Insolences

samt

Synopsis:

Une histoire d'amour à durée déterminée, sept ans d'écart... A et D nous font rêver.

Histoire:

A la mi-octobre, lorsque la pluie battait et que le vent fouettait; certaines personnes se trouvaient encore une bonne excuse pour sourire. D avait quinze ans, une certaine innocence et une sacrée assurance! A avait vingt-deux ans, des idées pleins la tête et une déconcertante nonchalance, qui s'accordait cependant à merveille avec son charme naturel.

Dans une ville où les gens se croisaient et se recroisaient chaque jour, sans se voir, rien ne les prédestinait à se rencontrer... Pourtant...

D n'avait jamais été sportive, ce dont se moquait gentillement son entourage. Mais finalement, cet été, après avoir renoncé à l'équitation (son sport de prédilection), la jeune fille s'était mise en tête de percer au triathlon. Mais quelle idée! Elle en éssuya des vertes et des pas mûres chaque fois qu'elle l'annonçait à une nouvelle personne. Fort heureusement, la détermination et l'indifférence face à l'adversité étaient deux de ses qualités vitales dans son monde. Aussi prit-elle les choses en main, et se débrouilla seule pour se trouver un club d'entraînement proche de chez elle.

A était à peine revenu d'un long voyage à l'étranger, le triathlon, il l'avait dans les veines... férû de natation, il s'éclatait à tout donner dans le sport.

À la mi-octobre, un certain mardi-soir, D prêta un tout nouveau regard à un des hommes du groupe, un brun... "un beau brun" pensa-t-elle. Lui aussi l'avait remarquée, la gamine.

-Et toi D. Tu fais quoi dans la vie? Lui lança-t-il enjoué.

-J'étudie. Lui fit-elle en souriant, mais l'obscurité précoce des soirs d'automne camouflait ce beau sourire.

-Ah oui? Tient donc... Et t'étudies quoi? Continua-t-il semblant s'intéresser.

-En fait, je suis en seconde...

-En seconde année de quoi? La coupa-t-il.

Elle marqua une pause, elle semblait hésiter de sa réponse.

-En seconde au lycée... Finit-elle par déclarer.

-Ah? En seconde? Mais, ça te fais quel âge?! Fit-il surprit.

-J'ai quinze ans.

Eh oui, combient de fois lui avait-on donné dix-sept, dix-huit, vingt ou encore vingt-deux ans? C'en était devenu une habitude. Cela l'amusait terriblement, quoique quelque fois, cela l'aurait bien arrangé d'avoir ces âges-là!

-Tu rentres comment D? Demanda soudainement un autre sportif du groupe.

-En bus... normalement.

-Ben attend, moi je peux te ramener! Lui proposa l'unique autre fille présente ce soir-là. On va pas te laisser rentrer toute seule comme ça, la nuit!

-Surtout qu'elle est mignone! Ajouta A.

-Merci. Dit timidement D. En rougissant.

Mais à nouveau, le noir de la soirée estompa cette tendre réaction.

Et les jours, les semaines, les mois passaient... et tout doucement, D et A se rapprochaient... même quelque fois... s'espèraient!

Au lycée, D faisait aller son influence bon train! Les professeurs la voyait comme une élève sérieuse, appliquée et éloquente. Hors des salles de classe, elle laissait sa fantaisie vagabonder et courir les vieux murs du bâtiment. Avec ses camarades, très vite devenus de chers amis, les gens commençaient à la reconnaître. D'anciennes connaissances l'acclamait "Grille-pain!!" à chaques apparitions aux coins des couloirs. Quelque fois, elle chantait de vieilles antologies comme elle les appelaient... ça passait par "POP Goes my heart" présente dans le film "Le Come-back" mais également "Can't take my eyes of off you"... et toujours, lorsque son art parlait, son coeur n'était pas loin.

D vivait selon une certaine philosophie qui lui dictait quotidiennement que rien ne pouvait être impossible et que pour réaliser quelque chose d'artistique, il fallait être amoureux... de qui? De quoi? Qu'importe mais tant qu'on vivait en aimant, alors on vivait simplement!

À la mi-novembre, près d'un mois après ce premier échange, D et A eurent l'occasion de se rencontrer dans d'autres circonstances que lors d'entraînements.

