Hot Blood and fresh Chrome.

realmppn

Hot blood and fresh chrome


« C'est ma bande dessiné préférée ! Ça parle d'un type sur sa moto – genre chicanos, moustache guidon et lunettes aviator, qui traverse la route 66. Il roule, roule et roule puis tombe sur une bande Nazi Low Rider. Le gang le suit. Il s'arrête dans une station service, boit une bière et voilà que les mecs l'emmerdent, lui cherchent des noises et le type c'est pas un tendre. A peine que le premier facho monte le ton, il lui en colle une ... »
« Tu sais que j'en ai absolument rien à faire. » Lui a répondu la fille, puis elle ricana, en posant sa main sur celle du gamin, pour le détendre. Lui, complètement lancé dans son histoire a été stoppé nette par son auditoire. Une nana, canon, le galbe des mollets délicieusement cambré par ses talons de douze centimètres. Un short indécent, un décolleté ravageur. Blonde comme le jour, lèvres pulpeuses et rouges écarlates. La nana tape à l'œil savez ! A qui on avait collé – à tord ou à raison, une étiquette de décervelée, accroc à la mode, la presse à starlettes et qui connaît bien trop sa condition de femme fantasme. Ouais, pendant le récit, elle crapotait, s'impatientait, trifouillait son téléphone. Puis, elle l'avait interrompu. Lui, qui ne lui disait jamais non, qui écoutait ses moindres soucis, tracas, sans jamais osé penser l'interrompre. Il la déposait ici-là, allait la chercher à la sortie des boites de nuit, lui payait des verres à tout va. Elle faisait à chaque fois la nana gênée, et pour récompense, il avait le droit d'être son meilleur ami. De dormir avec elle parfois, sans la toucher, un meilleur ami quoi. Quelle connerie ! Voilà ; fou amoureux qu'il était le gamin ! Et y avait de quoi. C'était une nana merveilleuse, bonne à vivre malgré son autorité sur ce pauvre confrère. Il était vexé ! Sacrément vexé, je le sais, quand il tire cette tête là, c'est que ça na va pas. Mais elle ne s'en doutait pas, habituée à ce qu'il soit toujours agréable. Elle embraya sur le récit de sa soirée. De Paul, un type qu'elle avait rencontré en boite, comment qu'il était galant, drôle et charmant et tout. Ça le soûlait et pour la première fois – et je l'en félicite, il lui fit part de son désintérêt : « Ah génial, mais vraiment, Lili, il faut que j'y aille. J'ai à faire. Désolé hein ! On en parlera. ». Bon, il s'était surtout esquivé, mais pour une fois, il n'était pas totalement dans la complaisance.

AFC.

Une fois chez lui, il lui envoya une missive, longue et furieusement chiante, mal écrite, sans la moindre brièveté, sans épargner à Lili toutes les lourdeurs des tournures de ses phrases poétiques. Il lui avait exprimé, avec de grosses pincettes, son mécontentement. Sans arrêt, il zyeuta son portable, attendant avec impatience qu'il se mette à vibrer. Que dalle. Une heure, puis deux, puis trois, puis le lendemain, que dalle ! En rogne qu'il était. En rogne ! Il s'envoya une belle rasade de Gin. Fuma un joint, se sentit apaisé. Tranquille dans son fauteuil, il guetta toujours le petit objet à communiquer, à sa vue la rogne remontait ! Le logo du portable devint l'unique obsession, ou du moins l'incarnation de celle-ci. Ses yeux, écarlates, enivrés, perçaient l'objet, qui finalement retenti. Le gamin sauta dessus, décrocha. C'était elle. Elle était en larme au bout du fil. « Je ne comprends pas ! Articule ! » Qu'il lui fit ! « Quoi ? » qu'il poursuivit. « J'arrive, attends, j'arrive ! ». Il choppa un couteau dans la cuisine et en trombe quitta son chez lui, s'engouffra dans sa bagnole et fila droit le long de la route qui le menait chez elle.
Il vit alors des images de « Hot blood and fresh Chrome » défilés sous ses yeux. Un autre passage où un camé au volant d'une vielle ford vole à la rescousse d'une gonzesse fauchée séquestrée par ses dealers. A la fin, le camé crève, en sauvant la belle. Tss, ces histoires flattent bien trop les gamins de son genre, déprécient la réalité qui lui sauta à la figure quand il manqua de renverser une vielle qui traversait. Un coup de frein, une forte montée d'adrénaline et une mort évitée, mais du temps de perdu. Il reprit ses esprits.
« Je suis défoncé. » Qu'il se disait. Mais il redémarra la caisse, se persuadant qu'il n'était plus très loin. Son cœur s'emballait et pour se calmer, il repensait à Lili, à comment qu'elle était belle, raffinée et sexy. Il en avait la trique. Tout ça, ça le faisait bander : la défonce, l'adrénaline, Lili ! Un sec coup de frein, puis il sorti de sa caisse, escalada le grillage de la résidence, s'engouffra dans le bâtiment et courra les quatre étages de chez Lili. Il sonna à la porte, le souffle coupé. La sonnerie retentit. Rien. Le silence. Il soufflait, sonna encore. Rien. Sa trique tomba, cette fois, l'angoisse monta. « Putain, il se passe quoi derrière cette porte ! » fit-il, déçu de ne pas encore être dans son personnage de héros mais aussi très inquiet. Il prit son téléphone et appela Lili. Pas de réponse.

