J'ai dit ça, je regrette

bartleby

Pour être exacte, j'ai dit: "Mais oui, c'est ça espèce de sale type !". C'était dimanche, non, pas le dernier, l'autre avant. Tu te souviens, nous étions sur portable. Moi qui t'aime tant et tant, à m'en taillader les veines.  J'ai dit "sale type !", mots que tu n'as pas pu entendre, je l'ai dit si doucement... J'ai laissé tomber le téléphone avec dédain sur mon lit. Ce n'était pas de la colère, en fait c'était bien pire. J'aurais préféré me fâcher. Au moins, chez moi, ça ne dure jamais. Alors j'ai fait la gueule pendant une bonne semaine. Je suis revenue vers toi, sur la pointe des pieds, parce que je regrette profondément mes paroles et ce sentiment si abject, qui ne ressemble à rien de l'amour que j'ai pour toi.

"Sale type !". Ça résonne, alors que je sais que tout ce qui arrive n'est absolument pas de ta faute, que tu ignores où est le problème qui ronge ta carne jour et nuit.

Moi, je le sais. Moi, je suis obligée de me taire. Je n'en ai jamais pleuré, ou bien je ne pleure plus depuis longtemps. Je me contente d'être là, essayant de te comprendre, de t'aiguiller à demi mot. Tu as sorti la petite phrase qu'il ne fallait pas. "Sale type !" j'ai répondu, c'est tout. C'est trop, je n'avais pas à réagir de la sorte. Tu ne mérites pas un mot pareil. Pardonne-moi cette pensée. Elle est moche. Parfois, souvent je le deviens, malgré le temps que tu passes à me prouver l'inverse. Je t'en ai voulu comme jamais, mais à quoi cela sert-il ? À rien. Rien.

Ce qu'il faut c'est te soutenir, te chérir et te protéger. À chaque instant, quoi qu'il advienne. Maintenant, je dois tout recommencer. Ne plus penser à ces mots, tu ne les méritais pas.

"Sale type !". Et si toi tu avais dit: "Tu es petite, méprisable, tu ne comprendras jamais rien, alors va te faire foutre !". L'as-tu dit ? Ce doute aujourd'hui me punit. Mais c'est plus fort que moi, je persiste à croire que tout cela me regarde et un truc en moi fait que je ne veux rien lâcher. Quelque chose m'assure que j'ai raison sur toute la ligne et que je me dois de faire tout ce que je crois possible pour te décharger de tes fardeaux.

Il y a deux semaines, j'étais électrisée, dans la gigantesque attente d'une issue qui me semblait proche. Et toi, toi... tu m'as torpillée. Je te pensais, quelque part dans les limbes de ta conscience, de connivence avec moi. Prêt à en sortir. Enfin.

Déni total. Qui m'oblige, de nouveau, à tout remettre en question. Suis-je en train de me paumer seule à force de m'acharner ou bien est-ce encore un obstacle de plus pour me perdre ?

Alors je regrette mes mots, de cela au moins je suis convaincue. Bien sûr, parce que je t'aime, je reviendrai encore vers toi. Quelle que soit la vérité ou bien le mensonge, ou bien encore toutes les incertitudes qui nous rongent. Toi comme Moi.

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