En effet, l'assemblée générale du club représentait une très bonne excuse! La soirée filait, D était venue seule et le guettait. Mais il n'arrivait pas. Vers vingt-heure trente, cela faisait déjà trois quart d'heure qu'ils discutaient du budget et la jeune fille déjà naturellement très peu intéressée par les mathématiques cru mourire. Grâce au Ciel! Au moment où elle tournait sa tête vers le bout de la rangée, sa voisine se baissa pour farfouiller dans son sac, et elle l'apperçut! Ce fût comme dans les films! Trois malheureuses secondes semblant passer au ralentit suffirent à lui rendre le sourire. Le budget ne semblait pas non-plus suscitter son intérêt... "Ouf!" Souffla D elle avait presque envie de se dire qu'elle n'était pas venu pour rien. Au bout d'un certain labs de temps, comme elle s'en doutait, son portable vibra dans sa poche: ses parents cherchaient à la joindre. Elle se fraya un chemin pour s'extraire de la rangée, manqua de se casser la figure (un don!) et marcha sur quelque pieds. Une fois dehors, elle décrocha, rassura les dûdit parents et s'en retourna s'asseoir. Elle fit un crochet par le bout de la rangée de droite et salua A. Elle hésita entre regagner sa place en plein milieu de la rangée ou s'asseoir aux côtés de A et ainsi épargner quelque pieds. Mais les autres filles en décidèrent autrement et la rappelèrent à l'ordre!

-J'y retourne! Chuchota-t-elle à l'intention d'A.

-Ah la relou! Se moqua-t-il.

Alors qu'elle avait entamé son parcours du combattant pour regagner son siège, elle se retourna et lui tira la langue non sans un sourire.

La fin des discours sembla durer une sacrée éternité! Enfin quand ils autorisèrent le monde à toucher au buffet, une cohue d'homme affamés se jetèrent sur deux pauvres tables servant de pied d'éstral à un nombre incalculable de pack de bières.

D rejoignit A, qui discutait avec d'autres licenciés. D était la seule junior féminine du club. Toute la soirée, elle eût droit à des discussions d'adultes déjà bien rangés dans leurs petites vies de famille, étalant tous leurs petits soucis quotididens.

"Mais qu'est-ce que je fous là?!" Finit par se dire la jeune fille. Elle se mit finalement en tête de trouver quelqu'un pour la ramener. Une des filles du club, qui l'avait prise sous son aile lorsqu'elle était arrivée, lui avait déjà proposé quelque jours auparavant. C'est donc tout naturellement qu'elle se dirigea vers elle.

-Malheureusement c'est pas trop ma route D!

-Ah. Flûte!

-Attend on va bien te trouver quelqu'un!

Et presque immédiatement, elle partit en quête auprès du troupeau d'homme toujours autour du buffet, bières à la main... il y en aurait bien un dans le lot qui serait galant!

Un petit quart d'heure plus tard, D retourna fouiner du côté où A était prostré.

Quand il se retourna et qu'il la vit, c'est tout joyeux qu'il lui annonça:

-C'est moi qui te ramène ce soir!

-Certes...Fit-elle mi-figue mi-raisin, ne sachant point comment elle devait réagir.

-Oui je passe par le centre ville! Ajouta-t-il.

-Très bien, cool! Finit-elle quand même, séduite.

"Elle allait bien finir en fait cette soirée!" Et en effet, elle apprit beaucoup de lui, et ce qu'elle apprit lui plut énormément. Il semblait encore un tantinet adolescent dans sa manière de parler, de plaisanter. Un dragueur, un voyageur, un homme plus âgé... mais qui lui plaisait... comme c'était facile à présent de lui plaire...

Et c'était pour ça qu'elle souriait D, on lui plaisait et ça s'arrêtait là. Plaire et Aimer, deux verbes fort heureusement bien différents! Elle avait trop aimé par le passé, bien trop. Alors à présent, on lui plaisait et c'était tout. Et lorsque cela nous plaît, c'est toujours beaucoup moins dangereux, que lorsqu'on aime. Pas de désespoir, de pleurs, de regards nostalgiques dans la plaisance. Et c'était ça qui la rassurait, et c'était pour ça qu'elle souriait.

Elle avait récupéré son numéro ce soir-là, alors de temps en temps, elle lui envoyait un petit message qui n'en disait pas trop long. Et ça l'amusait beaucoup, de l'amuser lui...

A la mi-décembre, pourtant, lorsqu'ils se rencontrèrent "fortuitement", alors que chacun vaquaient à ses achats de Noël, il lui annonça une nouvelle qui la rendit terriblement morose comme elle ne l'avait pas été depuis longtemps...

Il partirait dans neuf mois -Août- en Nouvelle-Zélande puis ensuite, au Canada... vivre... pour au moins quatre ans!

