Hush, Hush...

Regarder un peu en l'air, se poser les bonnes questions,

Et derrière tes paupières closes filent des étoiles,

Des météores fonçant vers d'autres horizons,

Fillette,

Surtout garde tes yeux fermés…

…Écoute ma voix, écoute-moi :

Ne termine pas avec une cravate autour de son si joli cou,

Ne termine pas pendue comme tes sœurs avant toi,

De celles qui ont tenu à voir, à distinguer, à observer,

Et qui sans crier gare, dans le puits sont tombées,

Oui tu mourras peut-être un jour, mais pas ce soir,

Je te le promets : peut-être un jour,

Mais pas ce soir…

Prend ma main, fais-moi confiance,

Et écoute-moi bien, si tu ne veux pas,

Perdre ton innocence, et ta candeur,

Sombrer dans la tristesse, voire la pire des peurs.

Nous vivons dans un monde cruel,

Et je refuse qu'il t'ensorcelle,

Je ne supporterai pas de te perdre,

Ou que tu oublies qui tu es vraiment,

Parce que tu auras vu,

Parce que tu auras cru,

Et l'espoir envolé,

Pour aller les retrouver,

Là-bas six pieds sous terre,

Alignées, enterrées, décédées,

Tes sœurs ont succombé,

Mais toi, si, tu sauras rester.

Je vais coudre tes paupières, mais ne sois pas effrayée,

Tu n'auras pas mal... et mon fil est doré,

Mieux vaut que tu ne vois jamais,

Autrement toi aussi je te perdrais,

Prise dans les rouages d'un quotidien

Qui me donne à moi-même des haut-le-cœur,

Ce monde que je connais pas cœur,

Et qui non ne te mérite pas.

Regarder un peu en l'air, se poser les bonnes questions,

Oui, oui , cela partait d'une très bonne intention,

Mais tes étoiles au fond du cœur,

Ont nettement plus de valeur,

Et tes yeux encore immatures,

Désormais sous points de suture,

Tu ne rateras rien, je te le jure,

De ce monde qui n'a nul futur.

Tiens fort ma main, ne me lâche pas,

Je vais désormais m'occuper de toi,

Et tu créeras dans l'ombre,

Les plus jolies choses au monde,

Et les Autres ne comprendront pas,

D'où viendra cette beauté déchue,

Tu seras Reine dans mon univers,

Oui ma puce, fais confiance à ton père,

Il vaut mieux garder les yeux fermés,

Parfois,

Surtout pour en toi garder ces pierres précieuses,

Qui ne reverront jamais la lumière,

Car la lumière est désormais en toi,

Mais ça je sais que tu le vois déjà…