J'ai vu mourir ma liberté

versenlaine

Ce monde que j'aime, ces êtres fascinants,

En un siècle sont haines et cadavres lancinants.


Où sont les berceaux arc-en-ciel aux lèvres infantiles,

Ces croissants de rêves, d'innocences, de passions futiles ?

Faut-il que ces chétives ardoises, vierges aux craies du savoir,

Soient si tôt rayées d'ambroisie, de vices et d'ivoire ?


Misérables bambins, aux richesses inutiles,

On a jeté vos songes en un charnier fertile

Où fleurissent en bouquet d'illusoires immortelles

Trop vite précipitées dans cette fosse de réel.


Jeunesse suicidée aux esprits entaillés

Desquels s'écoule une enfance écaillée,

Chassé d'un surplus de mots gangrénés

D'adultes dictateurs aux libres nouveau-nés.


Ma liberté s'éteint et vacille, flamme captive,

Au fond de leurs yeux qui ne brillent plus.

Ma liberté s'arrête et convulse, bien naïve,

Au fond de leurs cœurs qui ne s'émerveillent plus.


Leurs esprits se sont tus, on leur parle de malheur,

Et j'ai vu mourir ma liberté sur l'autel de la peur.

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