Il faut être voyant
Mircea Perb
Tandis qu’aux blés du temps s’adonne l’or champêtre,
Les grisailles bleuies des ennuis moissonnés
Poussent aux champs des bêtes et des êtres-lettres.
Ces errants malheureux cherchent à s’envoler
Sans saisir, hors et loin le non-dit et l’angoisse.
Et l’angoisse les ceint d’une torpeur morbide,
Les étreint d’un ailleurs en une peste jouasse
Qui souffle et qui éteint et les rend invalides.
Rares les veilleurs, las, rares sont les voyants.
Ils œuvrent en mélancolie et rient, et rient
De ce qu’ils voient dans l’air, créent ce qu’on sait rampant.
Les sens parlent, les sens, oui. « C’est fini, c’est fini. »
Marchent les bêtes et marchent les êtres, çà
Et là. Les voyants ont compris : sont seuls les blés
Qui vivent et saisissent
Le temps.
Bravo !
· Il y a plus de 11 ans ·Apolline