-Plus de cadeaux de Noël! Rigolait-il alors qu'elle l'accompagnait aux caisses. Plus d'obligations! Plus de copines! Sur cette dernière phrase, il appuya son regard sur elle.

-Je m'en fais pas pour ça! Tu t'en trouveras bien une au Canada! Fit-elle avec un clin d'oeil.

-Une en Nouvelle-Zélande d'abord! Ajouta-t-il.

D rigola, parce qu'honnêtement, elle trouvait ça drôle! Enfin, il annonça une autre nouvelle qui acheva la jeune fille intérieurement. Il ne pouvait plus venir aux entraînements... pas avant longtemps. Alors juste avant qu'ils ne se disent aurevoir, sans savoir quand ils se reverraient, elle lui dit:

-C'est pas chouette que tu viennes plus!

-Oh! De toute façon tu venais pour faire du sport, pas pour moi?!

-Euh...

Il rigola, elle souria, puis se retournant, partit de son côté. Et pendant des jours -de fêtes- D se soulageait en se disant qu'il ne faisait que lui plaire... mais sans se l'avouer, elle était bel et bien en train de retomber amoureuse, à nouveau. Et ça, ça n'allait pas du tout lui plaire!

Eh oui c'était bien vrai! Son coeur commençait à battre plus vite quand l'idée que le hasard la ferait le rencontrer, la traversait. Et quand elle écoutait toutes ces chansons... à qui pensait-elle? À celui qu'elle avait perdu, certes, mais également à celui qu'elle n'avait pas encore gagné, et qui semblait déjà bien trop loin.

À la mi-janvier, il revint aux entraînements de natation... alors juste pour lui... elle restait plus longtemps. Et en tout innocence, elle lui demandait de la ramener, et en toute sympathie il disait oui.

Alors comme ça, un soir, alors que ses lunettes de plongée lui avait encore méchament rougi le tour des yeux et que ses cheveux, quoiqu'élégament blond, ressemblait à une balotte de brins de paille, elle lui déclara d'une voix très calme:

-Tu me plaîs.

-Je m'en doutais! Répondit-il tout aussi calme.

-Si j'avais dix-neuf ans, tu sortirais avec moi?

-Je ne sais pas... probablement. Souria-t-il narquoisement.

-Merde! Pourquoi j'ai pas dix-neuf ans?! S'indigna-t-elle.

-Pourquoi tu ne me pose pas la question, avec l'âge que tu occupes aujourd'hui?

Très lentement elle tourna son doux regard vers lui, A ne quittait pas la route des yeux... ils arrivèrent dans la rue de D.

-Tu...tu sortirais avec moi... même si j'ai quinze ans? Sa voix tremblait légèrement.

Il marqua une longue pause, avant de se tourner à son tour vers elle. Tout en détaillant son visage, il ajoute simplement:

-Ecoute... Il hésitait encore à dire ce qu'il avait à dire... tout ce que tu as à savoir, c'est que tu me plaîs aussi... beaucoup.

Long silence, très silence, trop long silence. D finit par briser la glace:

-Mais.

Elle lui baise légèrement la joue, avant de sortir de la voiture et de se précipiter vers son immeuble. Elle s'engouffre dans le hall d'une façon très volupteuse, trouva A. Cette jeune fille de le bluffer avec une maturité hors-norme. Quinze ans et déjà un fracassant sens des réalités plus que percutant!

Le reste de la semaine passe et A, bien que très occupé, espère secrètement un petit sms qui lui filerait une énergie de fer. Mais elle ne parle pas, elle ne parle plus. "L'aurai-je vexé?" s'enquit-il le samedi-soir. "Remarque c'est elle qui a dit "Mais"; d'ailleurs qu'est-ce qu'elle a voulu dire par "Mais" ?". Mais le jeune homme n'a pas l'audace de lui poser la question... alors il sort, retrouver ses amis, faire la fête, draguer un peu aussi, mais D trotte toujours dans ses pensées. "Peut-être fait-elle aussi la fête ce soir?" A-t-il envie de croire.

À vingt-trois heures onze, A arrive au Hangar aux bananes. À vingt-trois heures onze, D y est déjà avec quelques amies, et un certain nombre de boisson est déjà passé par là. La musique résonne à pleins pots. A apperçoit une très jolie fille affalée dans les canapés, robe chocolat et jambes de déesse. Il s'approche et découvre à son grand étonnement, celle qui refuse de quitter ses pensées.

-D! Mais qu'est-ce que tu fiches ici?! S'écrit-il.

La jeune fille relève la tête, elle est très pâle, à demi-consciente.

