Inversement de sentiment.

nininem

Six ans…

…Retour en arrière.

Quelques mois avant nous.

Je te connais depuis pas mal de temps, étant le meilleur ami de mon frère. Tu as un œil pas tout à fait droit. Tu es le rigolo de la bande, qui fait le con pour être apprécié et tu l’as toujours été, contrairement à moi, même en te cachant derrière ce personnage que tu joues. Ta première phrase pour me séduire était «  ça te dirait pas de devenir actrice porno ? ». Tu étais le seul à prêter attention à cette fille mal dans sa peau assise sur le bord de la route pendant que les amis de mes frères et les tiens faisait du skateboard. Je ne te trouvais pas beau, tu étais si étrange et la question que tu venais de me poser encore plus. A l’époque, aucun indice ne me laissait apercevoir cette maladresse qui t’a poussé à me demander un truc aussi énorme.

Novembre était arrivé, et tes taquineries permanentes avaient commencé à me toucher. Tu me disais que j’étais belle, mais tu ne m’intéressais toujours pas. Par échange de téléphone, un soir, tu me demandas si je voulais sortir avec toi. Je ne pensais pas qu’un jour je trouverais cela mignon. Je ne me voyais vraiment pas sortir avec toi. Un gros lourd avec un strabisme très prononcé. Mais t’appréciant et te manipulant comme je voulais, je te laissais entrevoir une possibilité tout en te repoussant. Après tout, ta timidité me touchait, et ta lourdeur me faisait rire.

Poisson d’avril ! Nous étions à l’anniversaire d’un ami. J’ai fait semblant d’avoir trop bu pour que tu me suives près des buissons. Premier bon point pour toi, tu l’as fait. Nous avons parlé 5 minutes puis tu m’as demandé si tu pouvais m’embrasser. Ma réponse fut non, mais avec ce léger sourire en coin. Pourtant cela ne t’a pas empêché de t’exécuter. Deuxième bon point. Tu avais beau être lourd et pas très attirant, tu me faisais rire, tu étais le seul à être gentil avec moi.

Première année : D’Avril à Juin nous cachions notre relation. Je sortais déjà avec quelqu’un d’autre (même si  je ne le voyais qu’une fois tous les quatre ans.) et j’avais un peu honte. Je ne voulais pas non plus briser l’amitié qu’il y avait entre toi et mon frère.  Ce qui est fait aujourd’hui, malgré moi. Et ça me mine.  Il y avait aussi cette excitation de vivre caché.

Ensuite il y eu mes larmes qui entrainaient les tiennes. Que tu étais beau. Dans ce paysage ou le soleil partait ce cacher derrière le près des chevaux. Je crois que c’est à ce moment-là que je suis tombé amoureuse de toi.

Premier mai : Quatre heures du matin, nous avons fait l’amour pour la première fois, sur notre musique « Nothing else Matters » de Metallica qui passait à la radio. Nous étions vierge, mais toi tu ne le savais pas, je ne voulais surtout pas que l’on sache que j’étais vierge a 15ans ! Je ne te l’ai avoué que deux ans plus tard. Par la suite, nous nous sautions dessus dès que l’occasion se présentait.

Au mois de juin nous l’avons révélé à tout le monde. Ce fut une surprise pas si surprenante. Mes « footings » nocturnes étant tout à fait étranges pour une fille détestant la course. Et la voiture de Nelson passant à toute vitesse au bout de la rue comme si on ne voulait pas que l’on puisse la reconnaitre.  

Au mois de Juillet, tu me brise le cœur à partir au Portugal pour le mariage de ta tante. Deux semaines…que j’ai passée à pleurer.  Et toi, a tenter de me tromper.

J’étais folle, et pourtant tu réalisais le moindre de mes désirs. Je voulais que tu dormes avec moi ? Tu grimpais le mur et me rejoignait dans ma chambre.

Finalement, j’ai décidé de ne pas faire toutes les années passées ensemble. Je me contenterais de l’essentiel.

Je commençai a te découvrir, et je découvrais des choses que je n’aimais pas du tout. J’étais folle au point de t’hurler dessus en pleine rue. Je te frappais devant tes copains. Puisque tu n’avais pas l’apparence physique facile, tu devais au moins être parfait mentalement.

Je dirais que ce sont les années trois et quatre qui furent les pires. On a bien pensé que c’était l’heure de la séparation a plusieurs reprises. Mais après la dispute, sachant, très profondément, que la faute était partagée bien que je ne voulais me l’avouer, je revenais te supplier de ne pas partir, en te disant que tant qu’on s’aime, on peut y arriver. Il fallut longtemps avant que l’on y arrive. Tout simplement en essayant chacun de notre côté, de faire des efforts. Je dirai que cela remonte a maximum deux ans que notre couple s’est enfin stabilisé.

Quoique… Nous habitons désormais ensemble. Cela a failli ne jamais se produire suite a une violente dispute juste avant d’emménager. Ou j’avais pris son « Si t’a pas vraiment envie d’habiter ici, j’y vivrais tout seul » pour une insulte personnelle. Je l’avais donc testé. Comme autrefois. Mais cela n’avait pas marché avant alors pourquoi cela aurait marché aujourd’hui ? Je suis simplement partie prendre le train pour rentrer chez moi. Première erreur, il n’aurait jamais dû me laisser partir. Et si je l’aurai envoyé balader, il aurait fallu qu’il me rattrape dans la rue. Deuxième erreur, j’ai eu le temps de rentrer chez moi, pleurer dans les bras de ma mère qu’il ne m’avait toujours ni envoyé de message, ni appelé. Faible comme je l’ai toujours été, ce fut moi qui le rappelai.

Pour moi, ça veut dire qu’il ne tient pas à moi, même si je sais bien que c’est faux. Mais pour moi c’est ce que cela veut dire. Ou alors qu’il sait très bien que je finirais par revenir, comme à chaque fois.  La prochaine, je balance mon téléphone, la tentation de se soumettre une fois de plus sera encore trop grande. Je l’aime, je ne veux surtout pas le perdre. Mais je veux qu’il comprenne qu’à chaque fois qu’il me laisse partir, il me déçoit un peu plus. Mon amour pour lui et mon amour propre en prend un sale coup. A chaque fois qu’il me laisse partir, il me perd un peu plus.

Heureusement qu’on ne se dispute plus beaucoup…

Aujourd’hui, c’est ce pourquoi j’ai craqué pour lui qui m’énerve le plus. Non pas la timidité, ça il l'a perdu avec sa virginité. Non c’est la lourdeur de ses blagues.

A l’époque je le trouvais si repoussant, pourtant aujourd’hui je ne l’ai jamais vu aussi beau que quand il m’a demandé si  je voulais ne pas devenir actrice porno avec son petit sourire en coin.

Il n’a pas changé, mais es devenu si beau. Et encore plus dans mes souvenirs.

En faite, je suis tombé amoureuse de ce qui autrefois me repoussait, et je deteste aujourd'hui ce qui me faisait craquer pour lui avant. C'est un iversement de sentiment.

Je l’aimais, je l’aime et je l’aimerais toujours.

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