J'ai rencontré Catherine Deneuve hier

Sève Maël

J'ai rencontré Catherine Deneuve hier. Je ne savais pas qu'un visage aussi beau pouvait refléter tant de réserve, comme si le monde alentour lui faisait peur, comme si elle n'appartenait pas à cette réalité-là.

      J'ai rencontré Catherine Deneuve hier et je me demande encore si c'est un rêve que j'ai formé ou un moment que j'ai rêvé... Etait-ce elle, devant moi, l'idole de mon enfance, cette femme qui incarne la France et ses Français à elle seule? Je me rappelle sa fragilité dans Indochine, sa fougue dans Le sauvage, sa perdition dans Huit femmes, sa sensualité dans Belle de jour et puis son rire, sa folie, sa grâce, sa dignité dans chacun de ses films. Je les ai cherchés hier dans ce visage que je contemplais mais je ne les ai pas trouvés. Sa pudeur se voilerait-elle d'indifférence quand ce n'est pas pour sublimer sur un grand écran? Elle souriait, certes, elle était belle et mon ceur battait de la voir si proche, de sentir son parfum inonder mes sens et de contempler cette aura envoûtante qui lui est propre et dont elle semble  la seule à détenir  le secret. Pourtant, elle n'était pas là. Elle n'était pas avec nous, elle n'était pas avec moi.

      J'ai rencontré Catherine Deneuve hier et je me demande encore si c'est la femme ou l'actrice que j'ai vue. D'ailleurs, laquelle voulais-je voir? Les deux vraisemblablement, la femme qui a su affronter la vie avec autant de magnificence et l'actrice qui a fait de ses films des chefs d'oeuvres éternels.

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