Il fait froid, il faut dire ce qui est.

Christophe Hulé

Il fait froid, il faut dire ce qui est, sans fioritures ni mensonges.

Ne me regardez pas ainsi Monsieur, cela ne changera en rien la teneur de mon propos.

Vous avez beau monter sur vos grands chevaux, faire des moulinets, dodeliner de la tête (et de quoi d'autre, me direz-vous, peut-on dodeliner?).

Votre « philosophie », qui prétend que tout n'est qu'apparence, et bla bla bla, a pris du plomb dans l'aile.

Je ne suis pas dupe, Monsieur le savant de Marseille ou d'ailleurs, pour blaguer, je vous vois grelotter dans votre belle chemise de soie, qui doit coûter au moins la moitié de mon salaire.

Comme chante Serge Lama, un philosophe populaire, qui ne prend pas de détours abscons pour dire des vérités avec les mots qu'il faut, « Vous avez beau en rire, c'est eux qui vous ont eus ».

Il parlait des curés, mais on pourrait étendre à l'infini tous les enfants d'salauds concernés, je mettrais en tête les décideurs et les patrons, tous les autres, huissiers et compagnie, ne sont que des sous-fifres.

Si on devait remettre au goût du jour la guillotine, on pourrait créer des emplois par milliers. Bourreaux, croque-morts, techniciens ou régisseurs, enfin que sais-je, plus question d'intermittents du spectacle et, qui sait, les écolos vont bien nous pondre un truc sur le recyclage.

Je délire Monsieur ? Et alors, ce n'est pas un délit que je sache.

Si les salaires correspondaient à l'utilité concrète des emplois, que l'on dit à tort invisibles, tous les cols blancs auraient des soucis à se faire.

Mais on ne choisit pas la société, ce sont les nantis qui nous l'impose, même si certains, il est vrai, se montrent charitables.

Bon, si j'avais des millions à offrir pour une bonne cause, je le ferais volontiers.

D'autant plus que ça réduit les impôts.

Mais je ne peux parler plus longtemps d'un sujet que je connaîtrai jamais hélas.


Permettez que je réagisse, je suis certes à l'aise sans être confortable.

Mes « grands airs et moulinets » ne sont que les réflexes que mon milieu professionnel m'impose.

Je m'en passerais bien croyez-moi.

Madame, votre discours m'a touché au cœur, quitte à vous surprendre, je n'en pense pas moins !

Êtes-vous mariée ?


Quel rapport je vous prie ?


Je pourrais vous offrir un thé pour vous l'expliquer.


Eh bien disons dans trois heures, il faut que je m'apprête.


Venez comme vous êtes et à l'instant, sauf si vous avez quelque obligation.


Non point, venez donc chez moi, je ne suis pas riche mais je possède quelques grand crus qui n'attendent qu'une occasion pour être goûtés, et croyez-moi, ils sont anciens.


Je les goûterai volontiers, n'ayant point de cave, et je m'en réjouis d'avance !


Signaler ce texte