HB.

Elle était - depuis la veille des événements avec son nouvel amant, le type, Paul. Elle avait reçu le pavé du gamin et avait bien rit, tout en ajoutant « c'est mignon. » Elle le montra à Paul. « Tss » fit Paul. « Mais c'est quoi ce gars ? Il croit que t'es sa nana ou quoi ? Il te veux trop ! Faut qu'il comprenne que c'est mort sérieux ! ». Lui ne trouvait pas ça drôle, ni mignon. Il faisait le gars jaloux pour montrer à sa belle qu'il était viril. Qu'elle était à lui. Ce genre de chose. « Mais non ! Il n'oserait jamais, il a déjà dormi avec moi, il n'a rien tenté tu sais ! » qu'elle lui fit. « Il a dormi avec toi !? Il a dormi avec toi !? » fit Paul avec tout le cinéma du mec remonté. « Mais il ne s'est rien passé ! Qu'est ce qui te prend ? » S'enquit-elle. « Ce qui me prend ? C'est que ça m'énerve tu continues à lui parler alors que t'es avec moi. Tu le chauffes et lui il espère. Répond pas à ce message ! » Qu'il lui répondit. « Mais tu crois que tu vas me donner des ordres en plus ? » qu'elle lança, froidement. Les deux amants se regardèrent. Lili sourit. Paul fut gêné. Sa haine retomba tel un soufflet face à celle qu'il chérit tant. Elle avait le pouvoir. Elle le pris par le cou et l'embrassa. « T'es jaloux ! Hein t'es jaloux ! » fit elle, l'air ricaneuse. « Mais non … » répondit Paul. Ils s'embrassèrent encore. « Hey Paul, rapproche toi, viens » lui fit-elle. Ils étaient dans le lit, juste après l'amour. « J'ai un plan pour mon « meilleur ami » » qu'elle lui glissait à l'oreille. Paul écouta avec intérêt. « D'accord, mais pourquoi ne pas tout simplement aller le voir tous les deux et montrer qu'on est ensemble ? » Qu'il lui demanda. « Mais non, c'est un gamin en vrai ! Il adore les trucs de ce genre, les trucs de super-héros ! Tu vas voir, ça va être drôle ! ».

AFCHB.

Le gamin était devant la porte. Il attendait. Des pas longs venaient des escaliers circulaires. Il entendit un souffle d'homme, ça montait, montait. Il se planqua dans un coin. Sorti son couteau. La paranoïa de la fumette le travaillait. « C'est l'un des types ! C'est l'un des types ! » qu'il se disait. La tension revenait à grand galop. Il coupa son souffle pour ne pas trahir sa présence. Les pas se firent de plus en plus fort. Chaque pas faisait frissonner son échine. Son regard passa de la peur à la détermination. Les pas s'arrêtèrent. Il sentit tout prêt de lui le souffle du type. Il vit l'ombre sur le sol, l'ombre d'un type fort et grand qui semblait porté dans ses bras une femme. Une fois le type arrêté, sans le voir de face, il y devina un présumé tortionnaire de sa belle. Dans un élan d' hardiesse, il s'affala sur lui et lui planta son couteau dans le bide, d'un coup vif et précis. Dans un strident cri de femme, le type lui tomba dessus. Lili s'effondra au sol, et Paul sur lui, dans les marches. Il respirait fort. Il vivait encore. Le gamin avait les mains ensanglantées. Ses yeux tremblaient, il jeta de vifs regards entre Paul au sol et Lili chialant au-dessus de ce dernier. Il ne comprenait pas la détresse de sa bien-aimée. Elle s'était mise à le traiter de tous les noms, sa voix pas uniquement saturée par la rage mais aussi par la tristesse qui fit écho en lui. Il comprit alors que ce type mort à ses pieds n'était autre que l'amant de Lili.
Lili expliqua aux flics que c'était de sa faute, qu'elle voulut faire croire au gamin que Paul l'avait sauvé de types qui l'agressaient. Les flics n'y croyaient pas, pensaient que le gosse en voulait à Paul parce qu'il était l'amant de la fille qu'il aimait, puis animé par l'ivresse il en arriva à l'acte fatidique.

  • Merci beaucoup hel, grâce à toi, je saurai que galbe est un mot masculin !

    · Il y a presque 10 ans ·
    Memel

    realmppn

  • De la conviction dans le ton qui sonne convaincant, tu as un truc qui amène à poursuivre la lecture. Juste je me permets on dit le galbe, et je pense qu'il y a parfois des petits cafouillis niveau raccord des temps.
    Au plaisir de te relire dans tous les cas.

    · Il y a presque 10 ans ·
    Avat

    hel

Signaler ce texte