HYPERMNÉSIQUE ANONYME

J'aime ma ville, j'aime tout ces habitants
dans ma vie, il n'y a rien de plus important 
J'veux y vivre jusqu'à la fin des temps
Puis Maman m'a dit: "déménagement"

Évidemment, j'étais pas d'accord
J'ai déménagé encore et encore
J'en avais ras l'bol, battais tous les records
J'ai fait 2 lycées, 3 collèges et 4 écoles.
Quand dès l'plus jeune âge
Ton quotidien et tout ce qui fait ton personnage
C'est aimer et être aimé de tout l'voisinage
Et puis du jour au lendemain, tu déménages.
Évidemment ça t'atteint,
Une chance sur deux d'avoir des troubles affectifs.
Soit t'es anxieux et t'a peur d'nouer des liens.
Soit tu t'attaches et c'est définitif
Qu'importes l'endroit où j'habitais,
Le même sentiment d'inachevé qui m'achevait.
Comme tu dois t'en douter,
Émotif, je suis d'ceux qui s'attachaient.
J'pensais m'y habituer mais je n'm'y suis jamais fait
Plus j'déménageais plus ça s'accentuait
Plus j'aime les gens, plus ça m'effraie.

Ainsi un jour, j'en ai eu marre des adieux
Marre d'déménager une année sur deux
J'voulais les retrouver même si c'est fastidieux
J'voulais les retrouver, revoir chacun d'eux
J'voulais retrouver mes racines et d'où j'viens
Revoir ces lieux, ces gens dont j'me souviens.
Les retrouver fut facile mais fut vain
Car pour mes voisins, mes voisines
Pour mes copains, pour mes copines, j'étais personne.
Eux que j'considérais comme ma propre famille
Et je n'te parle même pas des petites copines.
J'étais devenu un étranger,
Un vague souvenir, un anonyme.
Très peu de temps après une grosse rupture
j'ai du voyager pour fuir ma solitude, il fallait que je suture.
Il fallait que je dé-sature,
que je souffle, me restructure
J'ai négligé les gens et à mon retour
J'me suis violemment heurté contre un mur.
Ils vivaient mon absence comme une trahison
Quand moi je la vivais comme une déchirure.
Depuis j'me protège des gens pourtant j'les aime tous
Car j'sais qu'un jour ou l'autre ils m'délaisseront tous
Et j'essaie d'rester en vie.
Sans ça, c'est la corde au cou et les pieds dans l'vide.
Qu'ils m'aiment comme j'les aime
Ça m'attriste car j'ne l'maîtrise pas.
JIN veut dire « anonyme », « vide » ou « qui n'existe pas »
C'est pour m'rappeler qu'ici personne n'me connait vraiment
Ils m'ont tous oublié, moi j'les aimais vraiment.
Dans c'monde où plus personne n'a d'vrais sentiments
Où l'amour ne se vit qu'au temps présent
Et non indéfiniment.
Tous ces gens j'comptais pour eux avant
Mais c'est
...
à présent du passé.
...
Et comme j'pourrai jamais remonter le temps
...
J'aimerai les chasser d'mes pensées.