Mes belles
guillaume--2
Synopsis du Roman : Mes Belles
De là où je suis, je n’ai plus d’autres alternatives que d’écrire. Ce journal de bord sera je l’espère la preuve qu’ils se trompent, la preuve que je ne suis pas fou. Ce que je vais vous raconter n’a rien d’extraordinaire. Ce n’est que ma vie. Et pourtant…
C’est une histoire.
L’histoire de Samuel, vingt-sept ans, hypersomniaque idiomatique, tombé amoureux de la Belle au Bois Dormant un de ces matins pluvieux d’enfance.
L’histoire de cet homme qui depuis vingt ans protège son lourd secret : asocial, solitaire, il est amoureux d’une princesse de littérature, d’une princesse qui n’existe que dans ses rêves. Et il a fait le choix de dormir la plus grande partie de sa vie pour vivre son conte de fée.
C’est l’histoire de ses jours qui se décalent, qui perdent pieds, et de ses rêves qui le font respirer, aimer, exister.
C’est une histoire d’amour.
Mais voilà.
La réalité va le rattraper.
Samuel, malgré tous ses efforts, va rencontrer une femme, une vraie.
Le problème ? C’est que c’est elle. Sa Belle imaginaire.
Un sosie ? Non. Elle. Vraiment.
En chair et en os.
Echappée de ses rêves. Imprévisible, charnelle, violente. Humaine.
Les règles ne sont plus les mêmes.
L’histoire est à revoir…
DEBUT DU ROMAN
………………………………………………..Prologue
Mon histoire est une histoire d’amour
De quoi se foutre en l’air, rien que d’y penser
Tu y penses, tu te fous en l’air
N’essayez pas, ça marche, promis
J’ai 27 ans, je suis hypersomniaque idiomatique, je travaille à mi-temps, quand je peux. J’écris un journal de bord pour savoir où j’en suis. J’ai une petite vie, je vois petit, je mange petit, je sais où j’en suis.
Je suis amoureux
C’est une princesse
Elle est entrée dans ma vie, un soir de flotte
Je me souviens
J’ai sept ans, je veux virer ma sœur de ma chambre. Je promets d’abolir la peine de mort si notre lit superposé est démonté, gagne le procès après une grève de la faim de deux heures quatre, et voilà
C’est officiel, j’ai ma chambre à moi tout seul, je vais devenir un homme
Reste encore à brûler l’affiche de la Belle au bois dormant
Tous mes héros tatoués et guerriers vont te la remplacer en un clin d’oeil !
Mais la Belle résiste, colle au mur, s’émiette, ne se détache pas, me sourit
Je lui coupe la tête, à coups d’éponge, à coups de plaisir
Les bras, les jambes, le sexe
Tout y passe
C’est là que ma soeur entre dans la chambre
Elle assiste au carnage, me laisse finir mon assassinat
Et sans prévenir saute par la fenêtre
Le toit la retient quelques centimètres en dessous
Elle pleure
Ou bien il pleut
Dans les deux cas c’est mauvais signe
Ma sœur :
Elle s’est suicidée
La Belle au Bois Dormant
Tu le savais, toi
Qui peut croire qu’elle s’est piquée par accident
Vous nous prenez vraiment pour des connes
T’as pas le droit de la tuer une seconde fois
C’est l’aînée
Je n’ai pas encore assez de hauteur pour la rassurer
Pas de mot pour répliquer
Et pas compris grand chose de toute façon
Résultat
J’ai passé mon enfance avec une belle décapitée au-dessus de la tête
Condamné à dormir avec une princesse, je n’ai rien pu faire
Je suis tombé amoureux
C’est pas une chute, c’est un vrai coup de flingue
Depuis, ça résonne, ça obsède, ça rêve debout
Clap, je ferme les yeux, et elle est là
Fidèle au rendez-vous
À tous les coups
Et depuis vingt ans
Tiens, Charles Perrault m’attend
Tu veux quoi, toi ?
Je tire un coup de feu
Attention, on ne bouge plus
Je suis toujours armé quand je rêve
Clap, j’ouvre, elle me manque
Faut que j’y retourne
Je suis hypersomniaque idiomatique
De là démarre l’histoire
Une histoire d’amour
……………………………………………….. 1
Premier mensonge
Ma vraie maladie n’a pas de nom
Hypersomniaque idiomatique c’est dans le dictionnaire
Ca angoisse ou ça rassure, mais ça se classe
Moi, je suis amoureux de la Belle au bois Dormant
Vous appelez ça comment, vous ?
