Humain inhumé.
era-din
"Sois humain."
Cet ordre ordinaire qui n'offre qu'une once d'obligatoire dans nos vies.
Quelle cacophonie, quel capharnaum que cette collision de cadres corrompus, cadastres et cadenas plus que cadeaux.
"Sois humain, c'est essentiel."
Et si, sans s'en soucier, sans savoir, on ne serait pas ce que l'on croit ?
Si l'on était pas humain au naturel?
Quelle possibilité la prérogative prefaite de l'humanité peut pourvoir au dépourvus de pouvoir ?
Et si, l'erreur récurrente de notre répétitive existence était d'essayer de se hisser à la hauteur d'un idéal incrusté en nous, par des années de tradition perpétrées par la phrase "sois humain" ?
Et si cela ne nous noyait pas dans une fausse nature, narrée par un narrateur nanti et nécrosé par un negativisme niais?
Et si cela nous empêcher de voir, savoir, entrevoir qui l'on est vraiment ?
Et si l'on se perdait dans tous ces sons, ces mots, ces sentiments...
Quel est le sens de ne pas ressentir nos sensations ?
Alors on se retrouve perdus, lassés, fatigués, on ne sait plus qui croire. Devons nous etre humain, et comme tout le monde, ou n'écouter que nous, et risquer de devenir des marginaux ? Ou réside le vrai choix-- au sein de l'individu, ou au sein de sa société ?
Chercher à comprendre, c'est chambouler et apprendre.
Mais réflechir, s'interroger, ne pas dormir, ne plus se coucher... Ce n'est pas lucratif, ce n'est pas attractif.
Alors on se fatigue, et plus jamais on ne s'intrigue. On en parle pas, de peur de passer pour un fou. On se dit que puisque personne n'en parle, ça vient sûrement de nous. Et on finit par oublier que l'on est différent. Que l'on avait des rêves. Que l'on croyait en des choses. Que l'on avait un passe-temps artistique. Que l'on rêvait d'un conjoint spécial. D'amis qui sortaient du commun. Que l'on avait des désirs personnels. Des envies de voyages.
Et en l'espace de quelques années, on se retrouve pendu. Serré au coup par une cravate à bas prix, parce que ce qui compte, c'est l'apparence. Et on la met tous les matins, mal, mais on la met. Pour montrer qu'on fait partie du monde "qui a réussi". Et on embrasse sa femme sur le front, et on lui dit qu'on l'aime. Même si on la trompe tous les week-end, et qu'elle n'est pas celle de nos rêves. Mais elle, elle restera. Elle est assez belle et gentille pour "faire bien." Et puis on a deux gosses. Un garçon qui s'appelle Enzo, une fille qui s'appelle Léa. La chambre du gamin est bleue, avec des voitures, des petits soldats et des jeux vidéo. Celle de la gosse est rose, avec des poupées, des têtes à coiffer et une dînette. Oh, et bien entendu, on a 2 voitures, des grosses, chères, que l'on a payé à crédit, mais peu importe notre petit salaire, tant qu'on a l'air fier.
Et voilà. On a réussi. On des modèles de la société.
Finalement, on peut le dire, on est humain.
Et on dit à nos enfants de faire de même. De devenir des modèles. Des réussites. Des chefs d'oeuvre admirés partout et par tous.
Mais à quel moment sommes-nous nous-mêmes ?
Merci :)
· Il y a plus de 11 ans ·era-din
J'aime, j'ai le sentiment de retrouver un peu l'idée de Trainspotting. J'aime beaucoup ton titre aussi, très bien trouvé.
· Il y a plus de 11 ans ·maddie-perkins