J’ai balancé mes clés

Etienne Bou

C'est à force divaguer entre terre et mer que j'ai ressenti ce besoin de prendre l'air. Il n'est âme qui vive sans besoin de se libérer. D'une part de notre enveloppe corporelle pour ne plus subir les affres des douleurs physiques et internes, d'autre part de notre esprit pour ne plus sentir la pression du monde comprimer nos neurones.

N'avez-vous pas ce sentiment permanent qu'une autre vie se profile sans vous ? Parfois je me sens absent, je suis là, entouré de ce brouhaha, las d'écouter tous ces parias, et je m'évade, l'espace de quelque seconde, dans une vie trépidante, romanesque, gargantuesque.. Le monde est en flottement et j'ai plongé dans ces abîmes. Je me vois grimpant la dernière roche du mont Fuji, m'aventurant dans les marécages d'une jungle foisonnante, gambadant de planète en satellite, chevauchant une autruche dans une course haletante.. Toute situation pouvant me faire fuir l'instant présent. Et puis l'ancre s'amarre et le choc est brutal, je reprends mon souffle en me projetant contre la réalité. Mes dents se brisant sur le macadam de cette incontestable vérité.

Bonjour, au revoir, merci, avec plaisir.

Banalité pseudo-respectueuse et hypocrite d'une inatteignable utopie de société philanthropique. Ca m'fout la gerbe ces sermons et ces amendes honorables. Le faire-semblant est une lame à double tranchant, première passe pour l'égo, seconde pour l'altruisme, et pour quelle finalité ? Un charnier de chaire éparpillée au gré des besoins de l'humanité.

Alors non, je ne cautionne plus, je ne validerai plus, je ne subirai plus. Je m'en vais remplir d'urine les urnes, saboter les idéaux et cracher ma courtoisie sur les sabots de la mère patrie.

 Ce soir, j'ai balancé mes clés et je m'en vais vivre ma réalité.

 Vous me suivez ?

  • Et vous avez bien fait ! Bien sûr que ça m'arrive de vouloir m'évader de tout ce brouhaha, de tout ! De toutes ces conventions, ces hypocrisies mais j'y arrive parfois en me cachant derrière des sourires, en pensant ce que j'ai envie de penser...en osant le dire parfois ...
    Et comme chante Florent Pagny "Vous ne m'empêcherez pas de penser !"

    · Il y a environ 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Ne jamais, ô grand jamais s'empecher de penser, d'avoir la libre pensée !

      · Il y a environ 8 ans ·
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      Etienne Bou

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