Huit ans trois-quarts

pardessuslajambe

Ils célèbrent tes huit ans. Moi je fête tes huit ans trois-quarts.
Tu souffles tes bougies mi-septembre. Je les allume chaque premier janvier.

On leur a volé trois trimestres.
On a fraudé d'une presque année.

J'ai déposé les vestiges de ces neuf mois dans un petit paradis fiscal.
Un endroit préservé où les souvenirs ne sont pas imposables.
Tant pis si c'est illégal.
J'ai préféré, pour toi, sécuriser ce capital tendresse. Un hold-up sentimental.
Pour qu'il reste intact.
Pour quand tu seras plus grande.

En vrac dans un coffre-fort blindé, dont je garde la clé pour toi, tu trouveras : une larme d'émotion un soir de réveillon, les prénoms que nous avons évoqués, les premiers clichés de toi par écran interposé, les envies de dormir, la joie de voir mon ventre s'épanouir.

Tu trouveras, surtout, l'amour que j'avais déjà pour toi, bien avant qu'ils ne te serrent dans leurs bras.

Tu m'offres ton sourire éclatant, émaillé de quelques dièses et bémols.
Mi-princesse, mi-pirate. La complice idéale.
Je te regarde taper dans un ballon de foot en jupe rose-bonbon.
Tu joues à la croisée des chemins entre le jardin d'enfants et la première soirée en boîte.

Je file préparer le gâteau.

Surtout ne rien dévoiler, ne prendre aucun risque.
Personne ne dois savoir que tu es riche de ces beaux moments, que je garde jalousement pour toi.

Je leur laisse croire que je célèbre tes huit ans.

Et je trinque, en te faisant un clin d'œil, à nos huit ans trois-quarts.


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