It's only a nightmare

Vivre ailleurs, entourée. J'ai envie de prendre mon téléphone et de l'appeler. Mais qu'en aurait-il à faire ? D'autres choses, des choses plus graves. Et moi périssant, pourrissant. M'écrasant, brisée. Je n'ai plus rien à faire, plus rien à dire. La vie perd de son sens et aujourd'hui ressemble tant à demain. Rien de beau à l'horizon. Rien de propre. Plus de goût, plus de désirs. Creuse, je vogue de place en place. Marchant, n'entendant plus que le bruit de mes talons sur le bitume gelé qui se répète en boucle,

En boucle, en boucle, en boucle.

Et ça tourne, tourne. Et le gens s'amusent, rient. Aiment. Et moi, je suis seule. Le monde s'écroule une fois de plus, au grès de mes humeurs. Au grès de mes phases.

Le froid bouffe le bout de mes doigts. Mes yeux survolent toute cette vie, pleins de rêves. Et ils voient les mêmes choses qui recommencent,

En boucle, en boucle, en boucle.

Les gens passent, repartent. Ils dansent, tombent, et s'envolent. Et moi je marche, n'écoutant que le bruit de ma pensée, 

En boucle, en boucle, en boucle.

Une bulle autour de moi ; indestructible. Un voile flou. Comme une protection. Les paroles qui s'en vont, qui hurlent à mes côtés. Et pourtant rien ne va mieux. Seule, seule, seule. Témoin de ma propre disparition. Observatrice de mon propre plongeon. Comme hors de mon corps, murmurant des phrases sans aucun sens aux oreilles de ceux qui le veulent. Incapable de faire cesser ce bruit qui tourne,

En boucle, en boucle, en boucle.