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Rébecca Brocardo
La vie de quartier est plus prosaïque que ces fantasmes louches. Je prends Deb par le bras et je sors, je lui allume une cigarette que je pose tendrement entre ses lèvres et je la vois rire à travers le voile de la fumée, ses dents croquent le monde, ses cheveux longs jouent dans le vent. J'entends l'accent de sa voix longtemps après qu'elle ait parlé, elle est comme un ange qui ravit mon âme. On entre une boulangerie, personne. Je prends un gros bonbon en forme de cœur et le lui tends.
– Tiens ma belle, je t'offre mon cœur.
– Oh, comme c'est gentil, ma poupée !
– Planque-le vite, je viens de le chourer.
– Hein, quoi, comment ?
Ses yeux se plissent une seconde dans un air de réprobation adorable et elle le fourre dans sa poche, mine de rien. Son temps de réaction et son air incrédule me font d'abord sourire, et c'est l'arrivée de la boulangère qui provoque la crise de rire.
« J'ai été jeune avant vous, vous savez », nous dit cette dernière en nous offrant des meringues. On rencontre Jemil qui fume un joint derrière le gymnase du collège, je tire quelques lattes. Envolée, j'erre dans un état second, je serre Deb dans mes bras, elle me rend mon étreinte, on est heureuses. Jemil a de beaux yeux verts, c'est la dolce vita.
Une amitié décrite avec humour et une certaine "lucidité" ! merci !
· Il y a plus de 13 ans ·Edwige Devillebichot