Homme banal des temps modernes

H est un homme de la classe moyenne. Employé dans une entreprise d'emballages de produits industriels, il travaille non pas par passion mais par nécessité. Nourrir sa famille, lui apporter des revenus suffisant pour combler ses besoins et permettre de goûter le temps d'un court été à la saveur du soleil et d'un cocktail rafraîchissant au côté d'une femme aimante et d'enfants heureux.

H a une vie banale, un quotidien fatigant, de lourdes responsabilités mais également une passion qu'il dissimule à ses proches : il aime collectionner les timbres des visages de personnalités historiques, et les observer pendant des heures, scrutant leur regard, imaginant quelles étaient leurs vies, leurs habitudes. Peut être qu'il n'est pas doté d'un sens exceptionnel du courage, car il manque d'ambition, mais il se suffit, comblé par son imagination décalée et sa vision excentrique de ce qui l'entoure.

H n'est pas particulièrement optimiste, ni dépressif d'ailleurs, pourtant il lie instants de joie et de larmes avec une aisance surprenante qui pourrait laisser croire à une forme de bipolarité dérangeante, mais il n'en est rien. Il sait quel intérêt porter à la politique, ou à la philosophie, mais n'y prête guère attention par manque de temps, ou de compétences intellectuelles. Il n'aime pas les discours rébarbatifs des politiciens de son temps, il préfère se tourner vers le passé en songeant à l'époque des grands hommes.

H n'est pas un homme très attirant ; l'âge l'a usé, tirant ses traits, tirant sa peau, comme le vieux chêne s'endurcit, se parant d'une écorce épaisse et craquelée, cicatrices d'une vie passée à endurer. Cependant il met des costumes, trop grands, pour sembler plus musclé, plus robuste, et pour lui donner cet air qu'ont ceux possédant un travail prenant, prestigieux. Il n'y a nul doute, H est un homme banal.