« Ici et maintenant »

Tout le monde le sait, le temps passe trop vite et vous voilà déjà « has been », à l'aube de la fin de votre « life ». Et là, vous vous apercevez que dans cette course futile à l'inutile, vous n'avez jamais pris le temps, ne serait-ce qu'une fois, de vous immobiliser un instant de pleine conscience d'existence. Le fameux « ici, pas ailleurs et pas plus tard que maintenant », mais que voulez-vous ce qui n'a pas été, est perdu à tout jamais, dit-on. Donc à présent, j'essaie de m'accorder un temps quotidien de réflexion.

Tenez, ce matin, j'étais seul chez moi dans mon bain, sans filles qui me nettoient, alors je me suis posé en lotus dans mon pot de fleurs pour arrêter la fuite des cerveaux. J'ai pris pleinement conscience de mon état dans un temps figé. J'ai suspendu le vol du temps qui est, on le sait bien, le plus grand des voleurs, en me disant : « là, vraiment, ici et maintenant, je me fais chier grave dans ce putain de temps présent ! » Bon effectivement, des fois, ce n'est pas le bon moment de stopper la fuite des capitaux, quand l'ennui s'égrène dans un sablier complètement obstrué par le cholestérol.

Par contre, à d'autres périodes plus propices, je ne crache pas sur la méditation transcendantale sans escale vers la transversalité universelle où le mortel tutoie le divin sans aucune fausse immanence, dans des relations familières, sans chichi : « C'est à ton tour de jouer Dieu de mes deux ! » Dans un état de supraconscience, j'accède au compte bénéficiaire que m'a toujours dissimulé cette mule de banquier.