Cosmétiques, danger !

campaspe

version nouvelle et mise à jour d'un article que j'ai publié sur Marie-Claire.fr

Compte tenu de résultats récents obtenus par les chercheurs, il me semble aujourd'hui important de militer contre une utilisation quotidienne des produits que l'industrie cosmétique nous encourage à consommer.


Certes, les problèmes posés par les cosmétiques ne sont pas nouveaux : De tout temps, certains d'entre eux se sont révélés par la suite dangereux : au temps des pharaons, les égyptiennes utilisaient du cinabre - du sulfure de mercure - comme khôl. Et lorsque la radioactivité a été découverte, les fabricants de cosmétiques n'ont pas attendu que des tests de dangerosité soient effectués pour inclure ces substances dans des crèmes censées rendre leur utilisatrices « radiantes ». 

A l'heure actuelle les cosmétiques ont un statut bâtard : n'étant pas supposés passer la barrière de la peau, la loi n'oblige pas leur fabricant à tester ces produits de façon extensives et à s'assurer de leur innocuité. Mais ces derniers revendiquent pour leurs produits des propriétés qui « agissent en profondeur » et de fait les exemples évoqués ci-dessous prouvent que ces produits se retrouvent dans nos métabolismes. Ils doivent donc être considérés comme des médicaments et testés comme tels. Certains des produits que nous mettons chaque jour sur notre peau ont très certainement des effets délétères : dans les produits récents sont utilisées toute une série de molécules qui n'ont jamais été testées et il est quasiment sûr que l'une ou l'autre sera reconnue comme dangereuse dans le futur.

Plus spécifiquement, aujourd'hui de nombreuses expériences prouvent que nous avons des raisons de nous méfier des cosmétiques  : 
* Certains métaux lourds, comme le plomb, l'arsenic, le cadmium, le mercure, l'antimoine ont un caractère potentiellement toxique reconnu et ne devraient donc pas être tolérés dans les produit cosmétiques. Pourtant la plupart des mascaras et certains produits destinés à éclaircir la peau contiennent du mercure, connu comme un neurotoxique avec des effets sur le système nerveux, digestif, immunitaire, sur les poumons, les reins, la peau et les yeux.

* On retrouve aussi ces métaux dans les rouges à lèvres : Une étude récente de l'Université de Californie a montré que 24 rouges à lèvres sur 32 étudiés contenaient du plomb, du mercure ou du chrome ou d'autres métaux toxiques.

* L'utilisation de certains déodorants contenant des sels métalliques a été corrélée dans une étude avec une apparition accrue de certains cancers. D'autres contiennent de l'aluminium à l'origine d'intoxications dont on sait qu'elles sont corrélées à l'apparition de cas de maladies d'Alzheimer.

* Une proportion importante de shampoings ou de gels douche contiennent des perturbateurs endocriniens.

* Les molécules d'oxyde de titane des crèmes solaire passent la barrière cutanée et de surcroît sous forme de nanoparticules aux propriétés mal connues et probablement assez différentes de celles du matériau massif. Plus spécifiquement, en ce qui concerne les propriétés des nanoparticules que l'on trouve maintenant partout, elles sont à l'heure actuelle très mal connues, et souvent même assez mal définies : pour un agrégat de, disons, 1000 atomes, comment parler par exemple d'état solide ou liquide ? de conductivité thermique ou électrique ? A fortiori, comment connaître de façon exhaustive ses propriétés chimiques sachant qu'elles sont très différentes de celles du matériau massif et peuvent varier en fonction du nombre d'atomes de cette nanoparticule.

Un nanotube de carbone ressemble à une petite aiguille dont le diamètre est comparable non pas à une cellule comme la plupart des édifices atomiques construits jusque là, mais au noyau d'une cellule. Nul ne sait encore évaluer les dangers potentiels de tels objets. C'est bien pour cette raison qu'a été édicté le décret nº 2012-232 du 17 février 2012, relatif à la déclaration annuelle des substances à l'état nanoparticulaire qui impose à partir de 2013, une déclaration annuelle des quantités et des usages de nanoparticules produites, distribuées ou importées en France. De la même façon,  un nouveau Règlement Européen a été mis en place depuis juillet 2013, avec notamment des articles sur les nanoparticules. L'Europe aurait-elle édicté ce « nouveau règlement » si les perturbateurs endocriniens et les nanoparticules ne posaient pas de problème ?  

Il me semble aussi que les études en cosmétologie ne traitent pas suffisamment de ces problèmes : Le cursus ne comprend que très peu de cours de chimie, alors même que seules des études poussées de chimie théorique ainsi qu'un grand nombre d'expériences permettent de comprendre les dangers potentiels que font courir ces produits. Les connaissances acquises dans ces écoles ne sont pas suffisantes pour avoir un regard critique sur les arguments développés par les sociétés développant des produits cosmétiques, alors même que les recherches de nombreuses équipes de scientifiques ont à plusieurs reprises mis en évidence les dangers liés à l'utilisation de certaines molécules (triclosan, propylparaben…) notamment en cosmétologie. Rappelons que si un danger est avéré, ce sont les vendeurs de ces produits qui seront civilement (voire pénalement) responsables des maladies qu'ils ont pu causer, à charge pour eux de se retourner contre les laboratoires... si ceux-ci existent encore. 

Des organismes  reconnus, comme l'UFC – que choisir ont, eux, pris le problème au sérieux et ont demandé à la commission européenne de diligenter, sous la supervision du CSSC, des recherches indépendantes sur l'impact de ces molécules sur le long terme, et en application du principe de précaution, de renforcer sans plus attendre le cadre réglementaire en prenant en compte l'effet cocktail de ces molécules dans l'évaluation de la toxicité des produits. Ils exigent aussi des professionnels qu'ils réalisent des étiquetages complets sur la composition réelle de leurs produits, et qu'ils retirent de leurs formulations les molécules ayant des effets de perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés, afin de réduire les quantités totales auxquelles sont exposés les consommateurs. 


Finalement, l'utilisation d'un « actif nouveau » permet de vendre plus cher un produit alors même qu'il n'a souvent pas été testé…ce qui devrait être une excellente raison de se méfier. 

  • Pour tout te dire je ne sais pas trop. S'il existait des solutions bio pour remplacer les conservateurs, par exemple, ça se saurait et elles seraient mises en oeuvre. Pour ma part j'essaie surtout de limiter mon utilisation de cosmétiques.

    · Il y a environ 8 ans ·
    Tete alpaga

    campaspe

  • Intéressant... Faut-il se tourner vers les produits bio?

    · Il y a environ 8 ans ·
    Oeil

    anne-onyme

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