Hommage à Dimitri : introduction

blanche-dubois

Dimitri, un homme inventé de toute pièce

Jadis, j'avais imaginé que je vivrai avec un homme brun aux yeux verts. Je m'en étais fait une image précise grâce au catalogue La Redoute de l'époque. Celui de 1982 peut-être ? Je pensais donc peu ou prou à quelque chose de similaire dans une vie future.

Jadis, je me figurai qu'a 28 ans, c'est à dire en l'an 2000, je serai une parfaite épouse, mère de deux enfants avec le boulot de mes rêves et un homme suffisamment potable pour passer avec lui une bonne partie de ma vie.

Jadis, je me disais que vieillir c'était très long et par conséquent, je n'imaginais pas grand-chose à part quelques rides autour des yeux. Que vieillir c'était long et que ce n'était pas prêt de m'arriver et que je n'étais pas prête pour cela. Que l'inacceptable était à repousser.

J'imaginais des grands sourires éclatants avec des dents bien blanches. Les miennes. Des mains fines avec de jolies bagues de grande valeur et fines surtout. Pas de la quincaillerie. Quelque chose qui ferait tomber. Puis l'assurance d'une réussite ou l'idée même de la réussite professionnelle avant tout. Je tiendrais ma revanche.

Alors que jadis, je n'imaginais pas d'autres hommes.

Avec la prise d'âge, j'imagine d'autres hommes, celui qui est quelque part et que je n'attends pas. Celui qui ne se présente pas à ma vie mais qui suit le cours de sa vie et qui me croise et qui me quitte. Non, un amoureux transis. Un point d'intersection ou une ligne droite ? Une ligne de fuite...un horizon pas très clair, des désirs pas clairs, des sentiments pas clairs. Mon amour est si fugace et intense. Parfois je me demande si ce n'est pas du faux.

Jadis, je voulais le vivre pendant très longtemps avec un minimum de souffrance. Quitte à serrer les dents longtemps. Bah, je me laisse faire, je me tais. Je reste belle et je me tais.

Jadis, si j'avais eu un père proche de moi j'aurais été sure de moi. Je devais être mon propre père, ma conscience.

Jadis j'aurais imaginé autre chose que cela : une femme au corps brisé qui ne répond pas toujours à l'appel du désir, désir à la silhouette amoureuse et fantomatique. Seul dans l'amour perdu le désir reste et les fantômes survivent.

Jadis, les sentiments avaient un socle. Dorénavant, ils disent tout et leur contraire.

Jadis , j'étais romantique.

Jadis, j'étais sentimentale

Jadis, j'étais dans le conformisme le plus total.

Jadis, il me semblait que j'étais niaise

Jadis, j'étais une fille à qui j'ai envie de mettre des baffes là, maintenant. Comme j'ai envie de me mettre des baffes assez régulièrement.

Je suis capable d'un amour intense et fugace. Aussi redoutable que celui qui est stable et qui perdure. Enfin, alors que beaucoup de monde croit qu'il est tranquille.

Jadis, j'avais des croyances.

Jadis, je ne savais pas boire.

Jadis, j'étais très innocente.

Jadis, je ne me trouvais pas très jolie. Et c'est vrai, j'étais moche.

Jadis, je me trouvais jolie. Et c'est vrai, j'étais une jolie niaise.

Jadis, je pensais aux hommes que je rencontrerai. Désormais, je pense à ceux qui ne me connaitront pas.

Jadis, j'imaginais des dialogues, chaque heure passée dans le RER sur quelques journées mornes de la fin d'hiver. Je voulais un homme précis. Je ne sais plus ce que je veux, moi.

Jadis, il y avait Dimitri.

  • il y a plein de choses là-dedans. plein de choses qui sont profondément "femme" et qui résonnent, Jadis, j'ai lu que George Sand avait résolu de toujours vivre pour un homme. Et je me disais que je serai comme elle. C'était jadis, aussi. merci pour le partage ;)

    · Il y a presque 9 ans ·
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    ellis

    • Merci pour ton commentaire tres pertinent

      · Il y a presque 9 ans ·
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      blanche-dubois

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