu est mort depuis quelques années déjà. La Grande Guerre et ses atrocités nous semblent déjà d'un autre temps. Elle marque cependant un tournant décisif dans l'organisation de l'ordre mondial. Elle ne peut aussi que nous toucher car c'est aussi notre histoire. Celle de nos aïeux qui sont tombés pour défendre quelques mètres carrés d'une France saignée à blanc et dont les noms sont à jamais gravés sur les monuments rendant gloire à ces héros de l'ombre. La Première Guerre mondiale marque le début de l'époque contemporaine et de notre conviction, écrivait Paul Valéry, que désormais "nous savons que nous sommes mortels".

1) la Machine infernale

Le 4 août 1914 est en France un jour particulier : le tocsin retentit, relayé par les tambours du village. L'ordre est donné de se mobiliser pour la Nation qui « sera héroïquement défendu(e) par tous ses fils » (Président POINCARRE). La France est attaquée par l'Allemagne suite à un jeu d'alliances complexes. 

En effet, en 1908, afin d'étouffer la montée du nationalisme slave,  le grand Empire austro-hongrois avait annexé la Bosnie-Herzégovine à la colère des Serbes et de leurs Alliés russes. Ainsi, lorsque l'archiduc FRANCOIS-FERDINAND, neveu de l'empereur FRANCOIS-JOSEPH, est assassiné à Sarajevo, et que l'on s'aperçoit que l'auteur de cet attentat n'est autre qu'un Serbe de Bosnie (Gravilo PRINCIP), l'Empire austro-hongrois et son allié l'Allemagne accusent la Serbie d'être le commanditaire du meurtre et leur déclare la guerre le 28 juillet. Le mécanisme des alliances infernales se met alors en route. La Russie, alliée de la Serbie mobilise ses troupes. L'Allemagne lui déclare la guerre le 1er août. La France et la Russie étant alliées depuis 1892, GUILLAUME II (l'Empereur d'Allemagne) déclare aussi la guerre à la France le 3 août 1914.

Dans quel état d'esprit partent ces 3,6 millions de Français ? On les voit souriants dire au revoir à leur bien-aimée que beaucoup ne reverront plus. Le savent-ils ? Tout espoir de pacifisme est réduit à néant après l'assassinat du socialiste Jean Jaurès le 31 juillet 1914 sur la terrasse d'un café parisien. Il faut se résigner à combattre un ennemi que l'on ne connaît pas. La revanche aussi a sonné pour se venger de l'affront de 1870 où la France avait perdu l'Alsace et la Lorraine. C'est un argument de plus mais on se serait bien passé de ce nouveau conflit... 

2) Le Feu (Titre du roman d'Henri BARBUSSE évoquant l'horreur de la vie dans les tranchées) 

La bataille commence par une guerre de mouvement. Les Allemands veulent envahir rapidement la France grâce à leur plan Schlieffen en prenant les armées françaises à revers en passant par le Luxembourg et la Belgique. Quant à eux, les Français veulent pénétrer au-delà du Rhin et de la Moselle. C'est un massacre : 27 000 Français pilonnés par l'artillerie allemande perdent la vie le seul 22 août 1914. Grâce au général JOFFRE qui dirige l'armée française et à l'idée géniale du général GALLIENI qui utilise plus de 600 taxis pour acheminer près de 6000 soldats jusqu'au front, les armée du général allemand VON KLUCK battent finalement en retraite. Après cette guerre de mouvement, la guerre prend un autre tournant : les armées campent sur leur position et s'enterrent dans des tranchées de 2m de profondeur creusées en zigzag et sur plusieurs lignes de front.

Face aux difficultés rencontrées par les Russes sur le front oriental, les Britanniques aidés par les Français lancent une opération dans le détroit des Dardanelles. Dans cette mer truffée de mines par les Turcs de l'Empire Ottoman, les alliés parviennent néanmoins à accoster sur la presqu'île de Gallipoli où ils se heurtent à l'armée turque et à un jeune colonel turc à l'avenir prometteur : Mustafa KEMAL. CHURCHILL, Premier lord de l'Amirauté, démissionne après ce désastre. Le reste de cette armée se repliera en Grèce où, renforcée par les serbes, les Russes et les Italiens, elle mènera une offensive victorieuse en septembre 1918 sous le commandement du général FRANCHET D'ESPEREY.

La bataille de Verdun (février 1916) et celle de la Somme (juillet 1916) illustrent à elles-seules les horreurs de la Grande Guerre. Si PETAIN réussit à stopper l'avancée allemande de FALKENHAYN dans la première, le bilan est de 700 000 morts, blessés ou disparus.

JOFFRE lance une nouvelle offensive aux côtés des Britanniques lors de la bataille de la Somme. Ces derniers mènent l'un de leurs premiers combat et essuient des pertes très importantes : 60 000 soldats hors de combat lors du premier assaut. Le bilan final est encore plus lourd que celui de Verdun : 1,2 millions de morts ou blessés pour une avancée de seulement 10 km. En décembre a lieu la bataille du Chemin des Dames, terrible elle aussi : 36 000 morts du côté français et le général NIVELLE est remplacé par PETAIN.

Le 7 mai 1917, le paquebot britannique RMS Lusitania est coulé par un sous-marin allemand : 1600 passagers trouvent la mort dont 130 passagers américains. Les Etats-Unis menacent l'Allemagne de sanctions qui décide aussitôt de suspendre sa guerre sous-marine jusqu'à la fin de l'année 1916. Pourtant, dès le 31 janvier 1917, le chef d'état-major des armées Paul Von HINDERNBURG et son adjoint Erich LUDENDORFF lancent la guerre sous-marine à outrance. Ordre est de tirer sur tout navire, quelle que soit sa nationalité. Cette fois, c'en est trop : les Etats-Unis finissent par déclarer la guerre à l'Allemagne le 6 avril 1917.  Cette décision est aussi motivée par le décryptage d'un télégramme du ministre des affaires étrangères allemand invitant les Mexicains à une action contre les Etats-Unis.

Alors que la Russie s'était engagée dans le conflit avec 8 millions d'hommes, un événement va faire basculer le destin de ce pays et d'une grande partie de l'Europe pour les décennies à venir. (à suivre)