Il était une fois

Dorian Leto

C'est un champ de fleurs multicolores, une légère brise, un moulin en contrebas, le soleil qui réchauffe
Mais les contours sont flous : c'est une peinture.

Dans la réalité, il pleut, une jolie pluie de gouttes transparentes.
Il y a une enfant, assise dans une flaque de boue. Elle joue.
Ses cheveux de feu, son visage de porcelaine, sont ternis par les mottes de terre
Que d'autres enfants lui ont jetées.
Mais elle brûle, sous sa couche de crasse,
Et elle se moque éperdument de ses bourreaux, elle a dessiné un avion avec ses doigts.
Eux, ils doutent, parce qu'elle ne s'enfuit pas en pleurant, pas comme les autres.
Il était une fois une fillette

Alors ils rient davantage, pour masquer la crainte naissante,
Ils frappent.
Elle a des hématomes, un bleu qui s'étend le long de sa mâchoire
Elle continue de rêver : elle a dessiné sa mère, à côté de l'avion.
Il était une fois une fillette puissante

Ils la craignent, ils piétinent son monde, mais elle s'en redessine un autre, juste à côté
Les joues maculées, elle joue.
Il était une fois une fillette trop puissante

Ils ne savent plus quoi faire, ils la voient bien, elle brille malgré eux. N'est-ce pas de la provocation ?
Ils la rouent de coups
Encore
Encore
Il était une fois une fillette trop puissante ; elle est morte

 Et pendant que son sang s'écoule, ils tournent le dos.
Le rouge s'étend, glisse dans les creux, formés dans la boue par des doigts d'enfant.
Il glisse encore, lentement.
Un avion et maman.
Il était une fois une fillette trop puissante ; elle est morte, mais elle a gagné.

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