Intérieur, femme en bleu fouillant dans une armoire.
sesshu
De la douceur et du bleu. Un matin froid de février ère à l’intérieur de notre appartement. Elle se lève tendrement et calmement encore vêtue de rêves, me sourit sans dire un mot. Elle est pensive, se repose de sa nuit et se pose vers une fenêtre. Il fait gris ce matin. Dehors une fine bruine mouille la rue, annonçant les possibles neiges futures. Elle ne regarde rien. Peut être sa vie, peut être sa nuit. Son regard s’évade vers un horizon sans horizon, un peu comme un nuage inondant la rue à la recherche d’un ciel. Elle reste là quelques minutes, croisant ses bras comme pour se réchauffer, toujours dans ce calme matinal ou le souffle n’est que brise. Elle baisse alors la tête pour abandonner cette évasion méditative et s’envoler vers, il me semble, la cuisine. Le bruit de ses calmes pas sur le parquet m’indique sa présence. Sa venue est donc vraie. Du salon j’entend le bruit froid d’une cuillère tombant dans une tasse et le son chaud de l’eau qui boue. Elle se prépare un thé. Il est remarquable que l’extérieur semble comme aspirer l’intérieur ce matin et qu’un thé chaud ne pourrait que rééquilibrer les timbres de l’espace. Attendant qu’infuse le thé, elle revient dans le séjour et se dirige vers une armoire d’un pas plus prononcé. De ce bleu gris cassé qui pense au ciel, l’armoire s’ouvre grâce à ses doigts doux, elle ne grince pas. Elle y trouve quelques livres, ainsi que des toiles et pinceaux vierges m’appartenant. C’est alors que doucement elle penche légèrement sa tête sur la droite comme pour comprendre une chose sans expliquer sa pensée. Elle se pose et se fond dans le ton ocre et blanc des toiles, fouille comme pour y trouver le jour. Toujours avec cette discrétion si belle et féminine. Que cherche t elle précisément dans l’odeur morte de la poussière ? Peut être désire t elle peindre ? Peindre l’atmosphère simple et étrange du matin, peindre les couleurs de la contemplation intérieure et du quotidien. Si c’est cela, tu vois, je viens de le faire, même si il me semble qu’une toile vierge aurait aisément suffit à exprimer le bleu de ce matin de satin et de soie. C’est aussi pourquoi je t’aime.
Le thé a terminé d’infuser.