Il suffirait...

Louve

Un texte retrouvé.
Il suffirait… Il suffirait, de presque rien… Elle, est assise sur une des chaises du Parc Monceau, mais regarde sans la voir cette nature élégante et disciplinée, si pleine de promesses en ce mois d’avril. Elle ne s’émeut même pas, devant ce vieil homme qui, chaque après-midi, vient nourrir tous les moineaux du coin. Il lève le bras avec grâce et c’est une envolée superbe. Ils le connaissent si bien ! Non, elle est trop triste, et semble si fragile, si désemparée… Lui, est debout, juste derrière elle. Il caresse les fins cheveux blonds, sans rien dire. Et pourtant des mots lui brûlent les lèvres… Il suffirait de presque rien, peut-être quelques années de moins pour qu’il lui dise… je t’aime Elle a la jeunesse de ses yeux clairs, et la douceur de ses vingt printemps. Elle est si jolie ! Il a le charme fou de ses tempes, qui déjà, grisonnent Mais, comment peut-il encore lui plaire Elle au printemps Lui en hiver. A quoi bon jouer la comédie du vieil amant qui rajeunit, c’est un autre que lui, demain, qui l’emmènera à St-Germain, lui offrir un p’tit café crème… Si, il avait, comme elle, vingt ans Il la couvrirait de promesses Vraiment de quoi aurait-il l’air Il entend déjà les commentaires… Le vieil homme s’est doucement rapproché, sa provision de graines est épuisée. Il devine le couple bien tourmenté, et ne peut s’empêcher de leur souffler : -Profitez de l’instant qui passe, car ce qui est passé est passé…il y aura toujours d’autres printemps, mais les vôtres sont peut-être comptés ! Vivez votre amour au jour le jour ! Il a suffi de presque rien, quelques mots dans l’air printanier, pour qu’il la prenne par la main…
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