Instant de vie (2)

J'aurai aimé pouvoir faire de belles phrases, t'écrire une lettre avec une jolie calligraphie et voir les mots danser au rythme d'une musique choisie avec soin et qui représente tellement pour moi. Une musique qui, au préalable aurait fait l'objet d'une profonde analyse et que j'aurai écouté en boucle juste pour me demander si elle était assez parfaite pour toi. Une fois que ces tourments seraient enfin passés, j'aurai certainement cliqué sur "envoyer le lien" en me sentant libérée d'abord, et torturée ensuite d'avoir pris le risque de me dévoiler autant. 

Et pourtant, ce soir je me moquerai presque de mon écriture plus que maladroite et de ma syntaxe tout aussi bancale que mon esprit. Parce que j'ai compris que les musiques résonnaient dans le vide, tout autant que les mots qui t'étaient destinés. J'ai compris que ma peur la plus profonde s'était réalisée. Et je me suis rappelée de cette soirée où je t'avais écrit que je craignais que l'on grandisse trop vite, trop "mal" et surtout éloignés l'un de l'autre. Ca pouvait paraître niais dit comme ça, un peu comme des phrases que pourraient échanger des gamins lorsqu'ils prononcent leur premier "tu es mon ami pour la vie". Et pourtant, c'est exactement ce genre de phrase que j'aurai aimé entendre. Cela aurait pu insuffler un peu de douceur à ma vie. 

Au lieu de ça tu as simplement répondu qu'il fallait s'en remettre au destin et que lui seul choisirait "notre" avenir. D'ailleurs, je crois que tu n'as jamais su que cette réponse je l'avais reçu comme un coup de fouet, et à quel point elle m'avait blessé. Alors peut-être que c'était égoïste de ma part, et que c'était seulement une question d'égo mais pourtant j'avais trouvé ça terriblement lâche de ta part, et ô combien fataliste. 

Parce que moi, je me serai battue pour conserver un peu de nous, et ce, quoiqu'il arrive.

Avec le temps je me suis rendue à l'évidence, notre amitié avait tout simplement cessée d'exister pour toi, et à présent il ne restait que les échos lointains de ces fous rires que l'on avait eu la chance de partager. Le destin avait oeuvré, et avait séparé notre chemin par des sortes de murs infranchissables désormais. Mais ne crois pas que je n'ai pas lutté contre cela, au contraire. C'est comme si je t'avais hurlé mes sentiments mais que toi tu étais devenu sourd, inaccessible. 

Alors dis moi, penses tu seulement qu'un jour le destin saura nous réunir à nouveau ?