Il y a quelqu'un dans ces chiottes.

une-encre-noire

"There are images I need to complete my own reality"

-James Douglas Morrison

Aujourd'hui j'ai 22 ans. J'ai 22 ans et je suis perdu entre ce que je devrais appeler "mes propres valeurs" et la vie à laquelle j'appartiens vraiment. Une vie de consommation, d'alcool et de débauche. Je suis partagé entre une éducation louable et des expériences, qui ne laissent pas indifférentes, de bitures entre amis. J'ai 22 ans aujourd'hui et j'ai refusé à mes parents une invitation au restaurant pour aller me saouler dans une boite de strip-tease. Est-ce l'effet de l'alcool qui me fait ressentir un vague sentiment de culpabilité? J'ai l'impression de vivre dans l'univers de George Lucas, sombrant à la tentation du côté obscur. Les médias tiennent bien leur rôle et nous donnent l'ambiance générale des films. Nous sommes soit pur, soit mauvais. Soit Skywalker, soit Dark Vador, à la différence près que l'on n'a jamais vu ce dernier avec la gueule de bois. C'est vrai, il y en a qui joue le double jeu. Moi par exemple, je suis Palpatine, une putain sur mon corps lorsque j'affirme à mes républicains de parents que je suis dans mon salon à écouter les 626 œuvres du Catalogue Köchel. Cependant, je prends soin de mon image, et de mon estime personnelle! Je ne consomme que des drogues légales. Parmi les 50 substances qui ne le sont plus chaque année, il faut dire que j'ai toujours eu le choix.

Putain, j'ai oublié de retirer la seringue.

Et puis merde! On n'a qu'une vie, autant en profiter pendant qu'il est encore temps! Le tout étant de ne pas crever d'un coma éthylique ou d'une overdose de drogue. Ou encore d'une crise cardiaque, en baisant trop défoncé. Je crois que c'est pour ça que je suis ici aujourd'hui. J'espère juste que mes gosses, eux, profiteront de leur vie en se faisant payer un resto pour leur 22 ans. Par leurs parents.

Cela doit bien faire deux minutes que j'y réfléchis, mais je ne sais toujours pas pourquoi je suis dans ce night-club ce soir, et non pas avec mon père et ma mère à bouffer des tartines de caviar devant une coupe de champagne. Je ne sais plus qui m'a accompagné dans ce bordel géant. J'ai oublié si, oui ou non, j'ai finalement payé la fille de la cabine privée. Je ne sais pas pourquoi j'ai commencé à penser toutes ces choses stupides, le crâne posé sur cette porte, à écouter un inconnu vomir son foie.

Je ne suis certain que d'une chose. Il y a quelqu'un dans ces chiottes.

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