A sept ans je la rencontre, à sept ans et trois jours je lui brûle le corps au White Spirit, à sept ans et deux semaines j’abdique et décide de l’aimer.
Depuis ?
Depuis, je suis d’accord pour être un Prince
D’accord pour être charmant
D’accord pour être charmé
Rien à dire, je suis d’accord
J’aime le ciel. J’aime le soleil. Même quand il ne brille pas. Surtout quand il ne brille pas. Parce qu’il ne sert à rien. Il est là, il ne brille pas, il sert à rien, et je l’aime bien.
Vous voyez ?
Je suis un prince disponible.
Depuis, j’ai fait des choix, revu mes priorités, bouleversé son quotidien. Etre amoureux de la Belle au bois dormant, ça demande des sacrifices.
Depuis vingt ans, je m’interdis de mettre le réveil, de lutter contre le sommeil, d’éviter les siestes, d’avaler des vitamines, de boire du café ou encore de danser toute la nuit.
Depuis vingt ans, je respire en décalé. Je palpite à contre-temps.
Depuis vingt ans, je garde mon secret bien à l’abri : chaque nuit, dès que je m’endors, je suis plongé malgré moi dans un conte de fée, je deviens le prince de la Belle.
Quand je ne rêve pas, je suis célibataire, jeune, homme, maladroit, et travaille pour les chemins de fer. Ni voyez aucun signe, aucun jeu de mot.
Le jour, j’essaie d’être à l’heure et de marcher droit. Le jour, ma mère me serre dans ses bras, m’appelle mon fils, et je la déteste, car je sais que je suis battu d’avance, y’a pas d’armure contre une mère. Le jour, je garde les yeux ouverts pour prendre le soleil, mange des chocolats à la liqueur (ceux que tout le monde laisse dans la boîte) et j’attends que la nuit me rattrape.
Le soir, j’ouvre une bouteille, celle qui n’a pas d’étiquette et qui sent fort la poussière. Le soir, je verse un peu de vin et un peu d’eau dans un verre en cristal usé, celui que mon grand père m’a légué. Le soir, j’oublie d’avoir des amis - ou ce sont eux qui m’ont oublié - et j’attends que la nuit me rattrape.
Puis la nuit, enfin.
Clap. Elle apparaît.
L’histoire peut reprendre.
Voilà.
Vous connaissez mon secret, vous connaissez ma double vie. Nous sommes liés.
……………………………………………….. 2
Deuxième Mensonge
Le dernier, promis
Si j’écris ce journal, c’est qu’il y a une raison
Hier, tout a basculé
Hier, je l’ai rencontrée
La Belle
En personne
En chair et en os
J’ai toujours réussi à la garder bien au chaud dans ma tête. A la maintenir prisonnière de mes rêves. J’étais peinard, maître de mon petit monde, malade et asocial, solitaire intempestif.
Mais hier, la belle a eu une envie de réel, hier elle s’est échappée.
18h21
Je traverse le boulevard Pereire, mon bureau est dans une rue parallèle, je viens de récupérer quelques somnifères à la pharmacie, je me prépare à une nouvelle nuit, à de nouvelles aventures, et voilà que je la croise.
Elle, par hasard.
Elle, par inadvertance.
Je connais sou visage par cœur.
Je l’ai imaginée tant de fois.
C’est la Belle, aucun doute.
Celle de l’affiche. Celle de mes songes. Ma Belle.
Je vérifie que je ne dors pas, je laisse une voiture me rouler sur le pieds, j’hurle, la belle est toujours là, elle s’échappe à l’angle de la rue, d’accord, je ne dors pas.
La rétine tatouée, je n’ai plus qu’à la suivre.
Toute la ville ? on la traverse.
Elle se réfugie dans un immeuble sale à vomir, un immeuble qui transpire le provisoire.
Pas le temps de l’arrêter
Pas le courage.
Aucun nom sur les boîtes aux lettres.
Mais qui est-elle ?
Comment est-ce possible ?
Si j’écris ce journal c’est pour être sûr de ne pas devenir fou. Pour ne pas oublier. Pour ne pas confondre mes jours et mes nuits.
Je suis tombé amoureux de la Belle au Bois Dormant.
Jusque là, tout est simple.
Et voilà que la Belle au Bois Dormant décide d’exister.
Tout se complique.
Ce journal de bord sera le compte-rendu détaillé d’une vie, ma vie, et vous en serez les complices.