-Euhm...j..je fffais la fêêête! Bégaye-t-elle pitoyablement.

A s'asseoit à ses côtés, elle se redresse un peu.

-Dans quel état es-tu! Se dit-il pour lui-même.

-Humm? Fait-elle béate.

-Avec qui t'es venue?

Elle lève péniblement le doigt et désigne vaguement quelques personnes, au milieu de la foule, qu'elle ne reconnaît probablement pas.

-Aller va, je te ramène! Impose-t-il.

-Naaan, il f...faut que j...je dorme...chez une am..ie. Zé zque j'ai dit! Marmone D.

-Mais t'es incapable de reconnaître qui que ce soit!

-...D'..accccooord. Abandonne-t-elle.

Presque immédiatement elle laisse tomber sa tête, devenue trop lourde, sur l'épaule de A, et s'endort.

Indigné, limite écoeuré, A la contemple, puis la saisit et la porte jusqu'au dehors. Il lui donne de légères claques pour la stimuler. D reprend peu à peu ses esprits, mais demeurre toujours aussi saoûl.

-T'as pas de veste? S'enquit-il de la voir aussi peu vêtue.

-Je...euh...je sais plus.

Un frisson la parcourt mais elle éclate de rire, tente un pas, puis un deuxième et manque de se ratatiner la face contre terre. A la rattrape de justesse, lui pose sa veste sur les épaules et l'aide à chanceler... dans la nuit fraîche, D vient de faire tomber une partie du voile, involontairement certes, mais il n'empêche que cette aventure vient de la faire sévèrement descendre dans l'estime de l'homme dont elle espèrait amadouer le coeur.

Le lendemain-matin, D se réveille à l'intérieur de draps dont le parfum lui est agréablement familier. Elle émerge doucement, jette un coup d'oeil circulaire. Cet environnement ne lui dit rien. "Merde! Où est-ce que je suis encore?". Elle se lève, elle est toujours habillée de sa robe chocolat...Elle sort de la chambre et découvre l'appartement, peu à peu. Lorsqu'elle débarque dans le salon, D découvre enfin son hôte. Elle devient alors toute rouge, très gênée.

-Enfin t'es debout! S'exclame A.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé hier-soir? Je me souviens que des amies m'ont traînée un peu partout... mais je me souviens pas t'avoir rencontré.

-Disons que quand je te suis tombé dessus, c'était déjà un peu beaucoup trop tard.

Il se montre de marbre. D est déstabilisée par cette attitude, elle contourne le canapé et vient s'asseoir à côté de lui.

-Je devais pas être très fameuse, alors...

-Ta robe t'allais à ravir! Toujours d'ailleurs!

Elle hoche la tête, il poursuit:

-Mais tu étais ignoble! Tu as bu comme un trou! Dégueulasse, j'avais jamais vu une fille aussi défoncée!

-Oui bon ben j'ai pas trop l'habitute de boire! Se défend-t-elle.

-C'est sûrement pas une habitude à prendre! Rétorque-t-il.

-Certes. Dit-elle pour couper à toute autres remarques.

Il se regardent les yeux dans les yeux. Aucun ne détourne le regard. D pince les lèvres.

-Merci.

-Imagine qu...

D se penche brusquement sur lui, un doigt sur les lèvres pour l'empêcher d'ajouter quoique ce soit. Leurs deux visages sont très proches l'un de l'autre.

-L'autre soir, quand tu as dit "mais"... Chuchote A.

-Oui?

-Qu'est-ce que tu as voulu insinuer? La question lui brûlait les lèvres depuis quatre jours.

-J'ai pourtant trouvé que j'était on ne peut plus clair! Déclare D, en se redressant brusquement.

-Ah oui?

Silence.

-"Mais", c'est la contradiction mon vieux! En ce simple mot j'ai juste résumer tous les pourquoi des comments expliquant qu'on ne pourrait jamais être ensemble.

-Tient donc, et quels genre de pourquoi de comment? Par exemple...

-Euhm... la différence d'âge déjà, et puis la situation d'hier soir je crois, Elle appuie son regard il le maintient, ensuite euh... il y a... les vies trop divergentes...dans... dans neuf mois...

Alors qu'elle énumère, A s'approche très lentement d'elle, d'une manière très perturbante, jusqu'à finir par lui éffleurer les lèvres.

-Continue...

-Dans... dans neuf mois tu... tu pars... au...au Canada...

-Et alors?

-Et alors?! Tu veux quand même pas vivre une histoire à durée déterminée? Si?!

Ils s'écartent à nouveau l'un de l'autre. Ils se jaugent.

-Si!

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