Il fut un temps

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C’était l’été de nos vingt ans, nous étions jeunes et arrogants. Deux jeunes gens un peu insouciants, deux esprits libres et vivants. Regardant la vie, droit devant. Refaisant le monde en rêvant.

Il fut un temps.
Il fut un temps…

Cet été-là était brûlant, je m’en souviens en souriant. Les après-midi charmants et nos soirées au feu de camps. Ma première vision de toi, je m’en souviens parfaitement : tu te tenais sur la falaise, faisant face à l’océan, tes cheveux blonds volant au vent, ton sourire éblouissant, tes yeux bleus me questionnant… je t’ai aimé immédiatement.

Il fut un temps.
Il fut un temps…

On a parlé pour un moment, deux étrangers se rencontrant. Tu m’as confié tes tourments, je t’écoutais sans jugements, te rassurais, compatissant.

Les jours passèrent en un instant et avant de comprendre comment, nous ne nous quittions que rarement.

J’observais ta bouche souvent, et dans mon esprit vacillant, je rêvais de baisers brûlants.

Et puis par une nuit d’orage, tu t’es penché sur mon visage, ravissant mon cœur au passage, tu as donné vie aux mirages.

J’avais vingt ans et à cet âge, un cœur est vite pris en otage. Le mien n’était pas sauvage, offert à toi comme un hommage.

Nous nous embrassions fiévreusement, nous aimions inlassablement, le corps et le cœur tremblant, le monde nous appartenant.

Il fut un temps.
Il fut un temps…

La fin de l'été en venant, amena des adieux déchirants.

Puis vint la promesse des amants, de ne pas pleurer à torrent. Nous voulions vivre intensément l’amour de nos derniers instants.

Le jour des adieux arrivant, je regardais en chancelant, la poussière portée par le vent et ta voiture disparaissant.

Il fut un temps.
Il fut un temps…

Et tu sais, j’y repense souvent à cet été de nos vingt ans. Parfois riant, parfois pleurant. Mon cœur saigne atrocement, mais à ton souvenir s'emballant, toujours vibrant, fidèlement.

Je suis revenu à l'emplacement, gardien secret de ces instants, me rappelant douloureusement, le temps que j'appelle "avant".

Cette falaise face à l’océan, me parait bien vide à présent. Pas de cheveux blonds dans le vent, mais des souvenirs bouleversants. Je t’aimerai ma vie durant.

Dans ce monde défaillant, quand tout devient sombre et violent.

Le poids de cette vie pesant sur moi abominablement.

Le quotidien me répugnant, alors je part quelques instants.​

Je laisse le monde entier en plan, pour revenir où  l'on vit vraiment.

Je me tiens face à l’océan, je regarde le soleil couchant. Le reste n’est plus important, j’en oublie la barrière des ans, je te revois me souriant.

Ça vaut la peine d’être vivant, quand mon cœur gonfle en murmurant qu’il fut un temps...

Il fut un temps.

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