J’ai mon disque dur qui sature

faustine

Mon cher et tendre s'est mis à l'informatique sur le tard... et comme en toutes choses, il s'y est mis passionnément et m'en rabâchait les oreilles à longueur de temps... ça a donné ce texte.

Y'a pas si longtemps encore, Pierre et Marie Curie s'mélangaient les atomes. Aujourd'hui, on s'envoie en l'air au milieu des pixels. Tu as un « duo-core », la belle affaire ! C'est ton cœur ET ton corps que j'espère… Viens te coucher… mais viens te coucher enfin ! On a regardé « Mars et Vénus » sur stellarium.com, mais j'ai plus besoin d'un câlin d'mon homme.

J'ai mon disque dur qui sature. Ça fait des mois que ça dure et plus personne qui assure… T'es tout le temps collé à ton écran, t'en oublies que t'as plus vingt ans et le floppy qui s'ramollit à la chaleur de tes U.V. Faudrait peut-être songer à mettre toutes tes cartes sur ton tableur. De mon côté, y a si longtemps que je me suis loguée que j'ai oublié mon adresse I.P. J'ai ouvert trois paquets Debian pour voir ce qu'il y avait dedans. J'ai bien retrouvé quelques noyaux, mais je suis restée hors connexion, y avait trop de spams sur ma licence gnu. Paraît que les services majeurs sont à l'index, mais qu'on va créer un cd-rom pour les utilisateurs. Je vais l'installer par défaut, faire une sauvegarde réseau, ça sera mon kit de survie puisque j'ai plus mon couteau suisse !

L'autre jour, en ville, je suis passée devant une librairie. Je cherchais des sources à compiler. Ils les avaient en live, je suis entrée. J'ai dit que j'étais exécutable, mais ils ont voulu que j'ouvre mon portable. J'ai fait un copié-collé de mon routeur (que j'avais appelé HAL), mais quand ils ont vu ce que j'avais vraiment sur la racine de mon système, ils ont dit : « Pas étonnant qu'elle sature, elle manque d'applications ; elle est bourrée de bugs malgré une certaine aptitude à l'intégration des données. On va lui installer une surcouche synchro par défaut, elle n'aura plus qu'à double-cliquer sur son hom(m)e pour retrouver son nesting ». Bref, y m'ont fait tout le rentre-dedans entre deux téléchargements. À la fin, j'avais plus un pixel de sec, y en avait même deux ou trois qui étaient carrément morts. « Pas grave, qu'y m'ont dit, on va les ressusciter, il suffit de frotter comme il faut avec un bout de linge en coton. » Toute ma liquette y a passé, mais on est restés déconnectés.

Après ça ils m'ont presque fait du mobbing avec leur hacking et leur printing. Honnêtement, quand on est au mois de décembre, je préfère de loin le cocooning. Pour finir, mon écran était nase. Y z'ont voulu le réparer en trois clics de souris, mais rien à faire, il a replanté. J'avais même plus mon fond d'écran. C'est là, je crois bien, que je l'ai définitivement touché (le fond). J'ai mis un blanc pour préparer le diaporama, mais il fallait une surcapacité de disque d'au moins six gigas de RAM. Au secours ! Moi qui oublie déjà ce que j'ai fait la veille ; Aloïs Alzheimer va en avoir de l'urticaire !

« T'inquiète, m'a dit le spécialiste en se rhabillant, tu vas redevenir mon icône. Je vais te télécharger une toute nouvelle distribution sur ton répertoire. Il y aura du hardware et du software avec toutes les alternatives compatibles. » Vous pensez si j'étais contente, j'allais enfin avoir mon site à moi avec tout plein de petits liens. Et là, t'es arrivé avec tes schroots. Juste quand j'étais « go ». Je t'ai dit : « En avant toutes ! » Il faut bien que jeunesse se booste. On a enclenché la webcam et tu m'as fait un cinoche d'enfer sur l'écran blanc de nos nuits noires. Tu m'as tout appris de la vie logicielle et depuis… on se la fait belle ! On s'est partagé tous nos dossiers entre deux pots de gnutella ; on a grimpé sur le firewall pour récupérer nos synoptiques et là, béate d'admiration j'étais, quand tu m'as montré ton gestionnaire de paquets. Tu parles d'un réseau ! Trente-trois gigabits ! Est-ce bien raisonnable ?

Finalement, j'ai fait une arborescence avec mes applications préférées, c'était moins volatile qu'un release sans index. J'ai sécurisé la traduction principale sans le clavier, mais avec tous les boutons. Il n'y a pas eu une seule bulle. Par contre mon économiseur d'écran a refusé de se dézipper. Tant pis, j'irai demander comment faire au petit pingouin dès que j'aurai défragmenté mon disque dur… qui sature !

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