inexorablement...

lhauboit

Inexorablement....

Assis devant mon écran, je suis ce matin, d'étrange humeur. Je ne vous ai pas dit, mais il y a quelques jours, j'ai fait la bascule. Le temps passe, inexorablement, et je ne puis que le constater, à l'écoute de mon corps, de ses craquements, de courts essoufflements, d'une certaine raideur dans mes mouvements. C'est apparu insidieusement, sans avertissement, du jour au lendemain, au moment crucial ou tout a basculé.

Il y a de cela quelque temps, je parlais en années, et là, je passe directement au siècle...enfin, ne soyons point prétentieux, juste un demi-siècle.C'est à la fois énorme pour moi, mais cela reste une miette dans l'océan du temps. De mes très jeunes années, mon esprit ne garde que peu de traces, quelques bribes, ou autres flashs incompréhensibles, car mélangés, ou en partie effacés. Difficile donc de se situer dans cet épisode, ou les dates se superposent, les images, aussi rares soient-elles, se chevauchent, se mélangent dans un diaporama fantasmagorique.

Puis, cela se précise....vers 6,voire 7 ans, c'est une cour de récréation, un soleil éblouissant, et la silhouette de mon paternel qui s'éloigne, sans un regard, alors que sur moi des centaines d'yeux se fixent, me décortiquent, me mettent à nu. Mon pire moment de solitude, je crois.....je perds à la fois mes repères, les êtres que j'aimais, et mon insouciance. Je viens d'arriver dans une école militaire, un internat. Et depuis, je sais que la vie peut être cruelle, j'ai le coeur gros, car je ne comprends pas. En fait, c'est pourtant simple, des discordes familiales ont provoqué l'éclatement, le divorce et je me retrouve, mon père étant militaire de carrière, dans un établissement scolaire militaire, avec des régles absurdes pour moi qui débarque de nulle part.

En premier lieu, ce sont les présentations avec l'encadrement, au grand complet, puis l'identification, la prise d'empreintes, les photos. Puis vient le moment du bilan de santé, un médecin m'ausculte et contrôle mon carnet de santé. "Bon pour le service", ai-je presque envie de m'exclamer....car c'est un peu comme cela que se passe mon arrivée dans ce monde fermé, dur, insensible. Puis c'est la tondeuse, le magasin d'habillement, et me voila parti au trot, avec mon paquetage sur l'épaule, pour une vie, qui aujourd'hui me laisse un goût amer dans la bouche. Après mes années d'école primaire, nouveau tranfert dans un nouvel établissement militaire, mais cette fois-ci, pour le cycle du secondaire. Et encore et toujours, cet étrange sentiment d'être seul au milieu d'une foule, pas forcément hostile, mais avec des règles strictes, ou rien n'est pardonné, et qui font qu'une sourde angoisse s'installe au plus profond de soi, et vous mine à tout jamais.

J'ai déjà pensé écrire un livre, pour raconter toutes ces années, toutes ces péripéties....c'est vrai qu'il y a de quoi faire, qu'il y a de la matière.Peut-être qu'un jour cela se fera, quand le moment, ou plutôt le besoin se fera sentir. Mais le but premier de ce texte matinal était en fait une simple annonce, car comme je vous l'expliquais au tout début, j'ai fait la bascule, comme tant d'autres avant moi,(et je suppose que d'autres suivront), j'ai franchi le cap des "50 ans". Cela n'a l'air de rien et pourtant, cela me remue profondement, et bon nombre de souvenirs me taraudent, mille questionnements surgissent, c'est un peu l'heure d'un premier bilan.

Voilà, je crois que ceux qui sont dans mon cas comprendront, car même si ce n'est pas un événement en soi, cela reste pour moi une étape primordiale avec bon nombre de remise en questions et autres interrogations. Peut-être l'écriture sera t-elle pour moi un exutoire, ou bien cela n'aura aucune incidence sur ma vie future, mais en tous les cas, cela m'aura permis, ce matin de me libérer l'esprit.......                    

  • écris ton livre!

    · Il y a plus de 12 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

  • C'est peut-être à cinquante ans, parce qu'on est formatés arithmétiquement, qu'on commence à comprendre que ce qui a été raté, douleureux ou pas accompli ne sera jamais rattrapable. Et qu'il n'y pas de retour en arrière possible parce qu'on commence la vieillesse. A cinquante ans, il faut accepter les frustrations, vraiment, pour pouvoir s'amuser encore.

    · Il y a plus de 12 ans ·
    Gants rouge gruauu 465

    eaven

Signaler ce texte