Impulsions...( 5 )
Jean Marc Frelier
La Horde d'or...( sixième mouvement )
Le phrasé devra commencer
dans une amplitude soutenue
mais en aucun cas
sur un mode éthéré ou naïf
par une sorte d'évidence
qui s'installe sans heurter
comme une scène se découvre
peu à peu un rideau amovible
le propos recherché
n'étant pas de choquer
ni de surprendre
mais d'entrer simplement
au plus doux d'un climat
délesté du moindre effet défini
comme attendant quelque part
près d'une porte incapable
de savoir avec précision
si elle vient de nous congédier fermement
ou au contraire si elle promet
de s'ouvrir devant notre présence imprévue
le phrasé devra commencer
dans l'instant flottant
où point l'énigme
sans s'attarder sur le cadre qui la contient
ni les émotions multiples
qu'elle pourrait provoquer
à l'instar de ce jour voulu exceptionnel
où nous voguions aveugles
vers tel amour décisif
jour sans cesse réécrit par nos mille et un visages
et nos mille et une facettes
il est si important que rien ne se fige
pour nous rendre supportable
ce qui survient toujours
sachant évidemment parce qu'il faut être honnête envers soi-même
que parfois aussi les volcans pleurent
alors cordes entrantes à l'arrière des hautbois
en lieu et place de choisir
une quelconque direction émotionnelle
l'intensité les empruntera toutes en même temps
comme si elles n'en faisaient qu'une et une seule
à la manière de l'oeil qui s'élève
en progression verticale d'une paroi
dont l'ouverture angulaire
offre à embrasser l'horizon tout entier :
“ Aux gorges noueuses d'Alcantara
nous irons jouer le feu de nos musiques
marchant unis le long du volcan froid
vers le frisson des orgues basaltiques
le sentier sculpté de ravinements
creusera pour nous le lit de nos liens
sous le tambour de nos essoufflements
pulsés dans l'air chaud du soir sicilien
un rien surpris par le mordant glacé
des eaux trop basses acrobates et revêches
nos mains saisies tels des ponts enlacés
s'étendront presque au pied des berges sèches
et dessous l'arche de l'aube à venir
nos lèvres en crue tremblantes et violettes
s'empresseront fort jusqu'à en rougir
d'enflammer l'oeil des murailles indiscrètes
aux gorges noueuses d'Alcantara
affranchies de leur torpeur galactique
par le tempo encordé de nos bras
voudront valser les étoiles impudiques.”
Alors fête-moi l'amour
au plus haut d'une idée pour un temps
animale
sans noblesse excessive
ni misère efflanquée
que les corps aient des âmes
qu'ils soient vides et perdants
fête-moi l'amour
jusqu'aux ventres des nuits
que le soleil tombé
préfigure les suivants
sous les vagues assassines
sous les haines insatiables
que le ciel y réponde
qu'il se taise échaudé
que nos mains se supplient
qu'elles s'affrontent à tout va
encore plus aujourd'hui
fête-moi l'amour contre vents et marées
Arrête le temps
suspends l'écrire
tiens tout l'espace
dans une apnée
la main glissante
à même ce doux
des soies salées
de bas du dos
n'entends-tu pas
sa folle attente
bouche animée
pressant la tienne
hors tout parler
qui se devine
n'entends-tu pas
ses reins qui dansent
l'humide aux lèvres
la houle aux hanches
tout ce chavirement
de muscs pleins
qui dans l'instant
t'animalisent
respire elle t'aime !
respire elle t'aime !
par l'écriture
du monde
par le mot végétal
et le verbe des roches
par les crinières bavardes
et la suie des moussons
par ce qui n'a pas d'âge
et reste sans raisons...
.../...
jean-marc frelier 22/08/2017 (ev)
“ à ciel ouvert “
copyright exclusif
Dédicace : M. Ivan Tourgueniev
O lourde légèreté ! Sérieuse vanité ! Et chaos difforme de belles apparences ! Plumes de plomb, fumée lumineuse, Flamme glacée, santé malade, Sommeil qui toujours veille et n'est point ce qu'il est ! Voici l'amour que je ressens.
Roméo et Juliette (1594) William Shakespeare
C'est un texte tout simplement sublime ! Pensées et images se mêlent avec poésie.
· Il y a plus de 7 ans ·bartleby
un commentaire excessivement enthousiasmant qui m'oblige à serrer les boulons pour les douze volets qui vont suivre...( rires ) une grand merci chaleureux Bartleby
· Il y a plus de 7 ans ·Jean Marc Frelier