I hate you to the Moon and Stars

   La grande route éclairée par le clair-obscur de la Lune, les mains vissées au volant, elle roulait. Son rire ricochait dans sa tête, comme un vieux souvenir. Un creux au milieu de sa poitrine, remplit de noirceur et de regrets. Chaque respiration était une souffrance venant se fondre dans le mal qui l'habitait. Il était impossible d'effacer ces années, ces mémoires venant s'entasser comme de gros livres sur ses épaules. Tout ce qu'elle ressentait, il était à mille lieux de s'en soucier. Deux astres différents, elle était une étoile parmi tant d'autres, et lui un Soleil. En attente de tout détruire, laissant la poussière recouvrir leur univers.

    La voiture était arrêtée sur une buté de terre, dévoilant une vue imprenable sur la mer, et les lumières de la ville. Elle tapota sa cigarette sur son paquet, avant de l'allumer. La flamme s'avivait dans les ténèbres. Aveuglée par ses airs gaillards, jamais elle n'avait prêté attention à leurs divergences. Ce n'était pas important. Ils valaient plus que ça.

  Comment une seule personne pouvait tout faire chanceler ? Changer le cours des choses ? Tout ceci avait-il été écrit ? Elle croyait au destin. Tout arrivait pour une raison. On se raccrochait au hasard, en espérant que le karma ne soit qu'un fantasme. Elle se sentait responsable d'avoir laissé leur relation grandir, de lui avoir fait une place dans sa vie. Elle ne pouvait plus lui faire confiance, après ces mensonges. C'en était absurde. Comment avait-il pu la regarder droit dans les yeux, et tout nier en bloc ? Ils étaient pourtant suffisamment complices pour qu'il se confie.

   Rien n'était plus comme avant, elle ne regrettait pas le passé, elle regrettait qu'il puisse qu'en faire parti. Il n'y aurait plus de futur, et le présent resterait étouffé sous les débris.

  Elle s'était livrée entièrement, transparente sous ses yeux inquisiteurs. Il fût un temps où il l'avait rendu précieuse, mais c'était une pierre brute qu'on ne pouvait tailler. Elle était faite de métal et de marbre. Mais c'était révolu, il avait suffi qu'une autre attise le Soleil, et il s'était détourné vers un autre corps céleste.

   Ce n'était ni de l'amour, ni de la passion. L'amitié était plus forte, plus sincère, du moins, c'est ce qu'elle avait estimé. Rien ne les avait définit meilleurs amis, seulement son aveuglement. Elle s'était menti, et voilà qu'il laissait son corps et son cœur, bleus et glacés.

   La mort aurait été plus douce, que de devoir radier son image, encrée sur chaque parcelle de son âme. Elle noyait les stigmates dans les eaux perfides de son inconscience.

   Un frère qui cessait de vivre en elle. Il ne serait qu'une pièce de puzzle de plus dans ce décor trempé.